Avec le soleil qui brille sur la métropole ce week-end, le lecteur de La Presse a sans doute profité de son samedi pour jardiner, se balader en vélo, nettoyer sa piscine…

Les joueurs des Golden Knights de Vegas, eux, ont cherché des solutions. Pour marquer des buts, en général. Et pour le faire en avantage numérique, en particulier.

Les visages étaient longs, vendredi soir, après la défaite en prolongation subie aux mains du Tricolore. Et le questionnement était manifeste : comment, diantre, réussirait-on à décoder l’unité de désavantage numérique du Canadien ?

Au cours des trois premiers matchs de cette série demi-finale, les Chevaliers ont goûté à la médecine que le CH a déjà servie aux Jets de Winnipeg et aux Maple Leafs de Toronto.

À court d’un ou deux hommes, le Canadien n’a donné aucun but aux Knights en 10 tentatives. Contre les Jets : aucun but en 8 chances. Contre les Leafs, ça s’est passé en deux temps : d’abord, trois buts en 16 chances au cours des quatre premiers matchs, puis rien du tout en 7 chances dans les trois dernières rencontres.

Mine de rien, cela fait maintenant 25 punitions consécutives dont écope le Tricolore sans en subir de conséquences au pointage.

Au total depuis le début des séries éliminatoires, cela équivaut à un pourcentage d’efficacité de 92,7 % (38 en 41), une performance bonne pour le premier rang du circuit. Cette cadence, si elle se maintenait, serait la quatrième plus prolifique de l’histoire de la LNH.

Cette excellence affichée depuis quelques semaines tranche drastiquement avec le rendement de l’équipe pendant la saison.

Tout au long du calendrier régulier, le CH s’est maintenu à un taux d’efficacité d’environ 77 % – parfois plus, parfois moins. Résultats finaux : 78,5 %, en 22e place sur 31 équipes.

À titre comparatif, si le Canadien avait conservé ce rythme en séries, il aurait déjà accordé six buts de plus à court d’un homme (neuf au lieu de trois) en 41 occasions. Et il serait probablement déjà en vacances.

Weber en tête

Huit joueurs se partagent l’immense majorité de la tâche à court d’un homme : les attaquants Phillip Danault, Joel Armia, Paul Byron et Artturi Lehkonen, ainsi que les défenseurs Shea Weber, Joel Edmundson, Ben Chiarot et Jeff Petry.

Du groupe, Weber se révèle plus que jamais l’incontestable général. En plus de 42 minutes en désavantage numérique depuis le début des séries, le capitaine n’a été sur la glace pour aucun but de l’adversaire.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Shea Weber

Deux améliorations sautent aux yeux lorsqu’on compare les statistiques en saison à celles en séries. D’abord, le nombre de tirs au but. En saison, le CH était parmi les pires équipes du circuit à ce chapitre, accordant une moyenne de 58,21 tirs par 60 minutes de jeu en infériorité numérique – l’équivalent d’environ 2 tirs par punition mineure.

Le Tricolore a aujourd’hui retranché 21 % de ces tirs alloués. Il accorde maintenant 45,74 tirs par tranche de 60 minutes. Exprimé autrement : chaque fois que l’équipe passe 4 minutes en désavantage numérique, elle accorde un tir de moins qu’avant.

Ensuite, et c’est possiblement là la différence la plus phénoménale : la performance de Carey Price.

Durant la saison, Price, Jake Allen et Cayden Primeau ont présenté un taux d’arrêts combiné de ,861 à quatre contre cinq. Les meneurs de la LNH, les Kings de Los Angeles, étaient à ,900.

C’est principalement Price qui a tiré les chiffres de son club vers le bas : taux d’arrêts de ,825 (37e de la LNH chez les gardiens ayant disputé 100 minutes et plus en désavantage numérique) et taux d’efficacité de ,767 sur les tirs à haut risque (18e).

En séries, la transformation est complète : taux d’efficacité de ,948 (1er) et taux d’arrêts de ,889 sur les tirs à haut risque (2e).

Confiance

Luke Richardson, qui a pris la relève derrière le banc du CH vendredi après que l’entraîneur-chef Ducharme eut été placé en isolement à la suite d’un test positif de COVID-19, est également le responsable du désavantage numérique chez le Tricolore.

Au cours d’une visioconférence, samedi, il a d’emblée évoqué une saison « de hauts et de bas », caractérisée par un nombre exceptionnellement bas d’entraînements vu le calendrier compressé. Un changement d’entraîneur-chef en cours de saison a également eu un effet sur l’organisation générale des troupes. Voilà pour le contexte.

Sur la glace, toutes sortes d’éléments ont agacé Richardson. Des erreurs d’exécution, entre autres, mais également de trop longues minutes passées en territoire défensif, ce qui a mené à des buts tardifs, à quelques secondes de la fin des punitions.

Il estime par contre que le Canadien était l’« une des meilleures équipes de la ligue » pour appliquer de la pression sur le porteur du disque. À cet égard, « le crédit revient aux joueurs », a tenu à préciser l’entraîneur.

En trouvant ici et là du temps pour évaluer et pratiquer le jeu à court d’un homme alors qu’avançait la saison, « on a gagné en confiance », a soutenu Richardson. « Et c’est ce qu’on démontre en ce moment. »

Voilà qui pourrait bien expliquer que le Tricolore ait marqué un but de plus en séries (4) qu’il n’en a accordé à ses adversaires (3) en désavantage numérique !

En d’autres circonstances, cela aurait pu paraître saugrenu, voire impensable. Mais si les 16 derniers mois nous ont appris quelque chose, c’est que tout, mais vraiment tout, est possible.

Le Canadien est en avance 2-1 dans sa série demi-finale face aux Golden Knights. Les deux équipes se retrouveront ce dimanche soir, à 20 h, au Centre Bell.

Le Canadien en bref

Un baiser pour Daron

Après que le CH eut confirmé sa victoire contre les Knights vendredi soir, on a aperçu Richardson poser un baiser sur sa main et la porter à sa poitrine. Le geste, on s’en doute, n’était pas fortuit. L’entraîneur porte en permanence une épinglette de la fondation Do It For Daron (fais-le pour Daron), ou DIFD, mouvement que sa femme, Stephanie, et lui ont mis sur pied il y a une dizaine d’années après que leur fille se fut donné la mort à l’âge de 14 ans. Ce baiser, c’était en réalité un hommage. « Ça fait longtemps, mais parfois, ça me semble être arrivé hier, a confié Richardson, samedi. Daron est toujours dans nos cœurs. Elle nous manque. » Créée en collaboration avec l’hôpital Royal Ottawa, DIFD a pour objectif de sensibiliser la population aux besoins des jeunes en matière de santé mentale. « C’est un sujet difficile, mais il est important de briser les stigmates afin que personne ne soit laissé pour compte », a ajouté l’entraîneur.

Le bilan attendra

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Eric Staal

L’année d’Eric Staal continue d’aller de rebondissement en rebondissement. Échangé du Wild du Minnesota aux Sabres de Buffalo en septembre dernier, le vétéran a maintenant passé les neuf derniers mois séparés de sa famille. Dans l’intervalle, il a contracté la COVID-19, vécu une saison de misère à Buffalo, été échangé une autre fois (au Canadien) et connu des débuts difficiles avec sa nouvelle équipe. Il est pourtant à deux gains d’une participation à la finale de la Coupe Stanley. Invité par le journaliste Eric Engels, de Sportsnet, à mettre les derniers mois en perspective, Staal a gentiment décliné, affirmant qu’il n’était pas question qu’il se prête à l’exercice « tant que ce n’est pas fini ». « Ç’a été une grosse année pour mes proches et pour moi, mais aussi pour tout le monde dans la ligue, a-t-il dit. Il nous manque encore deux victoires avant la vraie danse. Le match de [dimanche], à domicile, sera énorme. »

Vejdemo sous contrat

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Lukas Vejdemo

Le Canadien s’est assuré de retenir les services de Lukas Vejdemo pour une autre saison. Le Suédois de 25 ans, joueur autonome sans restriction dit de groupe 6 vu son âge et son expérience de trois saisons chez les professionnels, aurait pu signer un contrat avec l’équipe de son choix, mais il a préféré demeurer dans l’organisation du Canadien. Sa nouvelle entente, à deux volets, est d’une valeur de 750 000 $ si Vejdemo joue dans la LNH. Choix de 3e tour (87e au total) du Canadien en 2015, ce joueur de centre polyvalent a laissé une bonne impression lors de son court séjour dans la LNH au cours de l’hiver 2020. Il a toutefois passé toute la saison 2021 dans la Ligue américaine, où il a récolté 13 points en 27 matchs dans l’uniforme du Rocket de Laval. Il avait fait le saut en Amérique du Nord en 2018 après quatre saisons avec le Djurgardens IF, dans le principal championnat de Suède.