L’éternelle reconstruction des Sabres de Buffalo a de quoi décourager leurs fans.

Par contre, la méthode du DG Kevyn Adams, celui qui vient d’échanger Jack Eichel, tranche avec celle de ses prédécesseurs.

Adams y va pour une reconstruction à fond, contrairement à Tim Murray et Jason Botterill qui ont pris de nombreux raccourcis pour accélérer le processus.

Murray a pourtant bien commencé son règne en 2014 en obtenant un choix de première ronde pour son gardien Ryan Miller (William Carrier et Chris Stewart n’ont cependant pas rapporté ce qu’on espérait).

Mais, dans l’un de ses autres premiers échanges d’importance, il a cédé le défenseur Brayden McNabb et deux choix de deuxième ronde pour obtenir Hudson Fasching. Celui-ci venait de connaitre une très bonne saison dans la NCAA avec l’Université du Minnesota. Fasching n’a jamais pu s’établir dans la LNH. Il joue toujours dans la Ligue américaine sept ans plus tard.

Le DG de l’époque a aussi cédé un choix de deuxième ronde au Canadien pour Josh Gorges (ensuite cédé à Chicago pour Andrew Shaw) et donné un contrat de trois ans au vétéran en fin de carrière Brian Gionta.

Accorder 25 millions pour cinq ans à Matt Moulson n’était pas l’idée du siècle non plus.

En 2015, Murray passait déjà à la deuxième phase de son plan, à peine un an après son arrivée. Il cédait Tyler Myers, Drew Stafford, Brendan Lemieux, Joel Armia et un choix de première ronde pour Evander Kane et Zach Bogosian. Quelques mois plus tard, il sacrifiait un autre choix de première ronde pour obtenir le gardien Robin Lehner.

Il a ensuite donné Mikhail Grigorenko, J.T. Compher, Nikita Zadorov et un choix de deuxième ronde pour Ryan O’Reilly, un bon échange en théorie, mais infructueux à long terme.

Il est toujours curieux de voir les DG de clubs en reconstruction céder des choix de première ronde comme on donne des bonbons à l’Halloween.

En 2016, il allouait 42 millions pour sept ans à Kyle Okposo, alors que les Sabres n’étaient pas encore en position d’être compétitifs. En avril 2017, Tim Murray n’avait plus d’emploi.

Son successeur, Jason Botterill, semblait lui aussi avoir compris le processus de reconstruction à son embauche en 2017.

Dans la première année de son règne, il a obtenu un choix de première ronde des Sharks pour Evander Kane, un indésirable au sein de l’organisation. Puis, peut-être pas le joueur à échanger, Ryan O’Reilly, lui a néanmoins rapporté des choix de première et deuxième ronde et le jeune géant Tage Thompson.

Mais Botterill a lui aussi été pressé. Il a donné des choix de deuxième et troisième ronde pour Jeff Skinner, et celui-ci a répondu avec une saison de 40 buts, mais il a ensuite fallu lui donner 72 millions pour huit ans afin de le garder à Buffalo…

Le choix de première ronde obtenus pour Kane n’est pas resté à Buffalo longtemps. On l’a donné aux Ducks d’Anaheim pour le défenseur Brandon Montour. Celui-ci a été échangé en Floride deux ans plus tard pour un choix… de troisième ronde. Le défenseur Colin Miller a aussi été acquis au cours de cette période moyennant un choix de deuxième ronde.

Comment un DG comme Botterill, se disant en reconstruction, peut-il céder un choix de première ronde, deux choix de deuxième ronde et quatre choix de troisième ronde en moins de deux ans de règne?

En conférence de presse jeudi, Kevyn Adams a précisé sa pensée. « Nous devons reconstruire avec des joueurs qui souhaitent évoluer ici, et qui croient en notre plan. Il a fallu prendre certaines décisions avec cette idée en tête. On y a travaillé très fort. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA LNH

Kevyn Adams, l’homme qui vient d’échanger Jack Eichel à Vegas.

Depuis son arrivée, Adams a obtenu deux choix de première ronde, un choix de deuxième ronde et le jeune gardien Devon Levi pour le défenseur Rasmus Ristolainen et l’attaquant Sam Reinhart dans des échanges séparés avec Philadelphie et la Floride.

Reinhart était malheureux à Buffalo. Avec le recul, on regrette évidemment de l’avoir repêché au deuxième rang devant Leon Draisaitl en 2014, sous le règne de Murray, mais difficile de cracher sur un joueur qui amasse 105 points en 60 matchs à son année d’éligibilité.

Les joueurs obtenus pour Jack Eichel, dont les conflits avec l’organisation sont documentés, ne seront pas malheureux avec les Sabres. Alex Tuch est né à Syracuse, à deux heures de route de Buffalo, et il a grandi en étant fan des Sabres. Peyton Krebs, 19 ans, un coéquipier de Dylan Cozens au sein de l’équipe canadienne junior, obtiendra enfin une chance de percer. Il était coincé derrière des centres plus expérimentés à Vegas.

Il reste maintenant à Kevyn Adams de ne rien précipiter, bien repêcher et éviter les mauvais échanges, contrairement à ce qu’ont fait Murray et Botterill avant lui.

L’exploit du jour

PHOTO JEROME MIRON, USA TODAY SPORTS

Brady Tkachuk

Les Sénateurs d’Ottawa ont un nouveau capitaine, Brady Tkachuk. Nommer un joueur de 22 ans à ce titre s’inscrit parfaitement dans le processus de reconstruction de l’équipe. Mais il faudra être patient et marcher avant de vouloir courir. Le DG Pierre Dorion avait annoncé la fin de la reconstruction, mais les Sénateurs sont jeunes et montrent une fiche de 3-6-1 depuis le début de la saison. Tkachuk a quatre points en sept matchs.

La citation du jour

Non, l’information avec les joueurs nommés n’était pas vraie.

Kevyn Adams, directeur général des Sabres de Buffalo, nie les rumeurs selon lesquelles Matthew Tkachuk, des Flames de Calgary, aurait été offert aux Sabres avec des choix et des espoirs pour Jack Eichel.

Le chiffre du jour : 4

PHOTO CHARLES KRUPA, ASSOCIATED PRESS

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron n’avait pas encore marqué après sept matchs. Il a profité de la visite à Boston des pauvres Red Wings de Detroit jeudi pour compter quatre buts. Bergeron, 36 ans, a sept points en huit matchs depuis le début de la saison et on se demande bien quand il commencera à ralentir…

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3- Mikaël Lalancette n’a pas connu les premiers Remparts, ceux de Guy Lafleur, mais il a très bien connu les deuxièmes, ceux de Patrick Roy, qui sont nés en 1997, et qui ont rapidement connu le succès, avec notamment une conquête de la Coupe Memorial en chemin. Ces Remparts-là existent depuis maintenant 25 ans, et ça donne ce livre, Les Remparts de Québec — 25 ans de passion, qui est paru ce mercredi aux Éditions de l’Homme.