Il faut se rappeler la mine déconfite du directeur général des Sabres de Buffalo de l’époque, Tim Murray, après avoir vu les Oilers leur souffler le premier choix au repêchage, lors de la loterie de 2015.

« On a l’impression d’être le joueur de hockey junior qui reçoit un appel à six heures du matin pour se faire annoncer qu’il a été retranché de la formation canadienne… »

Ainsi Jack Eichel se faisait-il souhaiter la bienvenue dans la famille des Sabres…

Presque sept ans plus tard, Eichel disputera un premier match à Buffalo, jeudi soir, dans un autre uniforme, après avoir été échangé aux Golden Knights de Vegas en novembre pour Peyton Krebs, Alex Tuch et des choix de première ronde et deuxième ronde.

Murray a été congédié depuis longtemps. On a même eu le temps d’en licencier un autre, Jason Botterill. En six ans à Buffalo, Eichel et les Sabres ont été exclus des séries éliminatoires autant de fois. Ils n’ont pas terminé au-delà du 23e rang au classement général une seule fois.

Il serait odieux de faire porter tout le poids des insuccès de Buffalo sur les épaules de Eichel, le joueur le mieux coté en 2015 après Connor McDavid. Mais il symbolise l’échec des Sabres, dont il était le capitaine.

Eichel n’a pas été vilain, au plan individuel, avec 362 points en 385 matchs en carrière, mais il n’a pas eu l’ascendant espéré. Était-il seulement le meilleur joueur de sa cuvée après McDavid, ou Mitch Marner, Mikko Rantanen, Sebastian Aho, Kyle Connor, Thomas Chabot ou même Zack Werenski peuvent-ils prétendre au titre ? Et au Minnesota, Kiril Kaprizov, après s’est laissé désirer des années, rapporte de grands dividendes au Wild.

Eichel, 25 ans, aura la chance à Vegas de confirmer son statut de joueur générationnel. Pourra-t-il éventuellement devenir un Nathan MacKinnon, ou restera-t-il un John Tavares, un joueur immensément doué, mais incapable de transcender son sport ?

Cet Américain originaire de North Chelmsford, au Massachusetts, a obtenu sept points à ses dix premiers matchs à Vegas. Il faudra lui donner le temps de retrouver ses marques, à la suite de sa délicate intervention chirurgicale à la nuque.

Il n’est pas impossible non plus que Vegas rate les séries éliminatoires pour la première fois de sa courte histoire. Et ici, McDavid pourrait venir le hanter. Les Oilers, dernier club exclu des séries, sont à deux points des Golden Knights, dont la fiche est de 4-5-1 depuis l’arrivée de Eichel.

Les chroniqueurs de Buffalo se demandaient cette semaine si on allait rendre hommage aux années de Eichel avec les Sabres. Le propriétaire Terry Pegula, parait-il, n’a toujours pas digéré le dernier chapitre de l’association entre les deux parties. On s’attend d’ailleurs à un torrent de huées à son endroit jeudi soir au KeyBank Center.

« Pegula a vendu l’âme de l’organisation en voulant couler au classement pour obtenir McDavid, écrivait Mike Harrington, du Buffalo News, cette semaine. Mais une fois Eichel à Buffalo, on a tout misé sur lui. On a congédié l’entraîneur Dan Bylsma à sa demande. On lui a donné 80 M$ à 20 ans et le titre de capitaine à 21 ans. Les fans, et la direction, estiment avec raison qu’on n’a pas obtenu en retour le rendement désiré. Les propriétaires se sont sentis trahis quand il a cherché à quitter, en 2020, avant de subir sa grave blessure. On a toujours eu l’impression qu’il serait parti, même sans ce différend à propos de l’intervention chirurgicale. »

On lui a aussi reproché son manque de leadership. « Il voulait gagner ici, poursuit Harrington, mais il semble n’avoir jamais été enraciné ici. Il y a eu ces rumeurs à propos de son côté diva, dans ses interactions avec le staff de l’équipe, poursuit Harrington, même s’il était toujours disponible pour les médias. »

Le départ de Eichel, mais aussi toutes ces années de misères qui leur auront donné le privilège de repêcher très tôt, permettra peut-être enfin aux Sabres de prendre leur envol.

Premier choix au total en 2018, Rasmus Dahlin est en train de confirmer son statut de défenseur numéro un. Le premier choix de 2021, Owen Power, un autre défenseur format géant, a autant de potentiel.

En plus d’une pléiade de jeunes premiers à l’attaque, Dylan Cozens, Casey Mittelstadt, Jack Quinn, Tage Thompson, entre autres, la transaction de Eichel a permis de renflouer les trios offensifs de deux autres bons jeunes joueurs, Alex Tuch, 25 ans, et Peyton Krebs, 21 ans. Et les Sabres pourraient à nouveau repêcher dans le top cinq cette année.

Le cas Connor McDavid

PHOTO MARC DESROSIERS, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Connor McDavid

Connor McDavid n’a pas encore gagné de Coupe Stanley à Edmonton, diront certains. Vrai. Il a franchi la deuxième ronde une seule fois, à sa deuxième saison. Mais les Oilers pourraient se qualifier pour les séries éliminatoires pour une troisième année consécutive cette saison. Et McDavid n’est certainement pas à blâmer pour les insuccès des Oilers, avec 655 points en 454 matchs en carrière, deux trophées Hart, remis au joueur le plus utile, trois trophées Art-Ross pour couronner le meilleur compteur de la LNH et des saisons de 100 points et plus garanties à chaque année. Tim Murray avait bien raison de maugréer en 2015…

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