Ce n'est pas le genre de décision qui peut garantir une Coupe Stanley plus tard, mais selon Martin Biron, Claude Julien a appuyé sur le bon bouton mardi soir au Minnesota lorsqu'il a choisi d'effectuer un changement devant le filet.

Plus précisément, c'est à 6:10 de la troisième période que l'entraîneur du Canadien a choisi de retirer le gardien réserviste Antti Niemi, qui venait de donner un septième but au Wild du Minnesota, et qui ne passait pas une soirée particulièrement agréable.

Selon Biron, ex-gardien depuis devenu analyste, il s'agit d'une décision en apparence anodine... mais qui ne l'est pas.

«En choisissant de faire ça, Claude Julien a envoyé un message à ses vétérans et aussi aux plus jeunes, a expliqué Biron en entrevue téléphonique hier. Le message, c'est celui-ci: tous les joueurs de cette équipe sont importants, peu importe si c'est une vedette ou un gars de quatrième trio ou un réserviste. Mardi soir, Claude Julien a dit à ses gars que personne n'avait le droit de laisser tomber le deuxième gardien comme ça. Et je suis sûr que sur le banc, Carey Price n'avait aucun plaisir à voir Niemi se faire défoncer de même, et qu'il avait hâte d'entrer dans le match pour aller prendre le relais.»

Price a en effet pris place devant le filet montréalais, et même si cela n'a rien changé au résultat et à la défaite qui était déjà assez douloureuse, il s'agit de ce genre de petit détail qui peut parfois faire une différence en cours de saison.

Comme un peu tout le monde, Martin Biron s'est vite rappelé le match de novembre 2016 à Columbus, quand l'entraîneur Michel Therrien avait choisi de laisser le réserviste Al Montoya devant le filet, malgré une pétarade de 10 buts de la part des Blue Jackets. En coulisses, on avait d'ailleurs chuchoté que plusieurs joueurs du CH n'avaient pas aimé voir Montoya se faire humilier de la sorte.

«Ça devenait inconfortable de voir Montoya se faire traverser ce soir-là, se souvient Biron. Mais il faut aussi dire qu'il y a une différence entre le premier et le deuxième gardien. Ton premier gardien, tu veux le protéger. À 3-0 ou 4-0, tu commences à penser à le sortir de là. Tandis qu'avec le réserviste, c'est entendu que ce n'est pas la même chose, tu ne vas pas le protéger autant, même s'il vient de donner cinq ou six buts.

«Aussi, il y a des équipes qui donnent des soirs de congé à leur gardien numéro un, peu importe ce qui va arriver. On décide que c'est un congé, alors c'est un congé et on ne change rien. Je me souviens, quand j'étais le réserviste de Dominik Hakek à Buffalo avec les Sabres, les soirs où c'est lui qui était sur le banc, il n'avait même pas de plastron en dessous de son chandail ! Ses gants et son casque étaient au vestiaire. Je savais que même si j'accordais 10 buts, j'allais devoir m'arranger tout seul parce que Hasek était en congé!»

Carey Price sera donc de retour devant le filet du Canadien ce soir au Centre Bell, lors de la visite des Hurricanes de la Caroline, et on peut s'attendre aussi à ce qu'il se charge des deux matchs suivants au même endroit, samedi soir contre les Sénateurs d'Ottawa et lundi soir contre les Bruins de Boston. On aura bien sûr compris qu'il s'agit de trois matchs d'importance, qui impliquent tous des clubs de l'Association de l'Est.

Martin Biron estime que le gardien vedette du Canadien est parfaitement capable de garder les buts lors de ces trois rencontres, même si sa soirée de congé de mardi soir a été écourtée.

«Il a joué pendant environ 13 minutes au Minnesota, alors ce ne sera pas un problème... Pour un gardien, c'est plutôt l'aspect psychologique qui est plus difficile. Quand tu sais que tu dois commencer un match, tu dois te préparer mentalement, et ça peut devenir lourd parfois. Mais mardi, Carey n'a pas eu à passer par toute cette préparation psychologique, parce qu'il ne devait pas jouer. Alors je ne crois pas que la fatigue va être un obstacle pour lui au cours des prochains jours.»