Il est rare de voir un entraîneur de hockey tomber dans les grandes démonstrations d’allégresse.

Et puis, il y a Bruce Boudreau qui rencontre le lutteur québécois Kevin Owens, au jour 2 du repêchage de la LNH.

« Oh mon Dieu, Kevin Owens ! Es-tu sérieux ? C’est fabuleux… Je suis tout rouge ! »

« Je savais qu’il était blessé et qu’on était à Montréal, mais je n’avais pas fait 2 + 2 et pensé qu’il allait être là. J’étais vraiment surpris ! », nous confie Boudreau, au bout du fil.

L’admiration de Boudreau pour Owens était déjà connue. Interrogé sur ses lutteurs préférés, en février, l’entraîneur-chef des Canucks de Vancouver et figurant dans Slap Shot avait nommé Owens au deuxième rang. Mais les deux hommes ne s’étaient jamais rencontrés.

C’est là qu’est intervenue l’entremetteuse de ce moment viral, Jackie Redmond, animatrice pour le NHL Network au repêchage. Redmond fait également de l’animation pour certaines émissions de la WWE. Elle est donc littéralement au carrefour des univers des deux hommes.

« Kevin m’a textée pour me dire qu’il lancerait des avions en papier sur mon plateau, raconte la Néo-Écossaise Redmond. Et il m’a demandé : “Est-ce que Bruce sera là ? Je vais débarquer à la table des Canucks !” Je lui ai donc répondu : “Ne va surtout pas à leur table, débarque sur notre plateau !” »

Ce qu’Owens a fait. « Je ne connais pas beaucoup le hockey, mais je connais Bruce, je l’ai toujours trouvé drôle, c’est mon style de gars, il sacre et je suis pas mal pareil ! », lance Owens, rencontré au Centre Bell quelques heures après le coup d’éclat.

Voir sa réaction, c’était vraiment le fun.

Kevin Owens

La discussion en ondes a duré quatre minutes, mais s’est poursuivie un quart d’heure hors d’ondes. « Kevin était tellement authentique, témoigne Boudreau. Il était comme un vieil ami d’école. J’aurais pu lui parler toute la journée. J’avais tellement de questions pour lui, et il aurait pu avoir ses questions de hockey pour moi. Mais il a fallu arrêter pour que je retourne à la table des Canucks, sinon ils m’auraient congédié ! »

Redmond a assisté à la scène. « Bruce lui posait des questions sur tout. “C’est comment, se jeter dans les cordes, tomber sur une échelle ?” Le courant passait. Bruce lui a dit : “Si t’as besoin de quelque chose à Vancouver, n’hésite pas.” Kevin lui a dit la même chose. C’était une vraie “bromance”. Et 45 minutes plus tard, Bruce m’a textée : “Merci beaucoup, c’est la chose la plus cool que j’ai vécue depuis longtemps.” »

Un fan de lutte

Kevin Owens n’a jamais été le plus grand mordu de hockey, mais sa carrière l’a rapproché de ce milieu.

À Montréal, on le voit à l’écran géant (en capsule préenregistrée) pour inciter les amateurs à crier. À compter de 2022-2023, il aura même un abonnement annuel, mais c’est surtout son père, le bon Terry, qui en profitera. La résidence principale d’Owens est à Orlando, à une heure de Tampa, et il assiste de temps à autre aux matchs du Lightning.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Kevin Owens

En revanche, Boudreau a toujours aimé la lutte. Il nous parle de Bret Hart, de Stampede Wrestling, une organisation de Calgary où la carrière de Hart a commencé au tournant des années 1980.

« Bret Hart, tous les Canadiens, les frères Rougeau », énumère-t-il. Boudreau a rembarqué il y a quelques années, fasciné par un divertissant scénario d’amitié entre Owens et un autre Canadien, Chris Jericho.

« J’aimais chaque histoire dans laquelle il était impliqué, relève Boudreau. Son combat contre Steve Austin a été le meilleur moment du dernier WrestleMania. Son talent a ressorti, il nous a fait croire qu’il allait gagner ! »

Ce que Boudreau aime d’Owens ? Son aisance au micro, pour commencer.

Il encaisse beaucoup de coups, et il est crédible. Il est dur, c’est un vrai Canadien. On n’est pas les plus gros, les plus forts, mais on se bat jusqu’au bout.

Bruce Boudreau

« Tu vois que c’est un vrai fan, pas quelqu’un qui dit qu’il regarde la lutte pour le fun, estime Owens. Le repêchage, je ne connais pas ça plus qu’il faut. Il m’expliquait comment ça marche. Les gars qui se font repêcher réalisent leur rêve, comme moi quand la WWE m’a appelé. C’est un monde différent, mais il y a des parallèles entre les deux. »

Ce n’est pas la fin de cette histoire. En ondes, Boudreau s’est proposé pour être dans le coin d’Owens éventuellement. « Je veux être ton Lou Albano ! », a lancé Boudreau, en référence à l’homme réputé pour les élastiques dans sa barbe dans les années 1980.

« Quand j’étais petit, on organisait des combats de lutte à l’école. Je sais que je suis trop vieux pour lutter, mais les gérants peuvent rester plus longtemps ! »