Francis Paré estime être sorti de la Russie juste à temps. Il est sorti de là en décembre, « juste quand on pouvait voir que ça allait tourner au vinaigre », lance-t-il au bout du fil.

En ce petit vendredi, la vie de Francis Paré est bien différente de ce qu’elle aurait pu être, et pour le mieux. Au lieu de patiner quelque part dans un aréna de la KHL en Russie, l’attaquant québécois joue ces jours-ci dans un pays où c’est autrement plus calme, la Suisse, avec le club de Lausanne.

Il le dit lui-même sans hésiter : ça tombe drôlement bien. Parce qu’après presque neuf saisons passées dans la KHL, Francis Paré a eu la bonne idée de faire ses valises au bon moment.

« Ma décision était prise avant même que la guerre en Ukraine ne commence, précise-t-il. J’étais déjà tanné d’être loin de ma famille, tanné des voyages de sept ou huit jours comme il y en a souvent dans la KHL. »

Pour moi, c’était le temps de partir de toute façon, en premier pour des raisons familiales. Mais ensuite, avec ce qui est arrivé en Ukraine… Disons que c’est un méchant timing. Sortir de là, ç’a été la meilleure décision de ma carrière, et aussi la meilleure décision de toute ma vie.

Francis Paré

Le joueur de 34 ans affirme qu’avant le début de la guerre, la vie en Russie n’était tout de même pas si mal, même au son de cette trame guerrière qui pouvait déjà se faire entendre en filigrane, à quelques semaines du début de l’invasion en Ukraine. Il affirme n’avoir rien remarqué de différent par là-bas, « à part peut-être la fois où le propriétaire d’une équipe est arrivé à l’aréna avec des gardes du corps ».

« Mais c’est sûr que ça commençait à être stressant, ajoute-t-il. En même temps, pour les joueurs étrangers qui souhaitaient sortir de la Russie, la plupart des équipes ont donné un coup de pouce ; par exemple, il y a eu des avions nolisés qui ont été disponibles pour ceux qui voulaient s’en aller. Je n’ai rien à redire au traitement qu’on m’a réservé là-bas… mais j’étais content de partir. »

Ce qui ne veut pas dire que tout était simple. Au moment de vouloir résilier son contrat, par exemple, Francis Paré a rapidement compris qu’il allait devoir se plier aux exigences de ses employeurs. « Il n’y a pas d’association des joueurs en KHL, alors ça peut être un peu compliqué… Je jouais avec Omsk, et il a fallu que je signe un papier pour signifier que je renonçais à ce qui restait de mon salaire. Sinon, ils menaçaient de me retourner dans leur club-école, perdu quelque part dans un recoin de la Sibérie. »

Avant de partir, et à environ deux mois du début de la guerre, il avait déjà commencé à remarquer une certaine tension en Russie, qui continue à se faire ressentir sur la glace ces jours-ci. « J’ai encore des amis en KHL, je leur parle, et je sais que ce n’est pas si facile… C’est sûr qu’en ce moment, les joueurs canadiens, les joueurs américains, ils peuvent se faire regarder de travers. »

Mais aujourd’hui, en ce moment même, Francis Paré est très loin de tout ça, et il est heureux. Heureux d’avoir pu sortir de là, heureux d’être ailleurs, là où la guerre en Ukraine demeure une réalité, bien évidemment, mais là où cette réalité n’est plus aussi présente.

« Je suis venu finir ma saison en Suisse, et après, on verra. J’espère avoir une autre offre pour la prochaine saison par ici. À Lausanne, tout le monde parle français, il faisait 15, 20 degrés cette semaine, et on habite tout près du lac Léman. On a quitté le stress de Moscou en échange de ça, alors on vit le rêve… »