Le Canadien de Montréal a perdu 3-1 contre les Sharks de San Jose hier. C'est exactement le genre de défaite dont Claude Julien espère que ses joueurs tireront des leçons.

L'entraîneur s'est présenté fort calme au lutrin. Comme s'il avait accueilli avec philosophie le sort de son équipe, largement dominée en début de match, mais de plus en plus énergique à mesure que les minutes passaient. Jusqu'à une troisième période où le Canadien a dominé 22-7 au chapitre des tirs au but.

Puis, ces mots, révélateurs: «On est encore une jeune équipe. On continue à essayer de s'améliorer. Apprendre à gagner fait partie de l'évolution d'une jeune équipe. Même si on a bien joué à partir de la deuxième période, il faut être prêts pour des matchs comme ça.»

C'est exactement ça, et au risque de se répéter, c'est ce que le Canadien doit garder en tête avec chacune de ses décisions. Des matchs comme celui d'hier, le Canadien n'a pas fini d'en vivre cette saison. C'est probablement beaucoup plus près de l'évaluation que l'on faisait de l'équipe avant le début de la saison. C'est mieux que l'an passé, probablement moins bon que l'an prochain.

Hier, aucune des deux équipes n'était avantagée. Les deux avaient joué la veille. Les deux traversaient des séquences difficiles. La différence est que les Sharks de San Jose sont sortis des blocs beaucoup plus rapidement, pour conclure le mieux possible un voyage désastreux (fiche de 1-3-1) et un retour humiliant d'Erik Karlsson à Ottawa. L'avantage de l'expérience.

Le Canadien, lui, a perdu un sixième match sur sept et a commencé à jouer quand c'était déjà 2-0 pour l'adversaire. Le long séjour à domicile n'aura finalement pas servi à grand-chose.

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En première période, Justin Braun a marqué d'un tir que Carey Price aurait pu arrêter, après avoir intercepté une passe de Jeff Petry. Puis, Brent Burns a doublé l'avance tandis que Mike Reilly et Michael Chaput étaient tous les deux au banc des pénalités.

«Ils sont sortis forts, a dit Shea Weber. On en parlait hier, on ne doit pas partir en retard. Ça peut arriver parfois, mais ça arrive trop souvent dernièrement. On savait qu'ils joueraient avec désespoir. Ils ont été meilleurs en première, ils étaient les premiers sur la rondelle, ils ont attiré des pénalités.»

Puis Weber a admis du bout des lèvres qu'il avait senti par moments la fatigue de ses coéquipiers. Et c'est un aspect intéressant, et important, de l'évolution du Canadien. C'est à la base du fameux « apprendre à gagner » de l'entraîneur.

Le premier tiers de saison a drainé beaucoup du réservoir de certains joueurs. Le style de jeu axé sur l'échec avant s'est effrité peu à peu. Jesperi Kotkaniemi, par exemple, a ralenti depuis quelques matchs. Il a joué moins de 13 minutes contre les Sharks. Au moins, sa complicité nouvelle avec Paul Byron lui donne un second souffle nécessaire pour un jeune de 18 ans qui apprend les rigueurs du métier.

Claude Julien est logiquement venu à sa défense après le match. C'est parfait ainsi, Kotkaniemi aidera le Canadien pour encore de nombreuses années, il doit continuer à apprendre dans l'adversité. Claude Julien doit garder le cap avec son jeune centre.

«Je lui disais aujourd'hui que j'étais surpris de la façon dont il se comportait depuis le début de la saison, a dit Julien. Ça va arriver qu'il ait des matchs moins bien que d'autres. Il patine assez bien. On parle d'apprendre à gagner et jouer des matchs un soir après l'autre. Un jeune de 18 ans qui joue deux matchs en deux soirs, lui aussi a le droit d'apprendre à gérer des situations comme celles-là.»

On peut s'intéresser aussi au cas Brendan Gallagher. Le petit attaquant a connu un début de saison de tous les diables, avec 9 buts à ses 12 premiers matchs. Depuis, c'est beaucoup plus calme - 2 buts en 15 matchs. Hier, on l'a vu pousser, essayer, foncer encore et toujours au filet. Mais il n'y avait plus rien pour le deuxième effort. C'était particulièrement visible en troisième période, quand après avoir coupé au filet, il a simplement laissé la contre-attaque s'organiser sans même tenter quoi que ce soit. Le réservoir était vide. Il est le parfait exemple au sein d'une équipe qui doit encore apprendre à trouver son énergie chaque soir.

Il reste la défense, maintenant, toujours un casse-tête pour Claude Julien. Brett Kulak ressemble de plus en plus à une solution temporaire avec Shea Weber. Hier, il n'a rien généré de bien exceptionnel. Mike Reilly, en revanche, a beaucoup plus contribué. Jordie Benn est en nette régression.

Pour apprendre à gagner, Claude Julien doit aussi trouver la brigade défensive qui le fera gagner un jour. Pas nécessairement tout de suite, mais un jour. Pas sûr que ce soit celle qui était sur la glace hier.

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En hausse: Andrew Shaw

Il est l'un des rares joueurs d'énergie qui avaient encore de l'énergie hier. Il a été à l'origine de la plupart des espoirs en troisième période.

En baisse: Jordie Benn

Il a trop souvent mis ses coéquipiers dans le pétrin. Tout ça en plus du retour des bons vieux dégagements dans le vide.

Le chiffre du match: 60,4%

Succès du Canadien sur les mises en jeu face aux Sharks. C'est un sommet cette saison.