(Plymouth) Alexis Lafrenière s’est permis de songer, juste un peu, à ce qui s’en vient. Difficile de blâmer cet exceptionnel joueur de 17 ans.

Non seulement Lafrenière pourrait bien être le tout premier choix au repêchage de 2020, mais l’événement aura lieu au Centre Bell, à une quarantaine de minutes de son domicile de Saint-Eustache.

« Ce sera complètement fou, a-t-il dit en pensant à juin prochain. C’est encore loin […], mais ce sera très gros. »

Ce n’est pas si loin que ça. Moins de 11 mois pour être précis.

Une chose à la fois par contre. Le talentueux ailier et 37 autres espoirs d’âge junior doivent d’abord se concentrer sur le tournoi préparatoire estival en vue du Mondial de l’hiver prochain.

La compétition, disputée en banlieue de Detroit, au domicile du Programme de développement américain, est la première occasion pour Hockey Canada d’épier plusieurs des jeunes patineurs qui tentent de se tailler un poste au sein d’Équipe Canada junior 2020.

Lafrenière s’était assuré d’une place pour le tournoi de l’an dernier lors du camp de sélection tenu en décembre. Deux ans plus jeune que la plupart de ses coéquipiers, il s’est retrouvé la plupart du temps confiné au banc alors que le Canada a dû se contenter d’une décevante sixième place à Vancouver et Victoria.

« J’ai appris que votre poste n’était pas garanti, a indiqué Lafrenière. Vous devez vous battre pour chaque minute de jeu. »

Peu habitué dans ce rôle, Lafrenière a trouvé difficile de voir les moments clés du tournoi — surtout quand le Canada avait besoin d’un but — se dérouler devant ses yeux.

« Vous acceptez votre rôle, a laissé tomber Lafrenière, qui a marqué un but en cinq matchs au dernier Mondial. Vous voulez que l’équipe soit bonne. »

Joueur par excellence de la Ligue canadienne de hockey la saison dernière, Lafrenière est très bon.

Celui qui aura 18 ans en octobre a marqué 37 buts et récolté 105 points en 61 matchs avec l’Océanic de Rimouski en 2018-19. À sa première campagne, il avait récolté 80 points, dont 42 buts, en 60 matchs. Il faut ajouter à cette récolte 30 points, dont 13 buts, en 20 rencontres éliminatoires.

Joe Veleno, qui a aussi eu un rôle de soutien au sein de la formation 2019 et qui pilote le trio de Lafrenière jusqu’ici à Plymouth, l’attaquant de six pieds un, 192 livres ne fait pas mentir sa réputation.

« Il est très dynamique, a souligné Veleno, sélectionné 30e au total par les Red Wings de Detroit en 2018. Il peut marquer, il peut passer : il a une très grande intelligence du jeu. C’est un joueur remarquable. »

Lafrenière n’a rencontré Jack Hugues — 1er choix du dernier repêchage — pour la première fois que tout récemment. Le jeune Américain a géré toute l’attention en marge du repêchage avec un calme impressionnant. Il a suggéré à Lafrenière de bloquer volontairement tout ce qu’il ne contrôle pas.

« Il m’a dit de me concentrer sur moi, a expliqué Lafrenière. Je serai au centre de beaucoup d’attention. »

Le Canada pourrait compter sur six joueurs de l’édition 2019 quand le tournoi de 2020 se mettra en branle, contre les États-Unis, le 26 décembre prochain, en République tchèque. Mais seuls Lafrenière et Veleno sont sur la glace à Plymouth pour des entraînements et des matchs face à la Suède, la Finlande et les États-Unis.

« L’expérience acquise l’an dernier sera un grand avantage, a dit Mark Hunter, qui fait partie de la direction d’Équipe Canada junior, au sujet de Lafrenière. Dans son rôle cette année, nous compterons sur lui pour accomplir de bonnes choses. »

Dale Hunter, le frère de Mark et entraîneur-chef du Canada, a soulibné que le microscope sous lequel Lafrenière allait vivre la première année — le Mondial junior, tenter d’amener Rimouski à la Coupe Memorial, le repêchage — est ce qui fait vibrer la crème de la crème.

« Vous voulez être de la finale de la Coupe Stanley. Vous voulez être au Championnat du monde de hockey junior, a dit Hunter. Quand vous arrêtez le hockey, cette pression vous manque. »

« Je ne sais pas ce que je ferais sans le hockey, a admis Lafrenière. C’est ma passion, mon grand amour. »