Un espace de stationnement samedi autour du Centre Bell : 38 $.

Un billet dans les rouges acheté auprès d’un revendeur : 4000 $.

Savoir qu’il y aura un septième match Montréal-Toronto : ça n’a pas de prix.

Pour la première fois depuis 1964, une série entre le Canadien et les Maple Leafs se rendra à la limite. Un dénouement inattendu. Inespéré. Improbable.

Pensez-y. Le Canadien tirait de l’arrière 3-1 dans cette série. Puis, lors des deux derniers matchs, il a laissé filer une avance de deux buts ou plus en troisième période, avant de sauver sa saison en prolongation. Savez-vous combien de fois ce scénario exact s’est produit, pour un club faisant face à l’élimination, dans toute la riche et glorieuse histoire de la LNH ?

Aucune.

Quand même…

Le Canadien peut maintenant espérer accomplir l’objectif qu’il s’est fixé en début de saison. « Faire des dommages » dans les séries. Car éliminer les puissants Maple Leafs – premiers de la division Nord – serait un exploit immense. Les Torontois ont terminé l’année avec 35 victoires. Le Canadien, 24. Leur différentiel ? + 39. Celui du Tricolore ? -9.

Si le Canadien est encore vivant, c’est d’abord grâce à son gardien étoile. Samedi soir, Carey Price fut aussi dominant que surtaxé. Surtout en fin de rencontre. Il était magistral. Il a bloqué 41 tirs. Une des grandes performances de sa carrière. Être coach de l’équipe canadienne de gymnastique, je lui aurais offert un laissez-passer pour les Jeux de Tokyo, après son grand écart face à Auston Matthews, en prolongation.

Devant lui, les unités spéciales l’ont enfin soutenu, avec deux buts en supériorité numérique. Les deux premiers depuis le 3 mai. Aussi bien dire l’ancien temps. Celui où il n’était pas encore question d’ouvrir les terrasses, et encore moins d’accueillir 2500 spectateurs au Centre Bell.

Mais la plus grande différence entre le début de la série et les derniers matchs, c’est la couverture du trio d’Auston Matthews par Phillip Danault, Shea Weber et Ben Chiarot. Matthews a terminé la saison avec 41 buts, un sommet dans la ligue. Son partenaire de trio, Mitchell Marner, a fini au quatrième rang des marqueurs du circuit. On parle ici de la crème de la crème des attaquants.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Phillip Danault, du Canadien, et Justin Holl et Jack Campbell, des Maple Leafs

Sauf que depuis deux matchs, la crème ne monte pas. Parce que Phillip Danault parvient à neutraliser Auston Matthews. À chaque présence, le centre du Canadien nous rappelle qu’il est un joueur d’élite en défense. Et que le Tricolore serait mal avisé de le laisser partir comme joueur autonome cet été. Shea Weber et Ben Chiarot, qui ont connu un début de série difficile, font aussi un très bon boulot contre la première unité adverse. Les deux ont affronté Matthews pendant 22 minutes samedi soir. Le franc-tireur des Leafs a eu sa part de belles occasions (sept tirs), mais n’est pas parvenu à marquer. Marner non plus.

Comme je l’ai écrit au début des séries, la seule façon pour le Canadien de passer au second tour, c’est si Price arrête autour de 93 % des tirs dirigés vers lui – il est à 92,6 % – et si Danault parvient à contenir Matthews. C’est exactement ce qui s’est produit lors des deux derniers matchs. J’avais aussi prédit une victoire des Leafs en 7.

Mais vous savez quoi ?

Je commence à douter…