Cinquante-trois. Dans toute l’histoire de la LNH, ils sont exactement 53 défenseurs de 5 pi 8 po ou moins à avoir disputé au moins un match. Sur un total de 2434 défenseurs. Une infime minorité.

Or, parmi les nombreux entraîneurs présents cette semaine au camp de développement du Canadien, on retrouve un des 53. C’est Francis Bouillon qui, avec 776 matchs dans la LNH, vient au 3rang de ces défenseurs de petite taille pour le nombre de matchs joués.

Si on ressort ce chiffre, c’est que le Tricolore a repêché non pas un, mais deux défenseurs qui aspirent à engraisser cette liste un jour. Il s’agit de Lane Hutson (62rang) et de Miguël Tourigny (216e), tous deux répertoriés à 5 pi 8 po.

Commençons par Tourigny. Comme il a été repêché à 20 ans, tout porte à croire que sa croissance est terminée. En attendant, il travaille à ajouter du muscle à sa charpente de 168 lb. Le travail à la ferme de ses parents, où il réparait « la mécanique, les tracteurs », l’a aidé à prendre du coffre, mais il est encore loin des quelque 200 lb de Bouillon à l’époque.

« Travailler fort sur la ferme, ça ne me dérange pas. Mes habitudes de vie ont été développées là. C’est là que j’ai appris à travailler plus fort que le gars à côté, a raconté Tourigny. J’ai toujours travaillé trois fois plus fort que les autres et c’est pour ça que je suis ici. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Miguël Tourigny

« Il a énormément de talent, et il a aussi de la fougue. Je l’ai vu jouer pas mal l’an passé en allant voir Riley Kidney », a rappelé Bouillon.

Tourigny s’est toujours démarqué par son apport offensif, terminant 2e des défenseurs de la LHJMQ la saison dernière avec 80 points. L’athlète de Victoriaville a toutefois été ignoré à ses deux premières années d’admissibilité au repêchage, si bien qu’il n’y a pas assisté cette année.

« Je ne voulais pas vivre une autre déception. Les dernières années, ça m’a affecté mentalement, donc cette fois, j’ai fait ce que j’avais à faire. »

Comme Xavier Simoneau l’an dernier et Rafaël Harvey-Pinard en 2019, Tourigny est un autre de ces joueurs plus vieux de la LHJMQ que le Tricolore repêche en fin de séance. Simoneau et Harvey-Pinard ont tous les deux reçu un premier contrat pour la Ligue américaine seulement. Harvey-Pinard a depuis eu droit à un contrat de la LNH en bonne et due forme. Tourigny espère reproduire ce parcours, et ce, dès l’automne prochain.

« Mon but la saison prochaine est vraiment de jouer dans la Ligue américaine, a-t-il affirmé. Je ne pense pas retourner dans le junior. Je vais faire mon camp et si je reçois un contrat, j’en aurai un. »

Potentiel offensif

Quant à Hutson, notre confrère de Radio-Canada Alexandre Gascon a rapporté qu’au camp d’évaluation à Buffalo, il donnait aux équipes une copie d’un rapport d’un endocrinologue stipulant qu’il avait encore 18 mois de croissance devant lui. Quoi qu’il en soit, on doute qu’il gagne 4 pouces dans ces 18 mois.

Mais si vous trouvez Tourigny léger, Hutson part d’encore plus loin : 151 lb, selon les plus récents chiffres du Canadien.

« Ces gars-là sont beaucoup sur la vitesse, mais chez les pros, tu joues contre des hommes, a rappelé Bouillon. Ça prend du poids, le côté physique, parce que tu ne peux pas perdre tes batailles. Hutson est mobile, voit vraiment bien le jeu. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est fait repêcher assez tôt. »

Hutson se démarque lui aussi par son jeu offensif, ayant amassé 32 points en 27 matchs avec le programme de développement des États-Unis la saison dernière.

Selon le service indépendant de recrutement Hockey Prospects, sa moyenne de 1,05 point par match est la meilleure de l’histoire du programme, devant Cam York, Adam Fox et Quinn Hughes. « S’il était un peu plus près de 5 pi 11 pi et qu’il pesait 30 lb de plus, il pourrait être vu comme le meilleur défenseur de ce repêchage », lit-on dans le Black Book de Hockey Prospects.

On a eu droit à un aperçu de ses talents offensifs mardi à Brossard, quand il a inscrit un joli but pendant un exercice à trois contre trois.

Il reste que Tourigny et Hutson ont tout un défi, car les chiffres sont contre eux. Mais avec un entraîneur-chef, Martin St-Louis, qui s’est lui-même frayé un chemin malgré sa petite taille, ils auront au moins un allié sympathique à leur cause dans l’organisation.

« Tout se joue sur la glace, rappelle Tourigny. Tu peux être grand, beau, mais si tu n’es pas efficace, ça ne sert à rien. J’ai confiance en mes moyens et les bonnes choses vont arriver. »