C'était sur le bord de devenir gênant, et puis Carey Price s'est mis à jouer comme le Carey Price des beaux jours.

Y'a pas à dire, cette 315e victoire du numéro 31, un record d'équipe comme vous le savez sans doute déjà, est survenue au bon moment. Parce que le Canadien n'avait pas le droit d'échapper celle-là, et ce gain de 3-1 contre des Red Wings de Detroit étonnamment tenaces au Centre Bell permet au club en bleu, blanc et rouge de se maintenir dans la course pour une place en séries.

Price n'est d'ordinaire pas un grand «jaseux» dans le vestiaire du Canadien, surtout pas après les matchs, mais hier, il s'est attardé un peu plus longtemps que d'habitude.

«J'ai vécu des hauts et des bas depuis que je suis ici, a-t-il expliqué. J'ai joué aussi avec d'excellentes équipes. Alors je repense à tout ça. Ce record-là, et aussi la marque pour le plus grand nombre de parties disputées, ça vient au sommet de ma liste.»

À un moment, Price s'est retourné pour regarder brièvement les photos en noir et blanc qui ornent le vestiaire du club au Centre Bell. Comme si c'était en regardant les images de ces gloires du passé qu'il pouvait le mieux comprendre ce qu'il venait de réussir, devant les 314 victoires du légendaire Jacques Plante.

«Tous les joueurs [sur les photos] ont tout donné pour cette équipe... et je pense que la plupart des gens qui ont porté ce chandail ont tout donné aussi pour leur équipe. Je suis fier de faire partie de tout cela. Jacques Plante, je n'en sais pas beaucoup sur lui en tant que personne, mais mon père [Jerry Price] l'a un peu connu [chez les Flyers de Philadelphie], alors c'est assez intéressant.»

On s'entend que «tout cela», comme l'a dit le héros de la soirée, c'est parfois bien ingrat. Bien sûr, personne ne va pleurer pour Price, qui est devenu en 2017 le gardien le mieux payé de l'histoire du hockey, avec un contrat de 84 millions de dollars sur huit ans. À ce prix-là, il est censé être bon. Mais Price a la pression d'un passé glorieux sur ses épaules, comme un lanceur qui arrive chez les Yankees de New York ou un quart qui enfile le maillot des Cowboys de Dallas.

Ce passé, on va toujours le lui remettre sur le nez, et lui rappeler que, contrairement aux autres grands gardiens avant lui, il lui manque quelque chose pour faire partie de ce club exclusif. «Il a le but de gagner une Coupe Stanley à Montréal et on lui souhaite que ça puisse lui arriver prochainement», a d'ailleurs résumé l'entraîneur-chef Claude Julien.

Ce que l'on a vu de Carey Price hier, on l'a vu assez souvent en saison «régulière» depuis 2005, son année de repêchage. Le problème pour le Canadien, c'est que de se fier au gardien de cette manière, ça ne doit pas redevenir une stratégie. Une victoire est une victoire, bien sûr, mais une victoire aussi courte contre la 30e équipe de la LNH n'est rien pour inspirer confiance avec 12 matchs à faire.

Le Canadien a eu toutes les misères à se débarrasser des Wings et d'un Jonathan Bernier en feu, mais il faut rappeler que le calendrier va se corser au cours des prochains jours, à commencer par un arrêt chez les étonnants Islanders de New York demain soir. Il faudra bien que le club montréalais soit capable de battre de bonnes équipes d'ici la fin. Depuis le début de 2019, rappelons-le, le Canadien n'a remporté que deux rencontres face à des clubs qualifiés au tableau des séries.

Offrir du jeu moyen contre les Wings, ça peut passer. Mais ça ne passera pas contre les clubs de pointe.

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En hausse: Carey Price

Devenir le gardien le plus victorieux de l'histoire du CH, ça ne se présente pas chaque jour. C'est mission accomplie pour Price, fort solide hier avec 20 arrêts.

En baisse: Jordie Benn

Un match très difficile pour le vétéran défenseur, qui est trop souvent imprévisible.

Le chiffre du match: 315

Nombre de victoires de Carey Price, devant les 314 de Jacques Plante et devant aussi les 289 de Patrick Roy dans l'histoire du CH.