(Longueuil) Guy Carbonneau sera de retour derrière le banc d’une équipe de hockey professionnelle pour la première fois depuis la fin de son séjour avec le Canadien de Montréal, il y a 11 ans.

Carbonneau dirigera une des huit équipes de la nouvelle ligue de hockey sur glace 3ICE, qui entamera ses activités à trois contre trois en Amérique du Nord dès l’été 2021 et ce, durant neuf fins de semaine. Les matchs seront d’ailleurs diffusés au Canada sur les chaînes RDS et TSN.

L’ex-capitaine du CH dit avoir été approché par le président et directeur des opérations de 3ICE, E. J. Johnston, et le commissaire Craig Patrick peu de temps avant Noël 2019.

Jeu à trois contre trois

« Ils m’ont parlé de ce projet-là, qui était encore au niveau embryonnaire. Ils avaient fait des démarches pour tâter le terrain, savoir si j’avais un intérêt, et au fil des mois et de nos conversations, leur projet est devenu beaucoup plus clair et j’ai décidé de faire le saut », a évoqué celui qui n’a pas dirigé d’équipe professionnelle depuis la fin de son association avec le Tricolore, le 9 mars 2009.

« Le concept est bon, a-t-il poursuivi. On voit l’intérêt des gens depuis que la LNH et la Ligue américaine de hockey ont adopté la prolongation à trois contre trois. Ça roulait dans leur tête, et petit à petit, l’idée a germé et le projet est né. »

Carbo retrouvera derrière le banc des équipes adverses des visages familiers : son ex-coéquipier du CH, John LeClair, de même que Grant Fuhr, Ed Johnston, Joe Mullen, Larry Murphy, Bryan Trottier et Angela Ruggiero, la défenseure de l’équipe américaine féminine médaillée d’or aux JO de 1998.

« Ça va être le fun. On a eu une vidéoconférence pour la première fois hier » (mardi), a noté Carbonneau, qui a été élu au Temple de la renommée du hockey en 2019. « Je les connais pas mal tous, mais ce qui est bien, c’est que nous en serons tous à notre première expérience (à trois contre trois). Ce sera excitant, et très amusant, de partir quelque chose de nouveau, surtout dans les circonstances actuelles. »

Jeu ouvert et aussi continu que possible

Chaque équipe, dont les noms restent à déterminer, sera formée de sept joueurs – six patineurs et un gardien – qui s’affronteront dans un tournoi à élimination directe, à neuf endroits différents pendant l’été.

On peaufine encore la réglementation : on veut éviter les mises en jeu, et s’assurer que le jeu se poursuive non-stop. Tu gagnes, tu avances ; tu perds, tu es éliminé.

Guy Carbonneau

Et ainsi de suite jusqu’à la demi-finale et la finale », dit Carbonneau, qui a remporté la coupe Stanley en 1986, 1993 et 1999.

Au total, les équipes devraient disputer une soixantaine de parties, ainsi qu’un ultime match de championnat.

Quant à savoir quels joueurs se retrouveront sur les patinoires de la 3ICE pour des périodes de huit minutes en temps continu, Carbonneau s’est avancé quelque peu. Il a souligné qu’un groupe d’environ 90 joueurs se retrouvera pour un camp d’entraînement de deux ou trois jours au mois de février ou mars 2021, à Pittsburgh.

Recherchés : joueurs rapides et agiles

« Ce seront des joueurs qui n’évoluent plus dans la LNH, soit parce qu’ils ont annoncé leur retraite ou parce qu’ils ont fait le choix d’évoluer en Europe, a expliqué l’homme de 60 ans. On parle beaucoup des joueurs qui ont évolué à l’époque de Martin St-Louis, Daniel Brière, des joueurs petits, qui ont connu de très belles carrières. C’est ce qu’on recherche. »

Les amateurs de hockey québécois devraient d’ailleurs faire partie des premiers à être conviés à assister aux matchs de cette nouvelle ligue, selon Carbonneau.

« La ligue étudie présentement 15 ou 16 endroits, et Montréal en fait partie. Toronto, peut-être Québec, peut-être Halifax, feront aussi partie de ces arrêts-là, en plus de ceux aux États-Unis. Chaque week-end, nous nous déplacerons d’un endroit à l’autre. Il y aura des entraînements les vendredis et samedis en matinée, un match le samedi soir, et tout le monde rentrera chez lui le dimanche », a-t-il décrit.

Une ligue complémentaire

« Je crois qu’ils visent la Place Bell, à Laval, et je pense qu’ils vont revoir leurs objectifs en fonction de l’engouement que cette ligue-là va créer. Si nous sommes capables de remplir le Centre Bell avec ce format-là, alors ce serait extraordinaire, mais pour l’instant l’objectif c’est de tenir les tournois dans des arénas dotés d’une capacité d’environ 10 000 spectateurs. »

Carbonneau ne croit toutefois pas que cette ligue a été conçue pour venir jouer dans les plates-bandes de la LNH, même si la présente convention collective doit arriver à échéance à l’issue de la saison 2021-22 et qu’un conflit de travail n’est toujours pas exclu.

« Je ne pense pas que c’est l’objectif de cette ligue-là. Je crois plutôt qu’il s’agit d’un complément. De toute façon, selon moi, les négociations pour le renouvellement de la convention collective vont se régler avant ça, et avec ce qui se passe avec la pandémie, je ne vois pas pourquoi les joueurs ou les dirigeants voudraient provoquer un autre conflit de travail. »

Carbo doute que la LNH reprenne cet été

Au sujet de la relance des activités dans le circuit Bettman, en pleine pandémie de coronavirus, Carbonneau a joué de prudence.

« J’ai de la difficulté à croire que la ligue puisse être relancée cet été. Je ne pense pas que l’objectif est de renflouer les coffres, je crois que c’est plutôt de clôturer la saison actuelle. Sauf que je ne crois pas que la ligue pourra le faire sans attaquer la saison prochaine. Il faudrait davantage se concentrer sur la saison prochaine, et développer certains scénarios pour une relance au mois d’octobre, novembre ou décembre. […] La ligue travaille fort là-dessus, mais j’ai de la difficulté à croire à une relance au cours des prochaines semaines. »

En attendant, Carbonneau a fait partie des 50 000 golfeurs – selon des chiffres qui ont été avancés par l’Association des clubs de golf du Québec – qui ont pris d’assaut les terrains de la province mercredi.

« Tout le monde avait hâte de connaître cette date-là, a déclaré le principal intéressé. Je jouerai tous les jours, à compter d’aujourd’hui. Je suis membre à Laval-sur-le-Lac et au St-Raphaël. Vous savez, je demeure sur le golf, et s’il y a un endroit, vraiment, où on peut respecter les nouvelles réglementations, c’est bien au golf. […] C’était le temps que certaines activités sportives repartent. »