(Buffalo) Quelque part cette semaine, Tristan Luneau est arrivé dans la salle d’entrevue de l’Avalanche du Colorado. La première « question » ?

« Je devais lancer des bonbons dans une poubelle, je jouais contre un membre de leur groupe. Ç’a été en fusillade pendant 10 rondes, ça a pris presque toute l’entrevue, mais je ne voulais pas que ça finisse égal ! », a relaté le défenseur des Olympiques, jeudi.

Les Sharks de San Jose, eux, ont demandé à Joakim Kemell de parler de sa moustache. « Ils m’ont demandé depuis combien de temps je la laissais pousser », a lancé l’attaquant finlandais, samedi.

Le camp d’évaluation de la LNH se concluait samedi. Au cours de la semaine, les espoirs y ont rencontré entre une dizaine et une trentaine d’équipes. Or, au terme d’un sondage plus ou moins scientifique, il semble que le Canadien ait été l’équipe la plus coriace. Pas d’histoire de moustache ou de basketball avec des bonbons ici. Que non !

« Probablement ma plus dure entrevue », a lancé Marek Hejduk, le fils de Milan Hejduk, ancien de l’Avalanche.

PHOTO TOMAS KYSELICA, FOURNIE PAR HOCKEY SLOVAQUIE

Filip Mešár

J’ai rencontré 27 équipes, et l’entrevue avec Montréal a été la plus difficile.

Filip Mešár, attaquant slovaque

Maveric Lamoureux, un autre des 78 jeunes rencontrés par le CH : « Peut-être l’équipe qui m’a donné le plus de fil à retordre. »

La fameuse question

Le Canadien a changé d’administration l’hiver dernier, ce qui a des répercussions sur le recrutement. Trevor Timmins, qui était le grand responsable du repêchage, n’y est plus. Marc Bergevin non plus, évidemment.

On comptait au moins trois nouveaux visages : Jeff Gorton, Kent Hughes et Nick Bobrov, codirecteur du recrutement amateur. L’autre codirecteur, Martin Lapointe, est un survivant de l’ancienne garde. Le conseiller en psychologie sportive David Scott y est lui aussi toujours. Certaines traditions ont donc été maintenues. Par exemple, celle de demander aux joueurs quel animal ils sont.

Lisez l’article « Repêchage : quel animal êtes-vous ? »

« J’ai répondu un léopard », a dit Hejduk.

« Ils m’ont aussi parlé de notre défaite en finale au mondial des moins de 18 ans », a poursuivi le jeune homme, porte-couleurs des États-Unis. « Ils m’ont demandé qui était le pire patineur de l’équipe, le plus surestimé… »

Bref, le Tricolore souhaitait voir si Hejduk allait balancer ses frères d’armes par-dessus bord. « Je ne les ai pas laissés faire ! J’adore mes coéquipiers, je ne les critiquerai jamais », a-t-il protesté.

Lamoureux a peut-être le mieux détaillé en quoi l’entrevue était ardue. Nous l’avons rencontré jeudi, 24 heures après les faits.

PHOTO FOURNIE PAR NHL.COM

Maveric Lamoureux

Je répondais de quoi, ils me relançaient toujours, pour voir mon caractère, pour que je donne mon point de vue, jusqu’à ce qu’ils disent que je me défends bien.

Maveric Lamoureux

Il est néanmoins sorti de la pièce avec un doute et en a fait part à son agent, Dominic De Blois. « Le soir, Dom m’a rappelé, il avait parlé à un gars du Canadien qui lui a dit que j’avais bien fait ça. Ça m’a enlevé un petit poids ! »

Le Tricolore n’est pas la seule équipe à avoir posé un défi. L’entrevue de Luneau avec les Maple Leafs a commencé par une séance vidéo, des extraits de 5 à 10 secondes de jeux de la LNH.

« Tu analyses la séquence, l’écran devient noir, et tu dois dire ce qui va arriver, et pourquoi. Si c’est en attaque, quelles sont les options ? Si c’est en défense, pourquoi ça n’a pas marché, pourquoi il y a eu un trois contre deux ? C’est pour voir si le joueur connaît son hockey ou si c’est un gars d’habiletés qui réagit sur la patinoire. »

Alors, Luneau a-t-il bien deviné ? « Je ne sais pas, ils ne montraient pas la suite du jeu ! Si je me fie aux hochements de tête, je pense que j’étais pas pire. »

Hughes confirme

Jack Hughes a aussi eu son moment difficile. Comme prévu, le fils de Kent Hughes a rencontré le Canadien, sauf que finalement, papa est resté dans la pièce… bien malgré lui.

« J’attendais à l’extérieur, ils venaient de finir une entrevue, a raconté Jack Hughes. Mon père voulait sortir, et Martin lui a dit : “Non, tu restes.” Ils m’ont demandé mon avis. J’aurais préféré qu’il sorte. Et ils m’ont dit que ce n’était pas à moi de décider ! »

Hughes ne semble pas avoir été traumatisé pour autant. Chaque réponse qui touchait à la famille menait toujours à une blague.

Alors, était-ce son entrevue la plus difficile ? « Je ne pense pas. Ils ont dû être plus durs avec d’autres gars. Ils n’avaient pas vraiment besoin de me connaître comme personne. Mais j’ai entendu dire que certains avaient trouvé ça dur. »