Le talent ne s’achète pas.

Après 72 buts en 64 matchs au sein du programme de développement américain, 30 buts en 31 matchs à Wisconsin dans la NCAA, Cole Caufield a réussi son entrée dans les rangs professionnels avec deux buts et une aide à son premier match avec le Rocket de Laval, dans la Ligue américaine, vendredi soir.

Sans surprise, il a été nommé première étoile de ce match remporté 5-3 par le Rocket aux dépens des Marlies, à Toronto, quelques heures après avoir remporté le trophée Hobey-Baker, remis au joueur par excellence dans les rangs collégiaux américains.

L’entraîneur Joël Bouchard était tout feu tout flamme après la rencontre. Sa passion pour son sport l’a emporté sur son flegme habituel quand il est question de jeunes joueurs.

« On a le droit d’être content si on est un partisan du Canadien, a-t-il lancé. On a le droit de se réjouir d’un choix de première ronde qui a du succès. On ne l’a pas repêché au 15e rang pour rien. On ne veut pas aller trop vite, il ne faut pas devenir fou, il a juste 20 ans, mais on a le droit d’être excité. J’aime les joueurs de hockey, et c’est un joueur de hockey. Mais je ne suis pas un fan, je suis un coach, et on va continuer à travailler avec lui. »

Ses trois points ont été obtenus de façon spectaculaire. Il a marqué son premier but à l’aide d’un tir sur réception dès la deuxième minute de la seconde période, en supériorité numérique, comme il en avait marqué si souvent à l’Université du Wisconsin. Il a reçu une passe soulevée de Jordan Weal qui a à peine eu le temps d’atterrir sur sa palette. Même le gardien cherchait la rondelle.

« Ce tir me surprend et ne me surprend pas à la fois, a commenté Joël Bouchard. Ce n’est pas de la chance. Il s’y exerce. C’est une arme. Il a du travail derrière ça. Il a commencé très jeune à tirer chaque jour. Regardez Ovechkin à Washington, Robitaille à Los Angeles : ce tir vient avec de la pratique. »

Caufield a obtenu son deuxième point du match en transperçant la défense adverse à l’aide de quelques feintes. Il a perdu la rondelle, qui a abouti sur le bâton de Xavier Ouellet. Le capitaine a fait mouche dans un filet presque désert.

« Sur le but de Xavier, il a su couper à l’intérieur et trouver les petits espaces libres. Tu ne peux pas juste être un tireur. Il a aussi l’exécution. Tu as vu aussi sa passe à Weal [en troisième]. Il y a de l’enseignement à faire avec lui sans la rondelle. Mais je ne peux pas enseigner ce qu’il a fait ce soir. »

Caufield a marqué le but gagnant en saisissant son propre retour sur une échappée partielle en troisième période pour battre le gardien dans la partie supérieure.

Certains ne manqueront pas de dresser un parallèle avec le premier match de Ryan Poehling avec le Canadien, il y a deux ans. Poehling avait compté trois fois contre les Maple Leafs de Toronto, en plus du but gagnant en fusillade.

« Ce qu’il a fait ce soir, ça n’est pas hors du commun, compte tenu de l’individu. Ryan, ça n’est pas le même profil. C’est un joueur de centre bon sur 200 pieds. Il avait quelque chose comme 7 buts à sa dernière année dans les rangs collégiaux [8 pour être exact], tandis que Cole est un marqueur de buts. Ryan, c’était un peu extraordinaire pour lui de marquer ces trois buts. »

Caufield était exubérant après le match. « C’est une soirée vraiment spéciale, surtout avec le Hobey-Baker, mais toute mon attention était portée sur le match. J’ai trouvé mes repères rapidement, mais ça ne sera pas comme ça à chaque match. »

Le jeune homme a survolé la compétition même s’il en était à sa première expérience chez les professionnels. A-t-il néanmoins été surpris par le calibre de jeu ?

« On apprend toujours. J’étais vraiment fébrile avant le match, plus fébrile que nerveux. J’ai réalisé que lorsque tu travailles fort, l’offensive arrive. Il faut aussi être un peu plus patient en zone offensive. J’ai eu la chance de jouer avec deux très bons joueurs [Yannick Veilleux et Jordan Weal]. »

Joël Bouchard a tenu à rendre hommage aux entraîneurs de Caufield à Wisconsin. « Il a vraiment progressé depuis un an. Tony Granato, c’est important de reconnaître son travail à Wisconsin. Ils doivent être fiers. Il est plus rapide. Plus dynamique. »

Caufield n’est pas le seul espoir du CH à avoir produit vendredi soir. Ryan Poehling a obtenu le troisième but du Rocket, son 4but en 6 matchs, son 15e point à ses 14 dernières rencontres, pour porter son total à 19 points en 24 parties. Il en avait amassé seulement 13 en 36 matchs l’an dernier.

À quelques heures de son premier match en carrière dans les rangs professionnels, Caufield a remporté l’honneur suprême dans la NCAA : le trophée Hobey-Baker, remis au joueur par excellence dans les rangs collégiaux américains.

Le premier choix du Canadien en 2019, 15e au total, était finaliste avec l’espoir des Sénateurs d’Ottawa, le centre Shane Pinto, 32 points en 28 matchs à North Dakota, un choix de début de deuxième ronde en 2019, et le gardien Dryden Mckay, de l’Université de l’État du Minnesota, 23 ans, jamais repêché.

Caufield a survolé la NCAA cet hiver avec 52 points, dont 30 buts, en seulement 31 matchs à Wisconsin, dans la puissante division Big 10.

« Le Hobey-Baker, c’est un gros truc pour moi, confiait-il la veille. C’était l’un de mes objectifs avant le début de la saison. Le titre de meilleur joueur au niveau universitaire, ça signifie beaucoup. Mais je suis finaliste avec deux très bons joueurs et le plus important demeure le match. »