La teneur de l'entraînement d'une équipe en dit souvent long sur ce qu'un entraîneur pense de sa troupe. Celui du Canadien hier n'y faisait pas exception.

Avant d'aller plus loin, commençons par cibler les aspects du jeu qui font défaut au Tricolore jusqu'ici, et qui auraient donc pu faire l'objet d'exercices hier.

D'abord, il y a l'avantage numérique: 12% d'efficacité depuis le début de la saison, 3,3% en 10 matchs depuis le retour de Shea Weber - 3,3%, comme dans un but en 30 occasions. Comme le CH est une des équipes qui joue le plus souvent en avantage numérique cette saison (197 minutes, soit plus que tout le monde sauf Nashville), vous avez une autre bonne raison d'y consacrer beaucoup de temps à l'entraînement. On parle de pratiquement six minutes par match.

Le désavantage numérique ne va guère mieux, à 76,4%, le 24e résultat dans la LNH. Les quatre buts accordés au Minnesota n'ont pas aidé, mais ça demeure une unité qui en arrache depuis octobre. C'est environ 5 min 30 s par match que le Canadien passe à court d'un homme ou deux.

Les Montréalais passent peu de temps à quatre contre quatre (34 minutes jusqu'ici), mais affichent un rendement de -5 dans ces circonstances. À trois contre trois, c'est seulement 12 minutes, mais comme ça se produit généralement en prolongation, ça signifie qu'un point est à l'enjeu. Or, le CH n'a toujours pas gagné en prolongation cette saison, mais a perdu quatre matchs de cette façon.

Les insuccès dans ces situations expliquent en grande partie pourquoi le Canadien n'est pas mieux classé malgré du jeu généralement à point à cinq contre cinq. Impossible de travailler sur toutes ces phases chaque jour, mais disons qu'il ne manque pas d'options!

Intensité au menu

Sauf que la gênante défaite de 4-0 contre les Bruins lundi a laissé des marques. Julien a amorcé l'entraînement d'hier en s'adressant à ses joueurs pendant huit minutes sur la patinoire (la séance avait lieu à l'Université de Denver, où les vestiaires sont si petits que les joueurs en utilisent deux pour se préparer. Il était donc plus simple pour Julien de réunir le groupe sur la patinoire).

On ne pouvait pas entendre ce qui se disait, puisque l'entraîneur était à l'autre bout de la patinoire, loin de l'endroit où les médias assistaient à la séance. Mais si on se fie au langage corporel du coach, les joueurs se faisaient savonner.

Les premiers exercices: une bonne vingtaine de minutes, si ce n'est pas plus, d'intenses confrontations à un contre un, en milieu de territoire et sur le bord des bandes. C'était suivi de confrontations tout aussi intenses à trois contre trois. Mais pas du trois contre trois comme en prolongation; il s'agissait plutôt d'exercices en espace restreint. Ensuite? Du trois contre deux, encore là à fond de train.

L'avantage numérique, il y en a bien eu, mais en fin de séance, sur une surface qui devait commencer à être enneigée, avec des joueurs qui venaient de dépenser quelques calories...

«Chaque fois qu'on gagne quelques matchs de suite, on devient confortables, on oublie ce qui nous permet de connaître du succès et on commence à trop se fier à nos habiletés. Ce n'est pas notre identité, a résumé Paul Byron. On doit attaquer, compétitionner, récupérer des rondelles, rendre ça dur pour l'autre équipe et on ne l'a pas fait [lundi]. C'est ce qu'on a fait à l'entraînement.»

«Il a bien entendu mon message, oui!, a ensuite confirmé Julien.

«C'est simple, il faut d'abord compétitionner beaucoup mieux que ce qu'on fait dernièrement. Le talent ressort avec l'effort et dans certains matchs dernièrement, l'effort n'est pas suffisant pour avoir une chance de gagner.»

On peut comprendre Julien d'avoir sorti le fouet, car il voit sa troupe subir de plus en plus de défaites inquiétantes, entre les victoires. Avant celle de lundi, il y a eu celle au Minnesota, celle au New Jersey, celle à Edmonton... Ça fait plusieurs performances troublantes en quelques semaines.

Un message à envoyer

Qu'ont en commun les Sénateurs, les Hurricanes, les Blackhawks, les Rangers et les Canucks? SI vous avez répondu que ce sont les dernières équipes que le CH a battues, vous avez un premier point. On vous en donne un deuxième si vous avez noté que ces équipes seraient exclues des séries si celles-ci commençaient aujourd'hui.

Bref, la dernière victoire du Canadien contre une équipe actuellement qualifiée pour le tournoi remonte au 15 novembre, contre les Flames.

Ce soir, le Tricolore affronte l'Avalanche du Colorado, qui occupe la 3e place de la division Centrale avec une fiche de 18-10-6 et qui compte sur le meilleur trio de la LNH.

«Tu dois avoir cinq joueurs prêts à défendre et limiter l'espace, a expliqué Byron. On a fait des choses [hier] pour nous aider [ce soir], prendre de bons angles, avoir un bon bâton. On va essayer d'avoir la rondelle plus souvent qu'eux et ça va nous donner plus d'attaque.»

Le Colorado n'a jamais vraiment souri au Canadien, qui n'y a remporté que deux des 14 matchs qu'il a joués là-bas depuis 1995. Ce n'est peut-être pas ce soir que l'équipe chassera ses démons, mais un effort digne de ce nom, pour montrer que le message de l'entraîneur a été reçu, serait à tout le moins un pas dans la bonne direction.

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Revoici Victor Mete

Claude Julien n'a pas voulu confirmer si Victor Mete, rappelé lundi soir, affronterait l'Avalanche. Mais notons que dans les exercices, il était constamment jumelé à Jeff Petry, généralement un bon signe. En sept matchs à Laval, Mete a inscrit un but et trois passes, et en a profité pour jouer pas mal plus que la quinzaine de minutes qu'il obtenait avec le CH. Par exemple, il y a 10 jours à Toronto, il estime avoir joué plus de 25 minutes. «J'ai gagné en confiance en jouant un rôle clé. J'ai joué en avantage numérique et en désavantage», a-t-il expliqué.

Par ailleurs, Julien a assuré que le renvoi de Noah Juulsen pour faire une place à Mete n'était pas lié au fait que tous les autres défenseurs auraient dû passer par le ballottage avant d'être cédés. «Ça faisait trois matchs qu'il avait de la difficulté», a soutenu l'entraîneur.

Photo François Roy, La Presse

Victor Mete