Il y a bien des choses qui ne sont pas très claires ces jours-ci au Centre Bell, et l’avenir de Carey Price se retrouve bien haut dans cette liste.

Le célèbre gardien a pris la parole samedi matin à Brossard, jour de bilan dans le camp du Canadien, et il a admis que l’état de son genou demeurait une source d’inquiétude.

« Je me sens bien, et ç’a été plaisant de pouvoir obtenir la victoire [vendredi soir au Centre Bell], a-t-il commencé par dire. Mais je dois poser des questions et je vais devoir me préparer à des rendez-vous médicaux cet été. »

Ce n’est un secret pour personne, Price n’est de toute évidence pas rétabli de cette blessure à un genou qui le gêne depuis son opération de juillet dernier à New York.

Le plus grand problème consiste en cette enflure persistante qui continue de le ralentir. Price a effectué son retour au jeu le 15 avril, mais il a dû faire une pause après son quatrième match de l’année, samedi dernier, avant de revenir pour la dernière rencontre de la saison, vendredi soir au Centre Bell.

Pour cette raison, il a admis qu’une autre opération pourrait être envisagée au cours des prochaines semaines. « C’est une possibilité », a-t-il fait savoir.

Pour l’heure, le dossier Price représente un énorme défi aux yeux de la direction montréalaise. Kent Hughes a d’ailleurs reconnu qu’il serait très difficile de préparer la prochaine saison tant que le statut du gardien vedette ne serait pas éclairci.

« Je ne pense pas qu’on puisse répondre aux questions sur son avenir en ce moment, a expliqué le DG samedi matin. On est encore dans une zone grise avec lui, ce n’est pas noir ou blanc. On espère pouvoir obtenir plus d’information sur son cas, mais on n’est pas là encore… C’est sûr que ça complique les choses ; si c’était plus clair, ce serait beaucoup plus facile pour nous, mais telle est la situation. »

Le Tricolore ou rien

Ce qui semble plus évident, toutefois, c’est que le numéro 31 va jouer ici la saison prochaine… ou ne va pas jouer du tout. L’idée de déménager et de se joindre à une formation qui aspirerait au zénith ne fait pas partie de ses objectifs.

Ça ne m’est jamais passé par la tête d’aller jouer ailleurs… Je suis ici, ça fait partie de mon identité, et l’avenir est reluisant avec cette équipe. Je pense que les jeunes apportent de l’énergie à cette formation et j’espère en faire partie.

Carey Price

Mais pour qu’il puisse faire partie de la suite, et la connaître aussi, Carey Price sait très bien que l’état de son genou devra s’améliorer.

« Je ne pense pas que ce soit envisageable de disputer 55 ou 60 matchs avec mon genou dans son état actuel, a-t-il admis. Alors il me reste encore des questions à poser au personnel médical, mais heureusement, j’aurai beaucoup de temps cet été pour me préparer. »

Les coéquipiers de Price, surtout ceux qui le connaissent depuis longtemps, ont tous exprimé le souhait de le revoir de la meilleure façon qui soit : devant son filet.

« C’était difficile parfois de voir ce qu’il avait à traverser durant la saison, a expliqué Brendan Gallagher. Mais j’ai pu passer 10 ans en sa compagnie et j’espère pouvoir passer plus de temps encore avec lui. Il trouve toujours une façon de nous impressionner… On ne peut jamais le tenir pour battu. »

En attendant les questions qui vont suivre, et sans doute aussi les réponses, Carey Price va repenser au match de vendredi soir, une spectaculaire victoire de 10-2 face aux Panthers, au cours de laquelle on l’a surpris à envoyer la main à sa famille dans les dernières secondes et à sourire à pleines dents après un arrêt spectaculaire contre Ben Chiarot… Price va y repenser, et il va se demander si c’était son dernier.

« Si c’est la fin, c’était une belle façon de conclure… Mais je suis un battant et je n’abandonnerai pas. »

Avec la collaboration de Simon-Olivier Lorange, La Presse

En souvenir d’une saison difficile

Après avoir transporté son équipe jusqu’en finale de la Coupe Stanley l’été dernier, le numéro 31 a été opéré à un genou. Le calendrier d’abord établi pour sa convalescence laissait croire à un retour dès le début de la saison, en octobre. Or, rien ne s’est passé comme prévu. À quelques jours du début de la campagne, Price a adhéré au programme d’aide aux joueurs de la LNH pour des problèmes de consommation.

Après en être sorti quelques semaines plus tard, il a repris l’entraînement dans le but de retrouver pleinement la forme. Deux régressions ont toutefois ralenti sa rééducation, et ce n’est qu’à la mi-avril qu’il a enfin disputé un match. Il a obtenu quatre départs en huit jours, qui se sont soldés par quatre défaites, et il a été mis au repos pour quelques jours. Il a finalement obtenu le feu vert et s’est vu confier le 700e départ de sa carrière contre les Panthers de la Floride.

S’il devait annoncer sa retraite, Price renoncerait à la substantielle somme de 31 millions que lui doit encore le CH au cours des quatre prochaines années. En revanche, le salaire du gardien sera amputé du budget de l’organisation pour une autre saison en raison d’un avantage dont a bénéficié l’équipe au cours de la première moitié de l’entente, alors que son impact sur le plafond salarial était inférieur à sa rémunération réelle.

Price est le gardien le plus victorieux de la riche histoire du Canadien de Montréal. Ses 361 gains en saison le placent devant Jacques Plante, Patrick Roy et Ken Dryden, qui ont toutefois disputé moins de matchs que lui. Aucun gardien ayant porté l’uniforme tricolore n’a joué davantage de minutes en saison (quelque 42 000) ni reçu davantage de tirs (plus de 21 000).