Anze Kopitar aborde son métier sérieusement. Très sérieusement. Et lorsque vient le temps de prendre part à une mise en jeu, il se pourrait que le joueur de centre des Kings de Los Angeles soit encore plus méticuleux.

Kopitar travaille inlassablement pour améliorer sa technique, étudie rigoureusement les tendances des joueurs rivaux et s’attarde même sur la façon dont les juges de lignes déposent la rondelle sur la patinoire.

Le moindre détail lors d’une mise en jeu peut faire toute la différence entre gagner et perdre, dans un sport où la possession de la rondelle n’a jamais eu autant d’importance.

Ainsi, lorsque la LNH a annoncé un changement aux règlements en vue de la saison 2019-2020, en vertu duquel l’équipe à l’attaque peut choisir le côté où s’effectuera la mise en jeu lors de quatre situations bien spécifiques, Kopitar a tout de suite su que cette nouveauté aurait un impact significatif.

«Oui, bien sûr», a-t-il dit lors d’une activité conjointe de la LNH et de l’Association des joueurs plus tôt en septembre.

«Au départ, les mises en jeu sont très importantes […] chaque équipe dans la ligue aura une liste de jeux préétablis selon l’endroit que vous allez choisir. Ce sera très important.»

À compter de la saison qui approche, les équipes offensives pourront choisir le cercle de mise en jeu de leur choix après un dégagement refusé, au début d’un avantage numérique, après qu’un gardien aura décidé d’immobiliser la rondelle sur un tir venant de l’extérieur de la ligne rouge et lorsqu’un joueur défensif aura volontairement déplacé le filet.

Par le passé, ce sont les officiels qui décidaient de l’endroit de la mise en jeu.

En général, lorsque vient le temps de gagner une mise en jeu, les joueurs de centre ont un côté où ils excellent davantage. La plupart pourraient être portés à utiliser leur revers pour diriger la rondelle vers la rampe, ce qui signifie qu’un centre droitier préférera une mise en jeu dans le cercle droit, et vice versa.

Ryan O’Reilly, des Blues de St. Louis, affiche un taux de réussite en carrière de 55,3%, incluant une proportion de 60% en 2017-2018, un sommet dans la ligue. Le vainqueur des trophées Conn Smythe et Selke s’attend à voir une grande différence à cause du nouveau règlement.

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Ryan O’Reilly

«Ça va influencer le joueur que vous allez affronter. Il pourrait y avoir un joueur que vous voulez éviter, mais si vous pouvez faire en sorte de gagner la mise en jeu vers ceux que vous voulez voir avec la rondelle, c’est certainement un avantage», estime-t-il.

Kopitar n’est pas certain s’il est meilleur d’un côté ou de l’autre — gauche ou droite — précisant que tout dépend de la sensation qu’il peut ressentir un soir donné.

«Ce qui importe beaucoup, c’est l’identité de votre adversaire. Il y a beaucoup d’éléments qui entrent en ligne de compte.»

Kopitar occupe le deuxième rang, derrière Sidney Crosby des Penguins de Pittsburgh, pour le plus grand nombre de mises en jeu depuis son arrivée dans la ligue en 2006-2007. Depuis 2011-2012, il affiche un taux d’efficacité supérieur à 50 % et a même réalisé un sommet personnel l’an dernier avec un taux de 55,1%.

Comme n’importe quel autre aspect pouvant faire l’objet de suivis à l’ère des statistiques avancées, Kopitar estime que les équipes vont tenter de choisir le meilleur endroit et le duel le plus favorable lors de mises en jeu.

«Je suis sûr que les entraîneurs vont savoir qui envoyer sur la patinoire contre moi ou n’importe quel joueur de votre choix dans la ligue, a-t-il déclaré. Ce sera intéressant à voir.»

Les Flyers de Philadelphie ont mené la LNH l’an dernier avec un taux de réussite de 54,7%, soit 1,7% de mieux que les Maple Leafs de Toronto, l’équipe de deuxième place.

Ça n’a pas aidé les Flyers à mériter une place en séries éliminatoires, mais garder possession de la rondelle est d’une importance cruciale dans le hockey d’aujourd’hui. Six des huit premières et 12 des 16 meilleures formations au chapitre des mises en jeu en 2018-2019 ont participé aux séries le printemps dernier.

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Sean Couturier

«C’est un avantage d’amorcer (une séquence) avec la rondelle et de contrôler le jeu (en zone offensive), a déclaré le joueur de centre Sean Couturier, des Flyers, quatrième la saison dernière avec un pourcentage de réussite de 57,1%. Si vous vous trouvez sur votre côté faible et que votre joueur de centre en avantage numérique n’est pas aussi efficace sur ce côté faible, vous perdez presque 30 secondes.

«Il y aura des répercussions à l’attaque. Est-ce que ce sera immédiat? Je ne le sais pas. Mais c’est certain que ça va mener à un peu plus de buts par année.»

Kevin Hayes, qui s’est joint aux Flyers à titre de joueur autonome cet été, croit qu’il s’agit d’une arme à double tranchant.

«Offensivement, c’est le meilleur règlement jamais instauré. Défensivement, c’est très mauvais. »