(Tampa) Cela n’assombrira certainement pas les célébrations des prochains jours. Mais la Coupe Stanley qu’a remportée le Lightning de Tampa Bay, mercredi soir, marque une inévitable fin de cycle pour cette organisation.

Seize membres de la formation gagnante (en incluant Alex Killorn) jouent à Tampa depuis trois saisons ou plus. Treize d’entre eux y sont depuis au moins quatre ans.

Or, en raison de contraintes salariales, le visage de l’équipe lors du premier match de la saison 2021-2022 risque d’avoir considérablement changé. C’est ce qu’avait en tête l’entraîneur-chef Jon Cooper lorsqu’il a parlé du « dernier jour d’école » que vivaient ses joueurs.

Pour pourvoir les postes qui se libéreront, la relève s’organise. Et selon Jean-Philippe Côté, directeur du développement des joueurs du Lightning, elle est florissante.

Le Québécois de 39 ans a bien sûr fêté le triomphe avec les joueurs et les entraîneurs dans la nuit de mercredi à jeudi. Mais comme il n’est en poste que depuis deux saisons, cette équipe championne ne porte pas exactement son empreinte, mais bien celle de ses prédécesseurs. Ceux qui ont supervisé le développement des Andrei Vasilevskiy, Nikita Kucherov, Brayden Point, Ondrej Palat…

C’est toutefois chez le Lightning de demain que la filière de Côté sera mise à profit.

« On va perdre des joueurs de premier plan, c’est sûr, affirme l’ancien défenseur au bout du fil. Est-ce qu’on a des gars dans l’organisation qui sont prêts à marquer 40 buts ? Ce n’est pas prouvé encore. Mais on a beaucoup d’espoir. »

Même si « rien n’est sûr à 100 % », le « noyau » du club demeurera en place, selon lui. En attaque, Kucherov, Point et Anthony Cirelli « ne s’en vont nulle part », prédit-il. Idem pour les principaux défenseurs de même que pour le gardien Vasilevskiy. Il faudra donc « broder autour » de ce noyau.

Le succès de Colton

Son avenir, le Lightning a déjà pu le côtoyer de près au cours des récentes séries éliminatoires.

Jean-Philippe Côté, qui a travaillé de près pendant l’hiver avec le Crunch de Syracuse, club-école de la Ligue américaine, s’est vu confier la responsabilité des joueurs réservistes une fois les séries amorcées.

Il a ainsi pu travailler avec Alex Barré-Boulet et Taylor Raddysh, « des gars qui auront un impact au cours des prochaines années ». Ou avec Boris Katchouk, meilleur marqueur du Crunch pendant la saison, qu’on a vu célébrer la victoire, mercredi. Tous les trois ont été dominants dans la Ligue américaine en 2021.

Celui qui l’a fait le plus sourire, c’est toutefois Ross Colton. Le joueur de centre repêché au quatrième tour (118total) en 2016 a d’abord amorcé une troisième saison à Syracuse, mais a fini par faire sa place à Tampa. Et c’est lui qui a marqué le but gagnant du match ultime.

« C’est très valorisant de voir un gars comme ça faire la différence dans une équipe qui a autant de superstars, souligne Côté. Ça montre à quel point l’organisation a de bonnes fondations. »

Culture

Pas moins de 10 joueurs qui ont joué pour le Lightning en finale ont été repêchés par le club. Et deux autres — Yanni Gourde et Tyler Johnson — ont été embauchés comme joueurs autonomes et ont grandi dans l’organisation.

PHOTO CHRIS O’MEARA, ASSOCIATED PRESS

Yanni Gourde

Plus tôt cette semaine, Jon Cooper a rendu hommage au système de développement du Lightning. Un « programme exceptionnel », qui porte une attention méticuleuse à l’évaluation des jeunes joueurs et à l’amélioration de leurs habiletés. Stacy Roest en occupait la direction jusqu’à sa promotion comme assistant au directeur général Julien BriseBois, en 2019. Il a alors passé la main à Jean-Philippe Côté, « qui fait du travail fabuleux », dixit Cooper. Le pilote du Lightning a aussi vanté Benoît Groulx, entraîneur-chef du Crunch de Syracuse, qui livre « des joueurs de la Ligue nationale » au grand club.

Ces éloges, estime Côté, témoignent d’à quel point le développement est imbriqué dans la culture de l’organisation.

« On a des intervenants extraordinaires, dit-il. Que ce soit nos spécialistes du patin ou des habiletés, notre psychologue sportif qui a passé l’année avec les joueurs et les coachs, notre expert en mécanique du mouvement… C’est vraiment un tout. J’ai goûté à ça comme joueur [il a joué pour le Lightning et le Crunch de 2012 à 2015], mais au cours des dernières années, avec Steve Yzerman puis Julien BriseBois, l’accent a été complètement mis sur le développement. »

« Pour avoir parlé avec quelques agents, raconte encore Côté, ils savent qu’en envoyant leurs joueurs ici, on n’hésitera pas à mettre du temps et des efforts pour en faire le meilleur athlète possible. Je suis chanceux d’être impliqué là-dedans. J’apprends encore beaucoup. C’est super motivant. »

Par ailleurs, conclut-il, « on ne s’inspire pas beaucoup des autres équipes ».

« On essaie d’être des précurseurs… Bien sûr, je pose beaucoup de questions, et je regarde un peu ce qui se fait à gauche et à droite, mais je me fie d’abord à mon instinct. Et jusqu'à présent, je n’ai pas eu trop de tapes sur les doigts ! Alors je me dis que ça doit bien aller. »