Même s'il est le troisième compteur de l'équipe - sur un pied d'égalité avec Tomas Tatar -, en route vers une saison de 59 points, même s'il occupe le 34e rang des compteurs de la LNH à égalité numérique, avec autant de points qu'Evgeni Malkin, Steven Stamkos, Logan Couture et Ryan O'Reilly, Phillip Danault ne semble pas destiné à jouer en supériorité numérique pour le Canadien d'ici la fin de la saison.

La question a fait surface hier après l'acquisition du quatrième centre Nate Thompson. Le lien peut sembler lointain, mais Danault s'est fait dire par son entraîneur plus tôt cette saison qu'on voulait le garder frais et dispos pour la séquence qui suit les supériorités numériques du Canadien.

L'entraîneur adverse y envoie généralement son gros trio offensif, après avoir vu ses joueurs défensifs protéger leur territoire en infériorité numérique.

L'arrivée de Thompson, un joueur dont le profil lui permettrait de jouer à l'occasion en de telles circonstances, ne modifiera pas le plan concernant Danault, semble-t-il.

«Non, ça ne changera pas les choses pour cette année, a confié Danault à La Presse hier après l'entraînement. C'est sûr que j'aimerais jouer en supériorité numérique, mais le coach répartit ses rôles et tout le monde doit se sentir utile. Mais je ne m'attends pas à prendre moins de mises au jeu, ça, c'est sûr, étant donné que je ne joue pas en supériorité numérique. Je prévois occuper le même rôle.»

L'absence de Danault en supériorité numérique - il a joué huit minutes en de telles circonstances lors des 56 premiers matchs, au 12e rang chez les attaquants de l'équipe - a soulevé certaines interrogations par le passé, compte tenu de sa production offensive et de ses succès lors des mises en jeu (taux d'efficacité de 53%, un sommet chez le CH), mais aussi des ennuis du Canadien à ce chapitre.

«Depuis le début, c'est ce que je me dis. Je prouve que je suis capable de jouer en supériorité numérique. Et ils le savent très bien. Mais il y a des choses qu'on ne peut contrôler. En plus, on gagne comme ça. Je veux y aller une étape à la fois. Je voulais être bon défensivement à mon arrivée dans la LNH. Ensuite, je voulais être fort à cinq contre cinq et en ce moment, ça va bien à cinq contre cinq. Je suis dans la bonne direction et tout ce qui importe, c'est l'équipe.»

Claude Julien, dans un élan de transparence fort éclairant, a précisé hier lors de son point de presse qu'il y avait d'autres éléments pour justifier sa décision de garder Danault sur le banc lors des supériorités numériques.

«Ça nous donne cet avantage-là [de l'utiliser contre les gros trios adversaires après la supériorité numérique], mais c'est une petite partie de l'explication en ce qui concerne le jeu de puissance. Phillip est déjà notre attaquant le plus utilisé [en moyenne 17 min 50 s, peu importe les circonstances]. Ce que je peux dire, puisqu'il semble avoir partagé notre discussion, c'est que si on lui en donne trop, il devient fatigué et il s'éloigne de son jeu. Il commence à couper les coins ici et là. Je ne peux pas me permettre d'avoir ce joueur-là dans mon équipe.»

Claude Julien préfère compter sur un Danault frais pour les situations de cinq contre cinq, les situations d'infériorité numérique et lors des mises en jeu importantes.

«J'ai besoin du "bon" Phillip Danault, mentionne le coach. J'espère que dans son cas à lui, il apprécie et adore ce qu'il apporte à l'équipe. Il n'y a pas un joueur qui ne veut pas jouer en supériorité numérique ou avoir plus de points, c'est normal. Phillip nous donne beaucoup de productivité à cinq contre cinq et nous apporte tellement dans d'autres situations que tu veux donner un rôle à chacun des 20 autres joueurs.»

Avec 25 points à ses 25 derniers matchs, avec son taux d'efficacité de 53,4% lors des mises en jeu, avec l'inertie du jeu de puissance de l'équipe, toujours 30e de la LNH, malgré quelques embellies récemment, avec l'arrivée de vétérans comme Thompson et Dale Weise, capables de jouer en infériorité numérique, qui sait si Claude Julien ne sera pas tenté de le soustraire à certaines tâches défensives pour l'utiliser un peu plus souvent en supériorité numérique?

Pour l'instant, du moins, les succès défensifs de Danault l'emportent sur ses succès offensifs aux yeux des entraîneurs. Un heureux problème.