Parce qu’il a été acquis le jour où le Canadien secouait le Centre Bell en préférant Juraj Slafkovsky à Shane Wright, l’arrivée de Kirby Dach à Montréal n’a pas eu toute la résonance voulue.

On en a parlé, certes, mais en temps normal, l’arrivée d’un centre droitier de 6 pieds 4 pouces de 21 ans choisi au troisième rang total deux ans plus tôt contre un défenseur de 22 ans déjà parmi les plus populaires auprès des partisans aurait eu un impact plus important.

Depuis le début du camp d’entraînement, Dach joue même dans l’ombre des Caufield, Guhle, Slafkovsky et même du nouveau préféré des fans, Owen Beck.

Dach était l’incontestable leader de l’équipe junior canadienne, en 2021, et son capitaine, au sein d’un club constitué de Dylan Cozens, Peyton Krebs, Alex Newhook, Cole Perfetti, Bowen Byram, Justin Barron et Guhle, entre autres.

Son départ de Chicago a soulevé l’ire du capitaine des Blackhawks, Jonathan Toews, qui déclarait récemment avoir été surpris et frustré d’apprendre cet échange.

Dach a disputé un fort match lundi soir, à sa première expérience dans un uniforme du Canadien. Il a sans doute été le meilleur de l’équipe parmi les joueurs plus expérimentés, avec le défenseur Mike Matheson. Et pourtant, personne ne parle de lui depuis la sirène finale lundi soir.

Le jeune homme a offert un soutien exceptionnel à ses défenseurs. Il a récupéré un nombre incalculable de rondelles dans son territoire. Sa très grande portée lui a permis de casser plusieurs jeux. Il a effectué de nombreuses entrées de zone en possession du disque et impressionné par sa protection de rondelle le long des bandes.

Dans les deux dernières minutes de la rencontre, avec un déficit d’un seul but, trois de ses passes ont mené à des possibilités de chances de marquer : Rem Pitlick a raté sa réception de passe, Slafkovsky a vu son tir bloqué, tout comme Filip Mesar, après que Dach eut réussi à maintenir la rondelle en zone adverse à la ligne bleue.

Dach a aussi appliqué les deux meilleures mises en échec de la soirée. Il a été l’attaquant le plus utilisé (18 : 42) après Pitlick. On peut aisément imaginer Dach en séries éliminatoires dans quelques années, dans un rôle de deuxième centre opposé aux meilleurs trios adverses. Voilà un joueur taillé sur mesure pour les séries.

Parce qu’il est dans la LNH depuis déjà trois ans, on en oublie que Dach a seulement 21 ans. Qu’il est plus jeune que Cole Caufield (de quelques semaines, mais plus jeune), Jesse Ylonen, Rafaël Harvey-Pinard, Mattias Norlinder, Jordan Harris et Gianni Fairbrother. On l’évalue pourtant comme un vétéran.

Dach n’est pas parfait, évidemment, sans quoi les Hawks ne l’auraient pas échangé (contre un choix de premier tour, 13e au total). Dach a encore tendance à jouer en périphérie et l’option de tirer est presque inexistante dans son jeu. Même s’il a bien servi ses ailiers Pitlick et Slafkovsky (correct contre les Devils, sans plus) en passes, il n’a obtenu aucun tir lundi. Dach ne deviendra sans doute jamais un grand producteur de points, encore moins un marqueur, mais s’il peut en obtenir une cinquantaine, derrière Suzuki, tout en conservant son excellence en défensive, il constituera un atout précieux. D’autant plus qu’il a été obtenu en retour d’un défenseur, Alexander Romanov, fougueux, certes, mais limité offensivement.

On a souvent le réflexe d’être plus sévères avec les jeunes vétérans et tout pardonner aux nouveaux. Et c’est normal. Prenons Owen Beck. À 18 ans, il a impressionné lundi au centre de Cole Caufield et Mike Hoffman. C’est un joueur très intelligent, responsable, discipliné, et doté d’un certain instinct offensif. Beck a aussi remporté 59 % de ses mises en jeu. Ce choix de début de deuxième tour en 2022 a reçu les éloges de Martin St-Louis après la rencontre.

Malgré un match fort honorable, sa perte de rondelle à la ligne bleue a quand même mené au but gagnant des Devils. Le vétéran Andreas Johnsson a effectué un beau jeu pour lui soutirer la rondelle, mais Beck ne s’est pas méfié de lui.

Beck rentrera dans les rangs juniors éventuellement en ayant laissé une très belle impression. Il semble destiné à une belle carrière. Mais avant d’en faire le prochain Ryan O’Reilly, notez que Nick Suzuki a obtenu 96 points, dont 45 buts, en 65 matchs à son année d’admissibilité au repêchage. Beck en a obtenu 51, dont 21 buts, en 68 rencontres. Et il a eu 18 ans en février, contrairement à Suzuki, qui avait fêté sa majorité en août seulement.

Surveillons le ballottage pour du renfort en défense

Le distingué Darren Dreger, de TSN, affirme que de gros noms pourraient être disponibles au ballottage. Kent Hughes gardera sans doute un œil bien attentif sur la situation pour obtenir du renfort en défense. Le Canadien détiendra le premier droit de regard jusqu’au 1er novembre en raison de sa position au classement l’an dernier.

Pendant ce temps, la véritable lutte commençait pour les jeunes lundi soir. Excellent depuis le début du tournoi des recrues, Jordan Harris a bien paru avec la rondelle contre les Devils, mais a eu tendance à sous-estimer la vitesse de l’échec-avant adversaire. Il s’est retrouvé en difficulté en fond de territoire à quelques occasions en raison de cette lecture déficiente. C’est l’aspect du jeu qu’il devait améliorer en fin de saison dernière.

Justin Barron a lui aussi montré des flashs offensifs intéressants, mais sa prise de décision avec la rondelle et son jeu défensif ont besoin de travail et d’expérience. Le plus jeune du trio, Kaiden Guhle, semble le plus proche de la LNH. Il faudra voir Arber Xhekaj maintenant. Il était au repos lundi.

Il s’agit d’un seul match, évidemment, et comme l’a mentionné Martin St-Louis avec justesse après la rencontre, l’évaluation se poursuivra ces prochaines semaines. Harris et Barron auront le loisir de se racheter, mais le calibre augmentera au fil des matchs cependant. Attendons-nous néanmoins à du renfort en défense éventuellement de façon à ne pas jeter ces jeunes dans la gueule du loup.

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