Une normalité réconfortante a repris son cours à la Place Bell, vendredi soir.

Celle d’une foule rassemblée pour regarder un match de hockey professionnel. Pour encourager son équipe. Pour huer les arbitres. Et pour s’exclamer de joie. Souvent.

Le Rocket s’est imposé par la marque de 6-2 face aux Senators de Belleville lors du match d’ouverture, à Laval. Une rencontre à sens unique, donc, comme pour remercier des partisans qui n’avaient pas vu le club-école du Canadien disputer de matchs dans son vrai domicile depuis 583 jours, soit le 11 mars 2020.

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« Je ne sais pas si c’était le premier match des séries ou le premier match de la saison, a lancé Danick Martel en riant après la rencontre. L’intensité était là chez les fans, ça nous a aidés. »

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Martel a été l’auteur du but peut-être le plus important du match pour le Rocket. Les Senators, par l’entremise de Philippe Daoust, venaient de créer l’égalité 2-2 en milieu de deuxième période. Quinze secondes plus tard, le Québécois redonnait les devants à son équipe en profitant de l’un des nombreux retours juteux de Mads Søgaard.

« On travaillait fort sur l’échec avant, a-t-il analysé. Ça a mené au but, et ça, c’est mon genre de but. La rondelle a dévié, et il ne me restait plus qu’à la mettre dedans. Ça a donné un bon boost par la suite, on a eu des buts rapides. »

Avec 8 min 32 s à faire en deuxième, le Lavallois Jean-Sébastien Dea marquait son premier but dans l’uniforme du Rocket, à son premier match à Laval. C’était 4-2.

Jean-Christophe Beaudin en rajoutait deux minutes plus tard. Il enfilait l’aiguille habilement en faisant passer la rondelle entre les jambières du gardien en échappée. Trois buts coup sur coup de joueurs québécois portaient donc la marque à 5-2. Les carottes étaient cuites pour Søgaard : le substitut Kevin Mandolese s’amenait dans la mêlée.

Beaudin marquait ainsi contre l’équipe avec laquelle il a passé les quatre dernières saisons. « Il y a beaucoup de gars que je considère comme mes amis de l’autre côté, mais sur la glace, il n’y a pas d’amis », a-t-il commenté avec assurance.

Poehling, chef de meute

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Ryan Poehling

Ryan Poehling a quant à lui bien réagi à sa rétrogradation à Laval, lui qui espérait se tailler finalement une place avec le grand club lors du camp d’entraînement montréalais. Il a marqué le sixième but des siens à peine 9 secondes après le début de la troisième période, après une belle échappée.

Son entraîneur-chef Jean-François Houle avait de bons mots à dire à son sujet.

« Il a joué comme un homme sur la glace, j’étais vraiment fier de lui, s’est réjoui celui qui remportait son premier match à la barre d’une équipe de la Ligue américaine. Il a marqué un beau but. […] Je crois qu’il n’a perdu que deux mises en jeu ce soir. »

À propos de son leadership, Houle croit que Poehling « est rendu là dans sa carrière ». « Le temps est venu pour lui d’être un leader. Il était le meilleur marqueur de l’équipe l’an dernier. […] Il a prouvé qu’il pouvait jouer avec acharnement à ce niveau. Il est apprécié dans le vestiaire. Parfois, ces joueurs peuvent porter les autres joueurs et les amener au prochain niveau. »

« Et il parle anglais, a ajouté l’entraîneur. Pour moi, c’est extrêmement important d’avoir un leader francophone et un leader anglophone. La personnalité de Ryan est toute désignée pour cela. »

Le calme avant la tempête

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Une belle énergie émanait de la foule en début de rencontre, mais elle a plutôt joué contre l’équipe locale.

Les Lavallois tiraient de l’arrière 6-0 au chapitre des tirs au but lorsque Matthew Wedman, le centre du quatrième trio des Senators, a ouvert la marque avec un tir dans le coin supérieur en milieu de première période.

« Je crois qu’il y avait de la nervosité un petit peu, a convenu Jean-François Houle. Notre cohésion n’était pas là. […] Mais à mesure que le match avançait, ça se voyait qu’on était plus à l’aise. »

Le trio composé de Kevin Roy, Jean-Sébastien Dea et Gabriel Bourque a été porteur d’une nouvelle énergie lavalloise en fin de première.

Et c’est un favori de la foule qui a récolté les dividendes. Michael Pezzetta, dont le camp d’entraînement avec le Canadien a fait écarquiller bien des yeux à Montréal, n’a eu qu’à cueillir le retour du gardien Mads Søgaard pour créer l’égalité, alors qu’il ne restait que 1 min 36 s se à faire au premier engagement.

« C’était bien d’avoir un but à ce moment dans le match, a dit Pezzetta. On avait commencé lentement, alors ça nous a donné du momentum. »

« Et d’entendre les fans dans l’aréna, c’était fou ! Ça a amené beaucoup d’énergie. »

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Ce regain de forme s’est ensuite transmis à la deuxième période. Il n’a fallu que 36 secondes à Lukas Vejdemo pour donner les devants au Rocket. Il s’est emparé d’une rondelle libre devant une cage laissée béante par le gardien.

Tous les attaquants du Rocket, à l’exception de Jesse Ylönen et de Gabriel Bourque, ont obtenu au moins un point dans cette rencontre.

« Tout le monde peut produire, croit Jean-Christophe Beaudin. On a une équipe assez profonde. Beaucoup de joueurs dans l’alignement ont de gros rôles. »

Les hostilités entre ces deux rivaux reprendront dès ce samedi soir, à Belleville cette fois.