La chose peut sembler abstraite pour le public montréalais, mais trouver un gardien numéro 1 n’est pas de tout repos.

La vie était belle, à Calgary, sous le règne de Mikka Kiprusoff. Qu’il pleuve, qu’il neige ou que les plaies d’Égypte s’abattent sur l’Alberta, il n’y avait pas de question à se poser avant une rencontre : le Finlandais défendrait le filet ce soir-là.

Après avoir amené les Flames à un gain de la Coupe Stanley en 2004, il a aligné sept saisons de 70 matchs ou plus. Pas plus compliqué que ça.

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Mikka Kiprusoff devant le filet des Flames au Centre Bell, en octobre 2011

Or, depuis sa retraite en 2013, c’est autrement plus hasardeux dans le demi-cercle bleuté.

Au cours des sept dernières années, pas moins de six gardiens ont disputé au moins 35 matchs au cours d’une saison avec les Flames. Dans un passé récent, David Rittich et Mike Smith l’ont fait à deux reprises chacun. Avant eux, la brochette n’est pas très relevée : Karri Ramo (2 fois), Chad Johnson, Brian Elliott et Jonas Hiller. Hormis Rittich, qui est toujours un membre de l’organisation – et qui a peiné à son premier départ de la saison jeudi à Montréal –, aucun des cinq autres n’a passé plus de trois ans à Calgary.

Voici toutefois Jacob Markstrom, gardien suédois qui fêtera ses 31 ans quelques heures après avoir affronté le Canadien ce samedi soir.

Affirmer que les attentes à son endroit sont élevées tient de l’euphémisme. Dans un marché des joueurs autonomes marqué par la frugalité, on lui a accordé en octobre dernier un contrat de six ans qui lui rapportera 36 millions de dollars, la plus imposante entente signée par un représentant de sa profession pendant la saison morte.

Bref, les Flames n’ont lésiné sur aucun effort pour attirer celui qui a terminé quatrième au scrutin pour l’obtention du trophée Vézina en 2019-2020.

Confiance

À n’en point douter, il devient le gardien le plus reconnu à porter le C enflammé depuis Kiprusoff. Ses débuts à Calgary ne sont pas stratosphériques sur le plan statistique (ficher de 2-2-1, 2,62 et, 911), mais déjà, il a su s’attirer la confiance absolue de ses nouveaux coéquipiers en disputant cinq des six premiers matchs de son équipe.

« On a eu de bons gardiens par le passé, mais il rehausse le niveau d’un cran, a observé l’attaquant Johnny Gaudreau après l’entraînement matinal de son équipe, samedi. C’est un gardien polyvalent, dur à déjouer, qui ne donne pas beaucoup de retours. Il fait de l’excellent travail. »

Bon joueur, Gaudreau a toutefois tenu à rendre hommage à Rittich, sans qui, selon lui, les saisons gagnantes des dernières années n’auraient pas été possibles.

L’entraîneur-chef Geoff Ward a été dithyrambique sur Markstrom, dont l’aura est celle « d’un numéro 1 ».

« Il a la mentalité d’un partant, a-t-il expliqué. Il est imperturbable, en contrôle de son jeu, et il nous donne une chance de gagner chaque soir. »

Au demeurant, il peut « prendre les minutes », a poursuivi Ward. Ce qui est vrai : depuis le début de la saison 2017-2018, il a été le 7e gardien le plus occupé de la LNH, avec 9862 minutes passées devant son filet.

Ward a en outre parlé d’un gardien issu « de la vieille école », dont l’« éthique de travail » est exemplaire. « Un gars de culture, qui a tout de suite trouvé sa place dans notre vestiaire. Il nous donne un grand niveau de confiance quand il est devant le filet. »

Autrement dit : « Il a tout pour lui », pour reprendre les mots de son entraîneur.

On n’aurait pas dit mieux.

Le Canadien aura la chance d’en juger ce samedi soir. La rencontre, disputée au Centre Bell, s’amorcera à 19 h.

En bref

Tkachuk : « Un nouveau défi »

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Matthew Tkachuk

Questionné sur le manque d’émotion qu’ont affiché les Flames jeudi lors de leur premier duel contre le Canadien, le bouillant Matthew Tkachuk a promis que le match revanche de samedi soir aurait une saveur bien différente. « L’émotion sera là, a-t-il garanti. La seule manière d’y arriver [à gagner], c’est en jouant ensemble, avec émotion. […] C’est une nouvelle journée, un nouveau défi. » Bryan Adams aurait sans doute rajouté : un nouveau monde, une nouvelle vie. Autrement, Tkachuk a insisté sur l’importance de briser la séquence de trois défaites que traverse son équipe, surtout avant la série de trois matchs en quatre soirs qui l’attend à Winnipeg. « On n’a pas aimé la manière dont on a subi ces défaites, a-t-il concédé. Si on gagne, ce sera un bon tremplin. C’est un nouveau match. » Décidément, il y a là une tendance.

Ward : « Pas de panique »

Les joueurs des Flames ont tenu une réunion à huis clos après leur défaite de 4-2, jeudi. Ils s’y sont sans doute dit les proverbiales « vraies affaires » – enfin, c’est ce que l’on présume, car aucun détail n’a filtré à propos de cette rencontre. Geoff Ward a souri lorsqu’un reporter lui a posé une question à ce sujet, rétorquant rapidement qu’il n’y avait « pas de panique » au sein de ses troupes. « Nous mettons un fort accent sur la communication dans notre équipe, a-t-il dit. Nous valorisons la prise de parole et voulons faire en sorte que tout le monde dans le groupe puisse exprimer son opinion. C’est très positif. Il est vrai que vues de l’extérieur, ces réunions semblent toujours présumer que ça va mal. Mais ça ne nous inquiète pas du tout. » Ward a ajouté qu’avec son personnel d’entraîneurs, ils étaient encore à « mettre les pièces en place » dans la formation. « Il n’y a aucune panique », a-t-il réitéré.