Dwight King. Andreas Martinsen. Steve Ott. Jordie Benn. Pour ceux qui l'auraient oublié, c'était la récolte de Marc Bergevin à la date limite des transactions la dernière fois que le Canadien a participé aux séries. Doit-on rappeler que deux mois plus tard, c'était fini pour tout ce beau monde à Montréal, sauf Benn?

On vous parle de cela parce qu'il reste moins de trois semaines avant la date limite des transactions, que ça s'active dans la LNH, et qu'en lisant les signaux de fumée, on sent aussi que ça s'active au bureau de Bergevin.

On sait tous où le Tricolore est plus vulnérable : sur le flanc gauche en défense, et sur le pèse-personne. C'est ce dernier aspect qui est particulièrement intéressant cette semaine, et qui place Bergevin face à ses dilemmes.

Hier, c'est une équipe lourde que le CH a battue au compte de 4-1. Les Ducks font 205 lb en moyenne, contre 196 pour le CH, une moyenne engraissée artificiellement par le réserviste Karl Alzner et les gardiens Carey Price et Antti Niemi. Dans les faits, l'écart était encore plus grand entre les deux équipes.

«On a assez joué contre cet entraîneur et cette équipe pour savoir à quoi s'attendre. On savait qu'on allait se faire frapper, mais ça fait partie du match. On a réussi à patiner comme on le souhaitait. On savait que ça pencherait en notre faveur si on pouvait dicter le rythme», a résumé Brendan Gallagher après le match.

Dimanche, les Montréalais ont défait les Oilers, une autre équipe pesante qui compte huit patineurs de plus de 210 lb. Demain, les Jets de Winnipeg débarquent, avec eux aussi leur part de colosses.

Autant d'occasions pour les hommes de Claude Julien de montrer à leur patron qu'ils peuvent tenir tête aux équipes plus musclées.

Les indices

Être petit n'est pas nécessairement une fatalité comme ce l'était jadis. Le Lightning de Tampa Bay, avec un groupe d'attaquants légers, n'a aucun mal à accumuler les victoires. Et le Tricolore de cette année, avec son identité basée sur la vitesse du jeu, a surpassé les attentes. Dans ces circonstances, Bergevin pourrait très bien opter pour le statu quo, faire confiance à son groupe actuel, et se consoler avec un choix de repêchage autour du 20e rang pour ajouter à sa banque d'espoirs.

Le problème, c'est que les indices de changement s'accumulent. Bergevin s'est rendu à Winnipeg et à Toronto pour assister aux deux derniers matchs des Ducks. Si c'était simplement pour observer les futurs adversaires, un DG a du personnel pour accomplir cette tâche.

Le marché des transactions s'est emballé depuis la mi-janvier. Onze transactions ont été conclues entre le 16 janvier et le 1er février. Et qu'ont fait les équipes qui veulent aller loin? Elles ont grossi. Les Penguins ont déniché le géant Nick Bjugstad. Les Leafs, Jake Muzzin.

Hier, l'influent Elliotte Friedman a soulevé la possibilité que le Canadien soit intéressé par Brett Ritchie. Vous avez vu son frère Nick hier; à 220 lb, Brett est sorti du même moule. Un autre nom qui circule abondamment: Brian Boyle, 6 pi 6 po et 245 lb.

Et puis, il y a Julien qui laisse tomber des bouts de phrases ici et là. «On regarde toutes nos options», a-t-il dit lundi après avoir évoqué la date limite des transactions.

«Si on ne joue pas avec rapidité, on va être pris pour se bagarrer le long des rampes avec des gars qui sont gros et forts», a-t-il rappelé hier matin, avant le match.

Finalement, le Canadien s'est très bien tiré d'affaire hier, mais il affrontait un club en pleine déroute. Gallagher, malgré sa petite taille, s'est imposé. Mais ce même Gallagher s'est fait tasser comme une poupée de chiffon par le gros Ryan Getzlaf quand il a coupé au filet en fin de match. Artturi Lehkonen, Jesperi Kotkaniemi, Matthew Peca, Andrew Shaw et Tomas Tatar auraient eux aussi été désavantagés dans cet affrontement, malgré leur courage.

Si le Canadien se qualifie pour les séries, il pourrait bien devoir affronter une de ces équipes lourdes. On pense aux Islanders de New York, meneurs de la division Métropolitaine, que le CH pourrait croiser en partant s'il est une des deux équipes repêchées.

Alors il est là, le dilemme de Bergevin. Son équipe a des zones de vulnérabilité et les solutions existent. Mais le danger d'un coup d'épée dans l'eau est bien réel. Et il a aussi ce désir de ne pas piger dans cette banque d'espoirs qu'il a habilement regarnie depuis deux ans. Et la question qui tue: le Tricolore est-il vraiment à un ou deux joueurs de profondeur près de pouvoir espérer un long parcours en séries?

Autant de choses auxquelles réfléchir lors des deux autres gros tests cette semaine.

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En hausse: Matthew Peca

Jonathan Drouin et Brendan Gallagher (trois points chacun) ont animé le spectacle, mais Matthew Peca s'est bien débrouillé à sa première véritable occasion au sein d'un trio offensif. Un de ses bons matchs cette saison.

En baisse: Jordie Benn

Des revirements à la tonne, des dégagements refusés aussi. Heureusement pour lui, l'adversaire était au neutre, donc incapable de profiter des erreurs.

Le chiffre du match: 24

C'est le nombre de buts accordés par les Ducks à leurs quatre derniers matchs. Selon notre savant modèle de statistiques avancées, ce serait beaucoup trop.