Il y a quelques années à peine, la cuvée 2017 du repêchage par le Canadien annonçait de grandes promesses.

Le choix de fin de première ronde, le centre Ryan Poehling, venait d’être nommé le joueur par excellence du Championnat mondial junior.

Repêché en deuxième ronde, le défenseur droitier Josh Brook représentait le Canada à ce même tournoi. Il avait amassé 29 points en 21 matchs à Moose Jaw dans la Ligue junior de l’Ouest.

Un autre défenseur droitier, Cale Fleury, avait accédé à la Ligue américaine chez le Rocket de Laval à l’aube de ses 20 ans et se tirait déjà bien d’affaire chez les pros. Avec Noah Juulsen déjà dans la LNH à 21 ans, la relève de Shea Weber semblait bien assurée.

Enfin, on y retrouvait aussi le gardien Cayden Primeau, choisi en septième ronde, fumant à Northeastern, dans la NCAA, et titulaire avec l’équipe américaine, finaliste au Championnat mondial junior.

Cinq ans plus tard, seul Primeau est encore dans l’organisation. À 23 ans, il vient de relancer sa carrière avec de grandes séries éliminatoires et il est encore dans la course à la succession de Carey Price.

Avons-nous pêché par excès d’enthousiasme à l’époque ? Oui, un peu. À compter du moment où ils sont repêchés, ces jeunes joueurs entrent dans un immense entonnoir. Tous les espoirs sont encore permis à l’orée de cet entonnoir. Mais plus on avance, plus l’espérance diminue. Les blessures, le découragement, le manque de talent, des joueurs supérieurs sont autant de facteurs pour expliquer qu’on n’atteint jamais le goulot.

Après chaque repêchage, on espère toujours voir émerger cinq ou six espoirs à Montréal. Or, un ou deux s’extirperont de l’entonnoir dans une cuvée normale, trois ou quatre dans une année exceptionnelle.

On s’attache aux jeunes joueurs après un camp d’entraînement. Mais combien verrons-nous faire carrière de façon durable à Montréal ?

Une équipe compte quatre centres, quatre paires d’ailiers, six défenseurs, un gardien, en plus des réservistes.

Nick Suzuki, 23 ans, devrait en principe être au centre du premier trio pour la prochaine décennie, si tout va bien. On fonde de grands espoirs sur l’une des plus récentes acquisition du club, Kirby Dach, 21 ans. Il reste encore trois années de contrat à Christian Dvorak, s’il n’est pas échangé avant, et à Jake Evans.

Il n’y a pas quatre places pour Owen Beck, Filip Mesar, Riley Kidney, Jan Mysak, Oliver Kapanen, Vincent Rohrer, Cam Hillis, Brett Stapley. Peut-être une.

C’est sans compter les prochains repêchages. Montréal bénéficiera-t-il d’un autre choix dans le top trois pour mettre la main sur un Connor Bedard ou un Adam Fantilli ? Et l’année suivante ?

Déjà, Mysak, 20 ans, repêché en deuxième ronde en 2020, voit l’entonnoir se rétrécir. Il a pourtant bonne réputation. Il a joué 22 matchs avec le Rocket de Laval à seulement 18 ans pendant la pandémie. A brillé au Championnat mondial junior avec la Tchéquie, dont il était le capitaine.

Arrive le tournoi des recrues cette année et il est relégué au troisième trio, derrière Owen Beck et Filip Mesar, fraîchement repêchés. Il a été plutôt discret d’ailleurs. Pas facile de percer.

Acquis dans l’échange de Tyler Toffoli, Emil Heineman a attiré les regards au tournoi des recrues. Le Suédois doit être retenu à Montréal sans quoi le Canadien devra le céder à Leksands pour l’hiver. Il y a déjà un surplus d’attaquants à Montréal.

À long terme, Juraj Slafkovsky et Cole Caufield boucheront deux postes aux ailes de trios offensifs pour les prochaines années. Josh Anderson, 28 ans, constitue un appât intéressant, mais il est utile aussi à Montréal si on le garde et sous contrat pour encore cinq ans. Brendan Gallagher sera impossible à transiger en raison de son contrat trop lourd. On dit beaucoup de bien de Sean Farrell, 20 ans, déjà membre de l’équipe nationale américaine pour les compétitions internationales.

Filip Mesar, s’il est déplacé à l’aile, Rafaël Harvey-Pinard, Jesse Ylonen, à ne pas oublier, Joshua Roy, Xavier Simoneau, Luke Tuch, Joël Teasdale, Lucas Condotta, Ty Smilanic, Cédrick Guindon, Rhett Pitlick se battront avec Rem Pitlick et Michael Pezzetta pour les derniers postes disponibles à l’attaque… sans compter évidemment les joueurs des prochaines cuvées, des joueurs autonomes ou des attaquants acquis dans des échanges.

Même histoire en défense. Six postes disponibles. À long terme, Kaiden Guhle, Jordan Harris et Justin Barron figurent avantageusement dans les plans. Sans oublier le colosse Arber Xhekaj, un défenseur qui apporte un élément différent avec ses 238 livres de hargne et de rudesse. Comptez au moins trois vétérans dans la formation au cours des prochaines saisons. Mattias Norlinder, Logan Mailloux, Lane Hutson, William Trudeau, Gianni Fairbrother, Jayden Struble, Dmitri Kostenko, Miguël Tourigny et Adam Engström devront détrôner un de ceux-là et se battre éventuellement avec les défenseurs des prochaines cuvées.

Il faut respecter tous ceux qui ont atteint la LNH, qu’on aime leur style de jeu ou pas. Il y a beaucoup d’appelés, très peu d’élus.

Une retraite bien méritée !

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

P. K. Subban

Dès ses premiers coups de patin à Montréal, en 2010, à 20 ans seulement, son talent et sa confiance sautaient aux yeux. Dans ces séries éliminatoires, le fameux printemps Halak, cette recrue allait terminer au premier rang des compteurs chez les défenseurs du CH avec huit points en seulement quatorze matchs. Sa mobilité, son flair offensif, son style spectaculaire, sa hargne, rappelaient Chris Chelios.

Dans la grande histoire du Canadien, seulement huit défenseurs, Larry Robinson, Guy Lapointe, Chris Chelios, Sheldon Souray, Andrei Markov, Jean-Claude Tremblay Mark Streit et lui ont connu des saisons de 60 points ou plus.

Il est l’un des trois avec Chelios et Robinson à avoir remporté le trophée Norris remis au défenseur par excellence dans la LNH lors des 60 dernières années.

Subban a constitué un ambassadeur hors pair à Montréal : très impliqué dans les causes caritatives, il a aussi inspiré une nouvelle génération de jeunes hockeyeurs afrodescendants, mais aussi des autres minorités visibles du Québec, qui croyaient désormais qu’il était possible de percer dans le hockey sans être de race blanche.

Il se retire après treize saisons, 467 points en 834 matchs, 62 points en seulement 96 matchs de séries éliminatoires, une finale avec les Predators de Nashville, deux carrés d’as à Montréal, deux Championnats mondiaux juniors et une participation aux Jeux olympiques, à Sotchi en 2014. Bonne retraite Pernell Karl Subban, et merci.

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