Paul Byron s'est blessé, puis Joel Armia. Tout d'un coup, un nouveau joueur est apparu, il y a une dizaine de jours, un certain Kenny Agostino.

Non seulement ça, mais en plus, le voici maintenant sur le même trio que le plus bel espoir du Canadien, Jesperi Kotkaniemi. Et il a même engrangé quelques minutes en avantage numérique, à la surprise générale.

Au moment de son rappel, Agostino était le meilleur marqueur du Rocket de Laval. Son rendement en faisait un choix logique pour la promotion, à la place de celui que tout le monde attendait, Nikita Scherbak.

Kenny Agostino s'est joint au Canadien comme joueur autonome l'été dernier. Il était destiné à un rôle de leadership avec le Rocket de Laval en vertu de son statut de vétéran reconnu dans la Ligue américaine.

En 2017, il a été nommé joueur par excellence de la Ligue américaine après une saison de 83 points avec les Wolves de Chicago. Il est ensuite passé dans l'organisation des Bruins de Boston avant de signer un somptueux contrat de la Ligue américaine avec le Canadien. Il devait incarner cette nouvelle attitude qui attendait aussi le Rocket, avec Joël Bouchard désormais à la barre de l'équipe.

Agostino n'est pas le plus flamboyant, mais il s'exprime très bien et il est éminemment sympathique. L'homme originaire du New Jersey a longtemps étudié à la prestigieuse Université Yale, où son stage intéressant avec les Bulldogs a fait de lui le choix de cinquième tour des Penguins de Pittsburgh en 2010.

Et quand il a décidé de venir à Montréal, c'était pour y faire une immersion complète. Plutôt que de s'établir près du centre d'entraînement à Brossard ou dans le Vieux-Port, comme la plupart de ses coéquipiers du Canadien, ou à quelques minutes de la Place Bell, comme ses coéquipiers de Laval, il a plutôt opté pour... le Plateau.

En fait, Agostino pense que c'est le Plateau, ou peut-être le Quartier latin. Bref, quelque part entre les deux.

«Évidemment, j'espérais jouer avec le Canadien, mais je me disais aussi que Laval n'était pas trop loin en métro. Montréal est une ville magnifique avec une très riche culture, beaucoup d'histoire. Je voulais la pleine expérience de la vie montréalaise, peu importe où j'allais jouer.

«J'adore cet environnement francophone. Avant d'être rappelé, je venais de m'inscrire à des leçons de français à Laval. J'espère reprendre ces cours. Je ne crois pas réussir à maîtriser la langue cette saison, mais si je peux au moins me débrouiller, ce serait bien. J'aimerais pouvoir interagir en français.»

Sur la glace

Agostino blague que s'il pourra apprendre le français à l'extérieur de la glace, il s'initie au finnois sur le banc avec ses partenaires de trio Kotkaniemi et Artturi Lehkonen. Il admet même déjà comprendre quelques mots, évidemment pas les plus chics.

Depuis son rappel, Agostino a obtenu une seule aide en cinq matchs, contre les Golden Knights de Vegas, quand il a libéré une rondelle au fond de la zone adverse pour mener à un but de Kotkaniemi. Il n'est pas celui qui fait gagner des matchs, il n'est pas celui qui cause la défaite non plus. Samedi, il a signé une belle feinte en entrée de zone au début de la deuxième période. C'est aussi son trio qui a su insuffler une nouvelle énergie après le premier but des Canucks de Vancouver.

Cela dit, il n'est certainement pas le magicien offensif qui fera éclore Kotkaniemi ou Lehkonen. En attendant le retour d'Armia, prévu quelque part entre la mi-décembre et la fin de l'année, ou de Byron, il fait de son mieux.

«Je travaille fort sur l'échec avant pour créer des revirements et récupérer les rondelles. J'espère pouvoir aider un joueur si naturellement talentueux avec la rondelle comme Kotkaniemi. Je vais travailler pour aller chercher les rondelles et le laisser faire ses jeux. Je veux être le joueur responsable des deux côtés de la patinoire.  J'ai un bon sens du hockey, mais j'espère offrir une meilleure production offensive.»

Agostino a porté l'uniforme de quatre équipes dans la LNH, mais il jouait samedi seulement son 27e match dans la grande ligue. Pour lui, la différence de niveau est énorme : la vitesse, la force physique, la prise de décision. La différence se situe aussi au niveau du rôle qu'il joue. S'il est résolument créateur offensif dans la Ligue américaine, son approche est tout autre dans la LNH.

«C'est une question mentale. J'ai appris à travers les années à jouer de la bonne manière en général. Ça m'a permis d'avoir du succès dans la Ligue américaine. Je pouvais m'en tirer avec certaines choses dans la Ligue américaine. Tu peux tricher pour aller chercher plus d'attaque, mais dans la LNH, tu ne peux pas. J'ai compris que pour rester dans la LNH, je dois jouer de manière responsable.»

En théorie, Agostino en aura pour encore un mois dans l'entourage du Canadien. C'est l'occasion qu'il attendait pour grimper dans l'organigramme, et on lui offre le contexte pour se faire valoir. À lui maintenant d'en donner un peu plus.