Quelques minutes après une élimination sans appel à Tampa Bay en 2015, P.K. Subban était bien songeur dans le vestiaire des visiteurs. « On ne marque pas », avait alors résumé le défenseur du Canadien.

Bien des choses ont changé depuis ce soir de mai 2015. Subban n’est plus un membre du Canadien, l’équipe a complètement changé de visage, et Michel Therrien n’est plus l’entraîneur depuis bien longtemps.

Mais il y a une chose qui n’a pas changé : le Canadien ne marque toujours pas.

Si on s’arrête un peu sur le total des buts depuis le début de la présente série face aux Maple Leafs de Toronto, on se rend compte que le Canadien est bien chanceux de pouvoir rentrer en ville avec une égalité de 1-1 dans la série. En deux matchs, les Leafs ont maintenu un avantage de 6 à 3 au tableau des buts marqués. Ça prendra assurément un coup de barre pour que le Canadien puisse renverser cette douloureuse tendance en vue du troisième match, qui sera présenté lundi soir au Centre Bell.

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jesperi Kotkaniemi a marqué le seul but du Canadien, samedi.

« En attaque, il faudra être plus dynamiques que ça, a admis Dominique Ducharme. Il faudra créer plus de circulation devant le filet. Il y a plusieurs façons d’en faire plus en attaque, ce n’est pas seulement un élément. »

L’entraîneur n’a pas voulu dévoiler ses plans, et puis, c’est connu, le temps des séries, c’est aussi le temps des secrets, mais il n’a pas fermé la porte à des changements.

En premier lieu, il y a le jeune Jake Evans, blessé, qui a raté le match de samedi, mais qui pourrait être de retour sous peu (« ce n’est pas une question de semaines dans son cas, c’est plutôt au jour le jour », a précisé Ducharme). Mais c’est surtout le nom de Cole Caufield qui fait rêver. Parce que le Canadien a besoin de marquer des buts et parce que, lui, il sait comment y arriver. « C’est toujours possible », s’est limité à dire Ducharme.

Il y a eu un changement après le premier match [Jesperi Kotkaniemi en remplacement de Jake Evans]. Il pourrait y avoir des changements entre le deuxième match et le troisième match.

Dominique Ducharme, entraîneur du Canadien

À bien y penser, peut-être que cette sécheresse offensive de la part du Canadien était prévisible. En marquant un seul but à Toronto samedi soir, lors du deuxième match de la série, le Canadien a porté à seulement 62 son nombre de buts marqués à ses 30 derniers matchs en séries depuis le printemps 2015.

Selon des statistiques compilées par le réseau TSN, sur les 25 clubs de la LNH qui ont disputé au moins 15 matchs en séries depuis 2015, il s’agit de la pire production offensive du circuit, avec une moyenne de seulement 2,07 buts par rencontre.

Dans le camp montréalais, il faudra bien, tôt ou tard, se demander si cette recette est la bonne. Depuis l’arrivée en poste du directeur général Marc Bergevin en 2012, l’accent a toujours été mis sur la défense, avec tout près de 25 % de l’enveloppe salariale consacrée à un gardien et un défenseur. Au fil des ans, Bergevin a maintes fois répété les mêmes phrases (« avec Carey, tout est possible », « des défenseurs, on en a jamais assez »), ne laissant aucun doute sur ses intentions et ses priorités.

Il faut aussi ajouter à cela le problème de la discipline. Aucun arbitre ne va gagner un concours de popularité, mais samedi soir, les joueurs du Canadien n’ont pas aidé leur cause en jouant du bâton ; à cet effet, la ligue a annoncé dimanche que Shea Weber avait reçu une amende de 5000 $ pour avoir administré l’un de ses célèbres doubles-échecs, cette fois à Wayne Simmonds, des Leafs.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Shea Weber

« Nous nous sommes attardés aux arbitres au lieu de nous attarder aux Leafs, a admis le défenseur Joel Edmundson. Quand on perd notre sang-froid comme ça, les Leafs en profitent. »

Du sang-froid et des buts. Pour le Canadien, lundi soir, ce sera tout ce qui importe.