Les hockeyeurs de la LNH constituent une race des plus superstitieuses.

L’ancien attaquant Marc Savard a été l’un des premiers, hier, à dénoncer la situation des Islanders de New York.

« Il faut que ça soit dit : changer d’aréna (en pleines séries) si vous êtes les Islanders, je me fous de la réponse, c’est de la pure stupidité. Si vous en avez la chance, retournez à la maison au Colisée Nassau. »

Les Islanders, on le rappelle, ont eu deux domiciles cette saison, leur vieil amphithéâtre légendaire à Long Island, et le Centre Barclay à Brooklyn, en attendant d’être fixés de façon définitive dans un aréna neuf au Parc Belmont, près de Queens.

En février, la LNH a pris la décision — advenant une participation aux séries — de permettre aux Islanders de disputer la première ronde dans leur vétuste, mais mythique amphithéâtre, mais de les faire déménager au Barclay s’il y avait des rondes subséquentes.

Les Islanders, à la surprise générale, ont remporté leurs deux premiers matchs au Colisée Nassau et ont balayé les Penguins de Pittsburgh en quatre rencontres.

Les matchs de hockey se disputent sur des surfaces glacées de 200 pieds par 85 pieds, mais les résultats n’ont pas été aussi heureux à Barclay : ils ont perdu les deux premiers matchs de la série, 1-0 et 2-1, aux mains des surprenants Hurricanes de la Caroline.

L’ancien capitaine et entraîneur du Canadien, Guy Carbonneau, n’est pas en désaccord avec Marc Savard. « On est tous superstitieux, confiait-il tantôt au téléphone. Au fil de ma carrière, il n’y en avait pas beaucoup qui ne l’étaient pas. Aujourd’hui, quand les joueurs disent qu’ils ne font rien de spécial, c’est presque impensable. On a tous une routine. Je ne dis que tu te lèves chaque matin à 8h02, mais tu vas descendre à la cuisine, tu manges la même chose pour déjeuner. Je me rappelle avec Patrick (Roy), on changeait de route pour se rendre à l’aréna quand on perdait. Et on répétait les mêmes choses quand ça allait bien. »

Une telle décision aurait semé le doute dans l’esprit de Carbo, aujourd’hui analyste pour le Réseau des sports (RDS). « Tu ne penses pas beaucoup à ça avant les séries, mais l’ambiance, en séries, c’est important. Quand tu connais du succès dans ton vieil aréna, tu bats une équipe que tu n’aurais pas dû battre, et tout d’un coup on te demande de jouer ailleurs, et tu te retrouves avec un déficit de 2-0, c’est sûr que ça te passe à travers la tête. On se pose des questions. Est-ce qu’on a mal joué ? Est-ce la malédiction ? Ce n’est pas l’aréna en tant que tel, parce que les arénas maintenant sont presque tous pareils, mais c’est sûr que ça te joue dans la tête… »

Le chroniqueur du New York Post, Brett Cyrgalis, n’adhère pas à ces théories. « Les Islanders auraient évidemment préféré continuer à jouer au Colisée Nassau, mais les foules au Barclay ont été bonnes, même si cette deuxième ronde met aux prises deux équipes peu excitantes. Et il serait faux de croire que le changement d’amphithéâtre explique le fait que les Islanders aient marqué seulement un but dans ces deux rencontres. La longue pause de dix jours entre les deux séries est probablement le facteur le plus plausible pour expliquer le manque de synchronisme des Islanders. »

Cyrgalis ne sous-estime pas les aléas de ce transfert pour autant. Après un entraînement à Long Island jeudi, l’équipe a pris l’autobus à destination d’un hôtel à Battery Park, près de leur nouveau domicile. Les Islanders y sont restés trois nuits. Les joueurs pouvaient avoir le sentiment d’être à la fois à la maison et à l’étranger. Mais le chroniqueur rappelle que l’équipe a remporté autant de matchs au Colisée Nassau qu’au Centre Barclay cet hiver (12 victoires à chaque endroit).

Le columnist du New York Post rappelle aussi que ce transfert est payant pour les joueurs dans un contexte de partage des revenus, puisque le Barclay compte une centaine de loges corporatives, contre dix pour le Colisée Nassau.

À ce stade-ci de la saison, il serait surprenant que les joueurs songent à l’argent supplémentaire dont ils pourraient hériter en jouant au Barclay. Et j’aurais tendance à me fier davantage à ce que les joueurs, Savard et Carbonneau en tête, ceux qui ont sué dans les vestiaires de la LNH, en pensent.

Mais attendons, cette série n’est pas terminée. Aux Islanders d’enterrer les superstitions avec quelques victoires...

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