(Edmonton) Depuis le début de sa carrière dans la LNH, Connor McDavid a obtenu des points dans 75 % des matchs qu’il a disputés. Cette saison, cette proportion est de 84 %.

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Aussi bien dire, et les modèles mathématiques les plus poussés sont clairs à ce sujet, qu’au moment où s’amorce une rencontre dans laquelle le numéro 97 est impliqué, il y a largement plus de chances qu’il s’inscrive au pointage que de chances qu’il soit tenu au silence.

Samedi soir, à Edmonton, les probabilités ont été trompées. Et cela explique le grand sourire qu’affichait Laurent Dauphin après la victoire de 5-2 du Canadien contre les Oilers.

Le Québécois de 26 ans, dont c’était seulement le 59e match en carrière, a été l’attaquant de son camp qui a passé le plus de temps sur la glace en compagnie de McDavid, tant à cinq contre cinq qu’en infériorité numérique. Avec les défenseurs Brett Kulak et Jeff Petry, il a contribué à museler le meilleur pointeur de la LNH.

Comme la rencontre a eu lieu au domicile des Oilers, c’est l’entraîneur local, Jay Woodcroft, qui avait le dernier mot sur les affrontements. C’est donc lui qui a choisi d’envoyer McDavid contre le trio de Dauphin, Brendan Gallagher et Mike Hoffman.

PHOTO JASON FRANSON, LA PRESSE CANADIENNE

Samuel Montembeault (35) et Zach Hyman (18)

« Peut-être que les entraîneurs de l’autre bord pensent que je n’ai pas d’expérience ! s’est amusé Dauphin. C’était un beau défi, et je pense qu’on l’a bien relevé. »

« Je n’ai peur de personne », a-t-il ajouté avec aplomb.

Au cours des derniers mois, l’ascension de l’attaquant a été assez spectaculaire. Personne, ou presque, ne le voyait décrocher un poste régulier avec le Canadien au camp d’entraînement. Comme de fait, il a amorcé la saison dans la Ligue américaine, circuit où il a disputé 316 matchs jusqu’ici.

L’étiquette de joueur des ligues mineures était bien incrustée. Mais comme rien n’a été normal cette saison, il a été rappelé en décembre et n’est plus jamais retourné avec le Rocket de Laval.

Il joue aujourd’hui sans aucun complexe au centre de Gallagher et Hoffman, et est devenu, mine de rien, une valeur sûre en infériorité numérique. Depuis son premier match, le 7 décembre dernier, il a été employé avec régularité à court d’un homme, d’abord par Dominique Ducharme puis par Martin St-Louis.

Dans l’intervalle, il arrive au deuxième rang, chez les attaquants du CH, pour le nombre de buts accordés par tranche de 60 minutes de jeu. Samedi, il a été celui qui a vu le plus d’action (4 min 5 s) dans cette phase de jeu. En sa présence, les Oilers ont été limités à deux tirs. Il a également marqué un but, qui a ultimement été refusé en raison d’un hors-jeu, mais qui faisait suite à une rondelle volée à Connor McDavid en zone défensive.

« Laurent sait jouer sur 200 pieds, a souligné St-Louis. C’est dommage qu’il n’ait pas été récompensé, parce qu’il mérite un but. C’est un gars sur lequel tu peux compter pendant tout le match, dans toutes les zones. »

« Je pense que ça va de mieux en mieux, a réagi le principal concerné. La confiance augmente. C’est super le fun d’être à l’aise pour la première fois de ma vie dans la LNH. C’est la première fois que je joue avec autant de confiance et de plaisir. »

On sait à quel point les histoires de persévérance et de détermination constituent le pain et le beurre des médias sportifs. En voilà une belle.

Enfin Gallagher

Dauphin est loin d’être le seul méritant de son équipe, qui a offert une performance collective inspirée.

Brendan Gallagher, notamment, a enfin mis un terme à sa disette offensive. Pour la première fois de sa carrière, il a passé 18 matchs sans marquer. Sa célébration après avoir trouvé le fond du filet, en première période, disait tout du soulagement qu’il a vécu.

Au nombre de chances de marquer qu’il a obtenues malgré ses insuccès – il est demeuré l’un des meneurs du CH à ce chapitre malgré tout –, c’était une question de temps avant que la magie opère. Il n’empêche qu’il fallait bien que ça se produise un jour et qu’on passe à autre chose.

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Kale Clague (43) célèbre le but de Cole Caufield (22) en première période.

« Tu veux produire de l’attaque et aider l’équipe, a-t-il témoigné après coup. Martin St-Louis m’a beaucoup parlé, et je l’apprécie, car il n’a pas à le faire. […] Depuis que St-Louis est arrivé, je sens mon jeu revenir. »

À son tour au micro, l’entraîneur a rappelé qu’à défaut de posséder un long parcours derrière le banc, il a l’« expérience de chacun de ces joueurs » : celui qui passe son tour dans les estrades, celui qui joue sur le quatrième trio et celui qui est le moteur offensif de son équipe.

« J’ai vécu ce que Gallagher vit. C’est important de communiquer avec lui, de garder une vue d’ensemble, d’être patient, de ne pas le juger seulement sur sa production, mais sur la manière dont il joue. Je trouve qu’il joue très bien. »

En fait, c’est presque tout le monde qui, chez le Canadien, joue très bien. Et le fait que cette équipe le fasse sur la route et contre des équipes possédant des atouts supérieurs aux siens démontre à quel point la crise de confiance qu’elle a traversée lui a fait mal.

La suite des choses à court et moyen terme n’est pas encore totalement définie. Mais pour l’heure, la vie est plutôt belle.

Dans le détail

Pas la soirée des officiels

PHOTO JASON FRANSON, LA PRESSE CANADIENNE

Ces partisans du Tricolore expriment leur appréciation du travail des officiels après l’un des deux buts refusés aux visiteurs durant la soirée.

Tous les joueurs ont parfois (ou souvent) de mauvais matchs. Les officiels aussi. La joute de samedi était l’un de ces soirs. Seulement au deuxième vingt, deux buts du Canadien ont dû être révisés après que les Oilers eurent fait valoir qu’il y avait eu hors-jeu – ils ont eu chaque fois raison. En fin de période, Ben Chiarot a écopé d’une punition pour bâton élevé, ce qui, par définition, équivaut à un bâton porté au-dessus des épaules de la victime. Ce n’était pas vraiment le cas. La punition la plus surprenante a toutefois été infligée à Brendan Gallagher, au milieu de la troisième période. L’attaquant a frappé le bâton d’un adversaire qui, assis au banc des siens, avait laissé son outil de travail traîner sur la glace. Ledit bâton a volé dans les airs, ce qui lui a valu deux minutes pour conduite antisportive. Souriant, il a dit après la rencontre avoir « demandé [quel était] le règlement » à ce sujet. Il a avoué avoir peut-être mis trop d’énergie dans son geste, mais selon lui, un adversaire « n’a pas le droit de mettre son bâton comme ça ». « J’ai reçu plusieurs pénalités [dans ma carrière], mais je ne suis pas sûr d’en avoir déjà eu une comme celle-là », a-t-il conclu.

Le généreux Mike Smith

Non seulement Mike Smith est quelqu’un de très sympathique dans la vie, mais il est en outre très généreux devant son filet. Le gardien de 39 ans, le deuxième en âge de sa profession, avait accordé 3 buts et plus à 9 reprises en 14 départs avant la rencontre de samedi. On peut maintenant ajouter des « + 1 » dans les deux colonnes – 10 en 15, donc – après l’affrontement contre le CH. Les trois premiers buts qu’il a donnés ne l’ont pas fait trop mal paraître, mais il s’est complètement sorti du jeu sur le but d’Artturi Lehkonen qui donnait l’avance 4-2 au CH. Après avoir connu une campagne aussi excellente que surprenante en 2020-2021, Smith a montré des signes évidents de ralentissement cette saison. On pourrait en rire si son partenaire faisait partie de l’élite de la LNH, mais ce serait mal connaître Mikko Koskinen, qui, on le sait, a lui aussi le cœur sur la main.

Suzuki, encore et encore

PHOTO PERRY NELSON, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14) a inscrit un but et ajouté deux passes à sa fiche, samedi soir, contre les Oilers d’Edmonton.

À l’évidence, les éloges n’ont pas fini de pleuvoir sur Nick Suzuki. Le joueur de centre a encore connu un fort match, samedi, notamment en ayant la tâche ingrate de tenir au respect Leon Draisaitl et Evander Kane. Non seulement il a connu du succès à cet égard, mais il a quitté le pays du pétrole après une deuxième récolte de trois points de suite. « C’est drôle parce que tout le monde me disait qu’il devait s’améliorer sur la route. Je le trouve très bon sur la route jusqu’ici ! », a blagué Martin St-Louis après le match. Plus sérieusement, il a rappelé combien Suzuki était un « joueur intelligent » et a vanté sa « cadence ». « Il sait quand y aller à plein régime et quand lever le pied. Il sait très bien où l’autre équipe est et où ses coéquipiers sont. Ça aide à jouer à la bonne vitesse. » L’entraîneur-chef a souligné que c’était le genre de qualité que possède Nikita Kucherov. Il n’a pas comparé les deux joueurs directement, mais cela demeure flatteur que les deux noms soient prononcés dans la même phrase.

Ils ont dit

Notre avantage numérique commence à avoir une identité. Ce n’est pas quelque chose que tu peux expliquer, mais comme joueur et comme coach, c’est quelque chose que tu vois, que tu remarques.

Martin St-Louis

J’ai adoré la concentration des gars. On a joué un très fort match malgré les hauts et les bas des émotions. J’ai vécu ma première contestation, ça n’a pas été en ma faveur. C’est fou, le nombre de jeux qui auraient pu affecter le résultat. On n’a pas perdu notre concentration.

Martin St-Louis

[Connor McDavid], tu dois le surveiller en tout temps, car il peut créer une chance rapidement.

Brett Kulak

On n’en pas parlé. Mon agent me dit que ça bouge très peu. Ça risque de bouger tout près de la date limite. On n’a pas eu de discussions.

Brett Kulak sur le fait qu’il pourrait bientôt être échangé

J’ai joué avec [Kulak] dans le junior, je le connais depuis qu’il a 17 ans. On le voyait, son potentiel, et on a vu ce soir comment il est un bon patineur. Il a affronté de l’adversité, il a joué dans l’ECHL. […] Les coachs l’apprécient. Je suis content pour lui.

Brendan Gallagher

Ça fait du bien. J’avais besoin de rebondir. Le dernier match contre les OIlers n’avait pas bien été non plus, je leur en devais une.

Samuel Montembeault

Le buzzer a sonné, je pense qu’ils ne me l’ont pas donné ! J’ai seulement plongé et j’ai mis ma mitaine devant lui.

Samuel Montembeault sur son arrêt spectaculaire contre Leon Draisaitl

En hausse

Samuel Montembeault

Il a rebondi de la meilleure des manières après avoir donné sept buts aux Jets de Winnipeg mardi dernier, et surtout après avoir été humilié par les Oilers le 29 janvier à Montréal. Il a réalisé 27 arrêts, dont plusieurs spectaculaires.

En baisse

Kale Clague

C’est presque dommage pour lui, car toute l’équipe a bien joué. Mais son incapacité à s’imposer physiquement dans ses duels à un contre un est flagrante. Le but de Zach Hyman en témoigne.

Le chiffre du match

6 min 35 s

Il a beau être devenu l’un des favoris de la foule, mais Michael Pezzetta demeure un joueur marginal. Pour la septième fois à ses 13 derniers matchs, il a passé moins de 7 minutes sur la glace.