Une chose est sûre: on ne pourra pas accuser Claude Julien d'être incohérent.

Mardi, l'entraîneur-chef a donné congé d'entraînement à ses joueurs avant de partir pour le New Jersey. Rien de plus normal: les joueurs venaient de passer une semaine dans l'Ouest canadien, puis six heures en avion dimanche, traversant trois fuseaux horaires, avant de se farcir un match furieusement disputé contre les champions de la Coupe Stanley lundi.

Contre les Capitals de Washington, Julien a vu des erreurs mentales, du jeu défensif approximatif. Après le match, il a parlé de fatigue. Il a jugé que le repos était une arme et il a agi en conséquence mardi.

Hier, Julien a de nouveau évoqué la fatigue à l'issue de la gênante défaite de 5-2 des siens aux mains des Devils du New Jersey. D'abord en français. «Mentalement, on a fait beaucoup d'erreurs. Je ne sais pas si c'est la fatigue ou le manque de concentration, mais c'était difficile. Défensivement, on n'a pas été très forts», a tranché Julien.

Puis, il a été plus affirmatif en anglais. «On vient de jouer 11 matchs en 21 jours. Je sens honnêtement un peu de fatigue. C'est là qu'il faut rester concentrés mentalement et simplifier notre jeu, si on veut passer à travers de telles séquences.»

L'explication tient tout à fait la route. On le dit depuis le début de la saison: le style de jeu pratiqué par le CH est exigeant. Il exige de jouer avec vitesse et d'être combatif en échec avant. C'est de cette façon que Julien et ses adjoints jugent que cette équipe pourra exploiter ses forces et limiter la portée de ses faiblesses. La fiche de 11-7-4 de l'équipe montre qu'ils ont tout de même bien vu.

Mais on demande cet effort à des joueurs pas nécessairement costauds. Le CH, hier, comptait sur un seul patineur de plus de 200 lb: Nicolas Deslauriers. Les autres étaient sur la passerelle (Karl Alzner) ou à l'infirmerie (Shea Weber et Joel Armia). Ajoutez à cela un quatrième trio qui n'a toujours pas gagné la confiance de l'entraîneur et des défenseurs trop inconstants derrière Jeff Petry, et vous avez la tempête parfaite pour surcharger les meilleurs éléments.

Calendrier chargé

Les joueurs, naturellement, refusent cette explication. «On ne veut pas se lancer là-dedans. On doit juste être meilleurs», a répondu Brendan Gallagher, quand le calendrier a été évoqué.

Le calendrier est effectivement chargé. Les déplacements au cours du présent segment ont fait en sorte que certains jours qui auraient pu être des congés se sont transformés en journées de voyage. On peut être cyniques et dire que ce sont des athlètes grassement payés, qui voyagent dans de meilleures conditions que votre couple d'amis qui part en vacances en amoureux à Saskatoon (ou à Paris, peu importe).

Cela dit, ce sont des athlètes professionnels qui sont justement payés pour offrir des performances au plus haut niveau, et ces aléas du calendrier les en empêchent. C'est vrai pour le CH, ce l'est aussi pour les 30 autres équipes. D'ailleurs, les Devils disputaient eux aussi leur 11e match en 21 jours hier.

Est-ce que Taylor Hall, Marcus Johansson et Pavel Zacha semblaient fatigués? Pas tant.

Donc oui, il est tout à fait normal que la fatigue devienne un facteur et que l'entraîneur l'évoque. Dès le 20 octobre à Ottawa, Paul Byron avait également parlé de fatigue après une défaite.

On peut toutefois se questionner sur la façon dont le Canadien survivra à un calendrier de 82 matchs. Les piles commencent à faiblir à l'aube du deuxième quart de la saison, comme quand Bryan Adams commençait à chanter plus bas et plus lentement dans un vieux Walkman à cassette.

Le Tricolore n'est pas sorti de l'auberge. Après un petit répit à la fin du mois, l'équipe devra disputer 12 matchs en 22 jours avant Noël, dont quatre dans l'Ouest. Début 2019, une éreintante séquence de 10 matchs en 16 jours l'attend.

Julien a trouvé jusqu'ici de bonnes solutions pour contrecarrer un certain manque de talent dans son effectif. Il semble que son prochain défi sera de trouver une façon de puiser l'énergie nécessaire de ses hommes.

Prochain match: Canadien c. Sabres, demain (16h) à Buffalo



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En hausse: Kenny Agostino

Il a grandi à une quarantaine de kilomètres de Newark et disputait donc le match d'hier devant plusieurs proches. Agostino a travaillé avec l'acharnement qu'on lui connaît, même qu'il en a déployé un peu trop au goût des arbitres, qui lui ont refusé un but.

En baisse: Xavier Ouellet

De retour dans la formation après avoir été laissé de côté lundi, le Québécois a paru étourdi toute la soirée.

Le chiffre du match: 11

Dans l'indifférence la plus totale en troisième période, et sur un but plus ou moins glorieux, Max Domi a prolongé à 11 sa séquence de matchs avec au moins un point. Une première chez le Canadien depuis Pierre Turgeon en 1995.