Les médias de la ville de Trois-Rivières organisent actuellement un concours pour trouver le nom de la future équipe de l’ECHL. C’est donc exactement le défi que se sont lancé Simon-Olivier Lorange et Richard Labbé dans le débat de la semaine.

Simon-Olivier

Salut, Richard. J’espère que ton magasinage en ligne avance bien et que tes pneus d’hiver sont posés. D’une part, parce que c’est la loi, mais également parce que les prétextes pour prendre le chemin de Trois-Rivières seront plus nombreux que jamais. Comme tu le sais, la perle de la Mauricie aura bientôt son équipe de l’ECHL. Je ne sais pas pour toi, mais il me semble que le nom de Draveurs devrait être un choix instinctif, en hommage au défunt club de la LHJMQ. Qui, à Québec, accepterait autre chose que la dénomination « Nordiques » advenant l’arrivée d’une concession au Centre Vidéotron ? Draveurs, c’est classique, et c’est au demeurant un hommage à une époque magique où des hommes mûrs comme toi et moi, plutôt que de prendre du poids devant nos ordinateurs, aurions mis nos vies en jeu, en équilibre précaire sur des billes de bois. Tu ne peux pas ne pas aimer ça.

Richard

Salut, Simon-Olivier ! En premier, merci de t’informer de mes pneus, c’est le genre de délicatesse qui se perd de nos jours, si tu veux mon avis. Ils sont bel et bien posés. Toi, au fait, as-tu fait faire ton changement d’huile ? Comme le dit l’adage, un changement d’huile toutes les saisons éloigne le concessionnaire pour de bon. Mais laissons faire nos voitures, si tu le veux bien, et ramenons-nous à l’essentiel : le retour du hockey à Trois-Rivières. Je présume que tu n’étais pas né, ce qui est fort dommage, mais moi, les Draveurs, je les ai bien connus, et je peux te le dire : ce nom-là me rappelle des scènes de bancs qui se vident et de bagarres générales passé minuit. C’était accepté et même encouragé jadis, lors des glorieuses années 1970, mais maintenant, est-ce que c’est ce genre de hockey que l’on veut vendre aux bonnes gens de Trois-Rivières ? J’ose croire que non.

Simon-Olivier

Je me préparais à t’accuser d’âgisme et à publier tes coordonnées personnelles sur les réseaux sociaux en guise de représailles, mais après vérification, tu as en partie raison : je n’ai vu le jour qu’au terme de la 11e des 18 saisons d’existence de feu les Draveurs. Au risque d’en rajouter, je constate que mes parents ne se connaissaient même pas lorsque Michel Bergeron est apparu pour la dernière fois derrière le banc du club. Mais je m’égare. Nouvelle suggestion : Trois-Rivières a connu le Caron et Guay, de la Ligue nord-américaine. Pourquoi pas le Verret et Perreault, comme dans Claude et Yanic, en hommage aux deux meilleurs marqueurs de l’histoire – pardon d’y revenir – des Draveurs ? Avec respectivement 462 et 407 points en 200 matchs chacun, ces deux héros locaux ont leur place dans la conversation, et ce, sans égard au fait que le nom de l’équipe aurait l’air d’un cabinet de juricomptables.

Richard

Tu n’es pas sans savoir que je n’ai jamais été un partisan de l’incursion du corporatisme dans le monde du sport ; au fait, as-tu déjà été voir un match au Smoothie King Center ? Ça fait mal aux dents juste d’y penser. Alors non, pas de Verret et Perreault pour moi, même si ce sont des personnes qui ont jadis existé. Je ferais peut-être une exception pour le Normandin de Trois-Rivières, une chaîne de fine gastronomie s’il en est, mais pour être plus sérieux, pourquoi pas un autre nom qui aurait un lien avec le Canadien, dont l’influence sera plus que palpable ? Laval a le Rocket. Trois-Rivières pourrait avoir le Flower ou encore le Boom-Boom ?

Simon-Olivier

Sache, cher ami, que j’ai bien mieux mangé à mon passage au Smoothie King Center (oui, monsieur !) qu’à mon dernier arrêt dans l’un des 41 établissements de la chaîne de restauration familiale dont je tairai le nom. Par contre, j’aime la direction que tu empruntes avec la référence au Canadien – c’est un secret de Polichinelle que le club de Trois-Rivières en sera une filiale. Mais le Flower ? Dans une ville dont plus de 96 % de la population avait le français comme langue maternelle en 2016 selon le recensement fédéral ? Je ne suis pas fâché, Richard. Je suis déçu. Surtout que la réponse était juste là, elle traînait par terre : le Gros Bill de Trois-Rivières, hommage évident à Jean Béliveau, probablement le plus illustre Trifluvien depuis le Sieur de Laviolette.

PHOTO MICHEL GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jean Béliveau en avril 1968

Richard

Il faudra un jour que tu m’expliques par quel hasard de la vie tu t’es retrouvé au Smoothie King Center, mais pour l’heure, et pour citer le regretté Pat Burns : on a de quoi. Il faudrait en effet un nom qui ramène au passé glorieux des Glorieux pour un avenir à Trois-Rivières que l’on souhaite… glorieux aussi. Le Gros Bill ? Ce n’est absolument rien contre Jean Béliveau, qui a été un marqueur et un gentleman comme tu le sais. Mais ce nom n’est pas facile à « vendre », selon moi. Écoute, il n’est écrit nulle part que le nom doit se rattacher à un joueur en particulier. Alors, que dirais-tu des 1909 de Trois-Rivières ? C’est l’année de naissance du Canadien, et puis je ne suis pas un gourou du marketing sportif, mais il me semble que les chiffres, ça vend. Pense un peu aux 49ers de San Francisco ou aux 76ers de Philadelphie.

Simon-Olivier

Si on est pour emprunter la voie des chiffres, je me permets de recourir à ma formation d’historien obtenue en cinquième année du primaire d’une école publique de la Rive-Sud. Je contre-propose donc le 1634 de Trois-Rivières. Et à bien y penser, il me semble que ça sonne drôlement bien. Sinon, pour un référent 100 % local, pourquoi pas le Saint-Maurice ou Les Forges ? Tu diras que ça va trop loin, et c’est sans doute vrai. Mais lorsque le Canadien a baptisé son club-école devenu le Rocket, je rappelle que l’Alpha et le Cosmos ont fait partie des noms pour lesquels les partisans étaient invités à voter. Sans fausse modestie, je pense que toutes nos suggestions jusqu’ici sont meilleures que ça, y compris le Normandin. Je conçois par contre qu’il est difficile de lutter à armes égales avec des esprits géniaux comme les nôtres. Je te laisse le mot de la fin, tiens.

Richard

Les Forges, je dois te le donner, ça « sonne » plutôt bien. Je verrais ça en grosses lettres sur des casquettes ou des t-shirts sans problème. Mais est-ce que Les Forges serait un nom trop franco et pas assez bilingue pour le reste de la ligue ? Rocket, Canadiens, il y a clairement une volonté de plaire dans les deux langues. C’est pour ça aussi, entre autres, que « Draveurs » ne peut pas fonctionner, je pense. Mais de grâce, laissons faire les noms qui ne veulent rien dire (l’ECHL en a déjà assez, les Ice Dogs, par exemple, parce que des chiens en glace, ça n’existe pas), et revenons à l’essentiel. Le 1634 de Trois-Rivières ? Vendu.

> Pour participer au concours sur le site de la radio 106.9 Mauricie