Certains se donnent rendez-vous à la place des Grands Hommes. Samuel Girard et Anthony Beauvillier, eux, font plutôt ça au Pepsi Arena.

Les deux anciens coéquipiers des Cataractes de Shawinigan croisaient le fer hier, à l'occasion du duel entre l'Avalanche du Colorado et les Islanders de New York.

C'était la deuxième fois qu'ils s'affrontaient dans la Ligue nationale, mais ils l'ont fait dans un contexte nettement plus positif que lors de leur premier duel, le 31 décembre 2017. Cette fois-là, Beauvillier était au coeur d'un creux de vague qui allait lui valoir son tout premier renvoi dans la Ligue américaine le lendemain du match.

Beauvillier n'avait donc joué que 10 minutes, pendant qu'à la ligne bleue de l'Avalanche, Girard en jouait 20 et amassait deux aides dans une victoire de 6-1. Sans surprise, Beauvillier n'a pas gardé des tonnes de souvenirs de ce duel.

«Il jouait sur la première unité d'avantage numérique pour ce match-là. J'ai peut-être fait quelques présences contre lui», a-t-il raconté hier, après l'entraînement matinal.

Un an plus tard, les anciens protégés de Martin Bernard ont progressé. Beauvillier a disputé la rencontre à l'aile de Mathew Barzal, premier centre des Islanders. Après un lent début de saison, voilà qu'il totalise trois buts à ses trois derniers matchs, et neuf à ses 14 derniers (avant la rencontre d'hier). Samedi, contre les Red Wings, Barry Trotz l'a employé pendant plus de 20 minutes.

Girard, lui, évoluait au sein du premier duo de défenseurs de l'Avalanche, avec Erik Johnson. «On veut le voir sur la glace, et la meilleure façon d'y parvenir, c'est de l'employer au sein du premier duo, s'il est capable d'affronter les meilleurs trios adverses», a expliqué l'entraîneur-chef Jared Bednar, hier matin.

Beauvillier, le modèle

À Shawinigan, Girard et Beauvillier étaient les piliers de l'édition 2015-2016 des Cataractes qui a atteint la finale de la Coupe du Président, où ils se sont inclinés en cinq matchs devant Rouyn-Noranda.

Beauvillier venait alors d'être repêché au premier tour (28e au total) par les Islanders. Il avait enchaîné avec une campagne de 40 buts et 79 points en 47 matchs, avant d'ajouter 15 buts et 15 passes en 21 matchs de séries.

Girard, lui, avait amassé 74 points et avait mis la main sur le trophée Émile-Bouchard, remis au défenseur de l'année dans la LHJMQ. Cette performance avait incité les Predators de Nashville à le réclamer au deuxième tour (47e au total) au repêchage de 2016.

«Quand je suis arrivé à Shawi, Anthony était un modèle pour moi, affirme Girard. Il n'était pas le plus gros joueur de la ligue, mais il a connu du succès, il a été repêché au premier tour dans la Ligue nationale. Mon repêchage, c'était l'année d'après, donc il était un modèle. C'était notre capitaine, donc c'était un leader, on l'écoutait. C'est un gars que j'admire et un joueur de hockey que j'admire.»

«C'est le fun, a rétorqué Beauvillier, lorsqu'on l'a mis au fait des commentaires de Girard. Quand il est arrivé, j'avais 17 ans, il en avait 16. J'étais déjà un leader. Il a intégré l'équipe en un claquement de doigts avec ses succès. Les gars l'appréciaient. C'est une bonne personne, et la personne qu'il est, c'est ce qui le distingue des autres. C'est un clown. Il est vraiment drôle, mais quand c'est le temps d'être sérieux, il fait les bonnes choses. Juste de parler de lui, ça me fait rire, les choses qu'il dit avec son accent. C'est un personnage!»

Girard a évoqué la taille de Beauvillier, qui fait aujourd'hui 5 pi 11 po et 182 lb. Mais le gabarit a constitué un obstacle bien plus grand pour Girard qui, à 162 lb, est le défenseur le plus léger de la LNH selon les statistiques officielles.

«Je regardais ses stats hier, j'étais surpris de le voir à 20 minutes par match, admet Beauvillier. C'est bon pour lui, je suis vraiment content. Il a souvent été critiqué pour sa taille, mais son sens du hockey est vraiment supérieur.»

Hier soir, tous ont pu constater, sur une patinoire de la Ligue nationale, tout le chemin que les deux anciens frères d'armes ont parcouru depuis leurs années au Centre Gervais Auto.

Photo Ron Chenoy, archives USA TODAY Sports

Samuel Girard