C’est le genre de moment qui ravive de vieux traumatismes.

La dernière fois que Corey Perry avait déjoué Jack Campbell, c’était il y a un petit peu moins d’un an, le 31 mai 2021. Son but donnait alors l’avance 2-0 au Canadien dans le septième et dernier match de la série de premier tour entre le Tricolore et les Maple Leafs de Toronto. On se rappelle la suite.

Mercredi soir, Perry a encore donné les devants 2-0 à son club, qui est cette fois le Lightning de Tampa Bay.

En début de deuxième période, l’ailier de 36 ans a accepté une longue passe de Victor Hedman qui l’a lancé en échappée. L’instant d’après, la rondelle était derrière Campbell. Les Leafs ont bien tenté de revenir dans le match, mais on savait à peu près à ce moment que le coup fatal avait été porté. Marque finale : 5-3 pour les Floridiens. La série, égale à 1-1, se transporte maintenant à Tampa.

Alors que les gros canons du Lightning se sont réveillés, Hedman (4 points) et Nikita Kucherov (3) au premier chef, on prend la peine de diriger le projecteur vers Perry puisque c’est dans son département que l’on retrouve l’une des différences les plus fondamentales entre ces deux adversaires.

D’un côté comme de l’autre, les grands meneurs offensifs se sont fait entendre.

Un fossé devrait séparer le Lightning des Leafs devant les buts et en défense, mais ce n’est pas (encore) l’histoire de cette série.

C’est plutôt quand on s’attarde aux employés de soutien que l’écart est saisissant. Il l’était, en tout cas, dans ce deuxième match.

Expérience

Le quatrième trio du Lightning, composé de Perry, de Pat Maroon et de Pierre-Édouard Bellemare, ne joue pas beaucoup. Pas même six minutes pour Maroon, mercredi. Un peu plus pour ses deux compagnons, qui sont mis à contribution sur les unités spéciales.

Ils sont loin d’être jeunes. Maroon vient d’avoir 34 ans, Bellemare en a 37. Mais à trois, ils ont surtout un redoutable palmarès : quatre Coupes Stanley et un total de sept participations à la finale.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Victor Hedman (77) et Steven Stamkos (91)

Mercredi, ils ont complètement, mais alors complètement, éclipsé leurs homologues des Leafs. Le trio composé de Wayne Simmonds, Colin Blackwell et Ondrej Kase a connu une soirée difficile. Simmonds, en fait, a été atroce.

En 11 présences, toutes à forces égales, il a trouvé le moyen d’être sur la glace pour un but adverse – celui de Perry – et d’écoper de deux pénalités bêtes qui ont coûté autant de buts. C’est beaucoup pour un maigre 5 min 25 s de temps de glace.

Le Lightning a bien sûr gagné ses deux Coupes Stanley, en 2020 et en 2021, grâce à ses grandes vedettes.

Or, chaque fois, on a largement vanté l’importance des travailleurs de l’ombre. Le fameux troisième trio « parfait » piloté par Yanni Gourde en était un exemple évident, mais l’unité suivante n’a jamais été en reste. Ses membres se sont appelés Cédric Paquette, Tyler Johnson, Ross Colton, Pat Maroon (tiens, tiens), Mathieu Joseph.

Voilà aujourd’hui Bellemare et Perry, avec les mêmes résultats. Perry dont l’entraîneur-chef Jon Cooper disait, avant le match de mercredi, qu’il était un entraîneur adjoint sur patins. Une voix forte dans un vestiaire de supervedettes. Tout ça pour 1 million ? Ce n’est peut-être pas du vol, mais pas loin.

Voilà deux années de suite que l’attaquant voit son équipe s’incliner en finale de la Coupe Stanley – les Stars de Dallas en 2020, le Canadien en 2021. Il semble cette fois avoir trouvé chaussure à son pied chez le Lightning, qui se félicite de l’avoir embauché.

Comme pour Marian Hossa, en 2010, la troisième fois pourrait bien être la bonne pour Corey Perry.

En bref

– Complètement muselé lors du premier match, l’avantage numérique du Lightning s’est mis au boulot, produisant trois buts. De l’autre côté, c’était la panne sèche, à un point tel que, pendant une pénalité imposée à Pierre-Édouard Bellemare, en deuxième période, c’est le Lightning qui a obtenu quatre tirs (aucun pour les Leafs).

– Le gardien Andrei Vasilevskiy a porté à 15 sa séquence parfaite suivant une défaite en séries éliminatoires. Depuis l’élimination rapide de son équipe en 2019, le Russe n’a jamais perdu deux matchs de suite. Avant la rencontre de mercredi, il présentait même un taux d’arrêts de ,952 dans ces duels post-défaite, indicateur qui a légèrement baissé après qu’il a accordé trois buts sur 34 tirs aux Leafs.

– Après seulement deux matchs, Mitch Marner compte déjà cinq points à sa fiche. Il a ainsi dépassé ses totaux des séries de premier tour de 2019, 2020 et 2021, qui s’étaient toutes soldées par une récolte de 4 points.

– Le but d’Alexander Kerfoot était déjà le deuxième des Leafs en infériorité numérique dans cette série. Un exploit quand on sait que l’avantage numérique du Lightning n’a accordé que cinq buts en 82 matchs pendant la saison. Les Torontois, en contrepartie, avaient dominé la ligue avec 13 buts avec un homme en moins.