(Laval) S’il y en a un qui comprend parfaitement ce que vit présentement Cale Fleury, c’est bien Francis Bouillon.

Après la saison 1999-2000, sa première dans la LNH, le petit défenseur québécois espérait bien avoir assuré pour de bon sa place avec le Tricolore : il avait passé toute la campagne avec le « grand club » et jouait régulièrement plus de 16 minutes par match, parfois même plus de 20. Le soulagement était manifeste pour celui qui n’avait jamais été repêché et qui avait dû manger son pain noir dans la Ligue de la côte est, la défunte Ligue internationale et la Ligue américaine avant d’atteindre le circuit Bettman.

Or, il ne se doutait pas, à l’époque, qu’un total de 71 matchs additionnels l’attendaient dans la Ligue américaine au cours des trois saisons suivantes.

« Prendre un petit pas de recul, c’est normal. On l’a tous fait », a dit Bouillon, vendredi soir, en entrevue avec La Presse en marge de l’annonce de la tenue à Laval du match des étoiles de la Ligue américaine.

Bouillon, qui occupe aujourd’hui un poste d’entraîneur affecté au développement des joueurs du Tricolore, ne s’inquiète donc pas pour le sort de Fleury, qui a été cédé au Rocket de Laval vendredi matin. En soirée, le jeune homme de 21 ans était déjà en uniforme contre les Sénateurs de Belleville.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Francis Bouillon

La LNH, a rappelé Bouillon, « n’est pas une ligue de développement, mais une ligue de performance ».

« Le Canadien se bat chaque soir pour les séries, tu veux avoir la meilleure performance possible de tous les joueurs, souligne Bouillon. Cale a de petites lacunes dans son jeu défensif. Il faut qu’il bouge la rondelle un peu plus vite, qu’il améliore son temps de réaction. Ce n’est pas grand-chose. Mais quand le club en haut se bat pour gagner des matchs d’un but, ce n’est pas le bon moment pour corriger ça. »

À Laval, insiste Bouillon, Fleury retrouvera l’entraîneur-chef Joël Bouchard, qui a supervisé les premiers pas du défenseur de la Saskatchewan chez les professionnels.

« Il va travailler avec Joël et son équipe, moi aussi je suis là souvent. On va l’aider », a-t-il promis.

Ascension rapide

Fleury, rappelle l’ancien du Canadien et des Predators, a traversé les étapes de son développement assez rapidement. Après une carrière junior fructueuse sans être flamboyante, il a fait le saut chez les professionnels un peu avant son 20e anniversaire. Il a passé toute la saison 2019-2020 chez le Rocket, et à la surprise générale, il a été retenu par le Canadien au terme du dernier camp d’entraînement.

À son arrivée des rangs juniors, Fleury « était un peu perdu et avait besoin d’orientation », mais il s’est rapidement « pris en main » et a « acheté le concept de Joël Bouchard », énumère Francis Bouillon, qui n’a « aucun doute » que le jeune homme, aidé par son « attitude incroyable d’un jeune qui agit comme un vétéran », reviendra rapidement dans la LNH.

« Un jeune comme lui doit jouer, dit encore Bouillon. J’aime mieux le voir avoir du temps de glace dans la Ligue américaine que de sauter son tour dans la LNH. C’est comme ça qu’il va prendre confiance. »

« Le hockey, c’est 95 % mental, conclut-il. Quand un jeune est retiré de l’alignement, ce n’est jamais facile pour lui de revenir. Et ce n’est pas parce qu’il n’est pas en forme, car il va s’être entraîné encore plus fort. C’est le mental qui est affecté. Alors en l’envoyant jouer dans la Ligue américaine, il est fin prêt quand il est rappelé. »