La question n’est pas de savoir si Alexander Romanov sera prêt à aider la défense du Canadien dès l’an prochain, mais si le CSKA Moscou parviendra ou non à le retenir en Russie quelques saisons supplémentaires.

Ce choix de deuxième ronde du Canadien en 2018 n’a pas été le plus spectaculaire, hier, lors de la correction de 6-0 infligée à l’équipe canadienne, au Championnat mondial junior.

Le score a même permis à son entraîneur de le ménager. Il a joué un peu moins de 19 minutes, six de moins que lors du match précédent, plus serré, contre la République tchèque.

En temps normal, il n’est pas difficile à remarquer, il est sur la glace une fois sur deux du côté gauche. Il est aussi le seul en défense à porter les cheveux longs et son énergie sur la patinoire le distingue aussi des autres.

Le meilleur défenseur de la formation junior russe ne constituera pas le sauveur du Canadien. Il n’amassera pas 50, 60 points par saison. N’animera probablement pas la première vague en supériorité numérique, même s’il le fait en ce moment avec son équipe.

Mais il faut analyser l’ensemble de son jeu et son impact sur un club pour mesurer tout son talent. Les erreurs sautent généralement aux yeux quand on suit un joueur de trop près pendant un match. Romanov en fait pourtant très peu.

Sans être un maître de jeu de transition comme pouvait l’être Andrei Markov, il est patient et intelligent avec la rondelle. Avec ses pairs de niveau junior, il peut se permettre des montées à l’emporte-pièce. Il en a osé une ou deux hier.

Il maîtrise parfaitement l’art de défendre son territoire, dans tous les sens du terme. Certains l’ont déjà comparé à Alexei Emelin. Or, Romanov est nettement plus mobile, intelligent et habile avec la rondelle que l’ancien défenseur numéro quatre du Canadien. Et si on vous parlait d’un amalgame de Markov et d’Emelin ?

Sa mobilité, en ligne droite et latérale, lui permet d’accéder rapidement au porteur de la rondelle. Parfois aussi à l’occasion de faire mal à l’adversaire avec une percutante mise en échec. Deux ou trois fois depuis le début du tournoi a-t-on vu un attaquant bifurquer avec la rondelle en le voyant arriver…

Son bâton est toujours bien positionné et il peut ainsi couper certaines passes menaçantes devant son filet. Il n’hésite pas non plus à bousculer ses adversaires à l’orée du but pour faciliter le travail du gardien.

Romanov, le défenseur par excellence de tournoi l’an dernier, à 18 ans, n’est pas hypnotisé par la rondelle, mais par le joueur à surveiller près de son but.

À son arrivée à Montréal, ce printemps, l’automne prochain ou dans un an, Romanov contribuera à combler un vide important du côté gauche.

Mais il y aura de la belle compétition. Jordan Harris, un choix de troisième ronde du Canadien, en 2018 lui aussi, gagne la confiance des entraîneurs américains à ce tournoi. Il a disputé les deux premiers matchs au sein de la première paire de défenseurs de l’équipe, montre une belle fluidité, une efficacité en défense et une bonne relance.

Le Suédois Mattias Norlinder, choix de troisième ronde lui aussi, en 2019, gravit tranquillement les échelons au sein de la puissante défense suédoise. Il était septième, il est passé sixième. À suivre.

Les puissances menacées

Le classement est drôlement serré avec cette victoire russe. Le Canada, la Russie, les États-Unis, l’Allemagne et la République tchèque ont tous une fiche de 1-1. Le Canada a l’avantage d’avoir affronté les deux meilleures équipes (en principe). Une victoire surprise de l’Allemagne ou de la République tchèque pourrait même forcer l’une des puissances à jouer non pas pour une chance de médaille, mais pour éviter la relégation.

Le pauvre Alexis Lafrenière espère de bonnes nouvelles de l’hôpital, après s’être tordu le genou tôt en deuxième période. Il avait entamé le tournoi en lion avec quatre points contre les États-Unis. Sa perte a assommé une équipe canadienne déjà meurtrie par les trois premiers buts de la Russie.

La suite du tournoi s’annonce intéressante. Les rebondissements ne manquent pas…