(Detroit) Le Canadien a été échaudé par l’arbitrage ces derniers jours. Il y a d’abord eu Zdeno Chara qui, en homme de la Renaissance qu’il est, a joué les oto-rhino-laryngologistes avec Brendan Gallagher comme patient. Puis samedi, quand les Stars de Dallas s’en sont tirés avec quelques gestes qui ont semblé contrarier Claude Julien.

Anthony Mantha peut comprendre ce que vit le Tricolore. Le 21 décembre, l’attaquant des Red Wings de Detroit s’est blessé à une épaule quand il a été renversé par Jake Muzzin dans une mêlée. Muzzin a reçu une pénalité mineure double, mais n’a pas été suspendu, même s’il semble assez évident que le défenseur des Maple Leafs de Toronto a servi un croc-en-jambe à Mantha.

Le Québécois a dû s’absenter sept semaines et est revenu au jeu la semaine dernière.

« C’est sûr que j’aurais aimé que ce soit puni, a reconnu Mantha, en entrevue téléphonique avec La Presse, vendredi. Ça n’a pas été puni. [Deux matchs plus tard], il a reçu un tir de P.K. Subban sur le pied. C’était peut-être ça, sa punition. »

Ledit tir a fait manquer à Muzzin un mois d’action.

Une culture à établir

Au-delà de l’anecdote, l’incident en dit long sur le leadership que tente d’exercer Mantha au sein d’une équipe en plein cœur d’une véritable reconstruction.

Si la mêlée en question a eu lieu, c’est que Muzzin venait de frapper le défenseur Madison Bowey. Mantha s’est porté à la défense de son coéquipier.

L’an passé aussi, Mantha s’était blessé en défendant un coéquipier — Dylan Larkin — qui venait de se faire bousculer par Patrick Nemeth. Cette fois-là, Mantha avait engagé le combat et s’était blessé à une main.

Le problème, c’est que Mantha a beau être un géant de 1,95 m et 106 kg (6 pi 5 po et 234 lb), il n’est pas payé pour être le nouveau Bob Probert des Red Wings. Au moment de se blesser, l’ancien choix de premier tour comptait 24 points en 28 matchs. L’an dernier, il a empilé 25 buts et 23 aides pour 48 points en 67 matchs.

L’entraîneur-chef des Wings, Jeff Blashill, aurait préféré que Mantha s’abstienne. « Il s’est blessé plusieurs fois en se défendant ou en défendant des coéquipiers, a rappelé Blashill au Detroit Free Press, plus tôt en février. Il devra être intelligent quand de telles situations surviennent. Peut-être qu’un autre joueur pourrait s’interposer à sa place. »

Le message ne semble toutefois pas s’être rendu à l’ancienne gloire des Foreurs de Val-d’Or. Car si c’était à refaire, il recommencerait. « Je l’ai fait toute ma carrière junior, et je le fais depuis que je suis dans la Ligue nationale. »

« C’est sûr que les coachs sont déçus quand je me blesse. Mais on ne veut pas être une équipe qui se fait piler sur les pieds. On essaie de bâtir une chimie. Ce qui s’est passé, ça peut être très bon pour le futur. »

Négociations à venir

Parlant de l’avenir, on saura au cours des prochains mois si Mantha en fera partie à long terme chez les Wings.

Le numéro 39 écoule actuellement la dernière année d’un contrat de deux saisons, qui lui a rapporté 3,3 millions de dollars par année.

Il y a essentiellement deux scénarios possibles : un contrat de deux ans qui le mènerait à l’autonomie complète, ou une entente à long terme qui confirmerait son statut à Detroit. C’est cette dernière option qu’il préférerait. Mais il faudra toutefois voir ce qu’en pense Steve Yzerman, arrivé au poste de directeur général le printemps dernier.

Je viens d’y aller à court terme, donc s’ils m’offrent du long terme, j’irais pour ça.

Anthony Mantha

D’ici là, Mantha tentera de retrouver son rythme d’avant sa blessure. Après avoir obtenu trois points à ses deux premiers matchs, il a été blanchi à ses deux dernières sorties.

« C’est difficile, mais je m’y attendais. Ça va prendre quelques matchs pour que je retrouve mes jambes, mon cardio, pour que je m’ajuste à la vitesse d’un match. Le premier match a été un peu mieux que le deuxième. C’est normal, t’es excité de revenir. J’espère que ça va cliquer très bientôt. »

Il comprend donc très bien ce qu’a pu vivre Jonathan Drouin, qui en a arraché à son retour à la suite de près de trois mois d’absence.

« Jonathan, c’était encore plus long comme absence. Tout le monde continue de s’améliorer et là, c’est le moment critique de la saison. Les équipes élèvent leur jeu d’un cran. Pour les joueurs qui ne sont pas blessés depuis septembre, la vitesse du jeu et l’exécution, c’est naturel. »

« Voir venir un jeu, quand tu reviens après une longue absence, ça peut te prendre une fraction de seconde de plus. Et avec la vitesse de la LNH, une fraction de seconde, ça fait une grosse différence. »

Congé d’entraînement

Les Red Wings bénéficiaient d’un congé d’entraînement lundi. L’équipe vient de disputer quatre matchs en six jours, les quatre sur la route, séquence qui se concluait par un pénible programme double que le Canadien vient de se farcir : à Boston samedi, à Pittsburgh dimanche. Comme le CH, les Wings y ont subi deux défaites. Detroit a perdu ses quatre derniers matchs, de même que 14 de ses 16 derniers. Avec une fiche de 14-43-4 (32 points), ils sont virtuellement assurés de terminer la saison au dernier rang du classement général, car on doute qu’ils comblent le retard de 15 points qui les sépare des Kings de Los Angeles, avant-derniers. Tout indique que les Wings auront donc les meilleures chances (18,5 %) de gagner la loterie du premier choix.