Est-ce qu'un marqueur peut, tout d'un coup, arrêter de marquer? Milan Lucic se pose la question. En fait, Milan Lucic se pose bien des questions. Après avoir connu des saisons de 30 buts, de 26 buts ou de 24 buts, Lucic, si la tendance se maintient, aura du mal à atteindre le cap des 10 buts en 2018-2019.

Ça semble impossible et puis, pourtant, oui, c'est là où en est le gros attaquant des Oilers d'Edmonton, qui a un seul but à sa fiche depuis le début de la saison. Si vous croyez que cela est affreux, sachez que le but précédent de Lucic remonte au... 5 mars.

C'est donc dire qu'il a récolté deux buts à ses 63 derniers matchs.

Cela ne serait pas si mal s'il s'agissait d'un simple joueur de soutien qui patine pour un salaire modeste, mais Lucic, rappelons-le, a été embauché ici en 2016 au coût de 42 millions de dollars sur sept saisons.

Quand on fait le calcul, on comprend que ça revient assez cher du but.

Mais elle n'y va pas, elle n'y est pas, et Lucic admet que cela commence à lui peser un peu, surtout qu'il voit bien les doigts accusateurs qui commencent à pointer en sa direction.

Il y a aussi que les Oilers ne gagnent plus - l'équipe vient de perdre ses quatre derniers matchs -, et quand une équipe ne gagne plus, souvent, ce sont les hauts salariés en panne sèche qui sont jugés responsables.

«Je comprends très bien les statistiques, les chiffres et les buts, toutes ces choses-là, a-t-il ajouté. Je me concentre sur l'ensemble de mon jeu, j'estime que je joue bien, et que si je continue comme ça, les choses vont se replacer.

«Mais je ne sais pas. Peut-être que 2018 n'est pas mon année? On dirait qu'il ne m'arrive rien de bon en 2018. Tout ce qui pouvait aller mal s'est mis à aller mal. Alors je ne sais pas. Peut-être que si je continue à travailler, ça va se replacer en 2019?»

Vaincre le mauvais sort

Lucic admet sans hésiter qu'il a un peu tout essayé pour s'extirper de la fange, et à l'entendre énumérer la liste de choses qu'il a tenté de changer pour vaincre le mauvais sort, on comprend que deux buts en 63 matchs, ce n'est pas très plaisant comme réalité.

«J'ai essayé de lancer plus fort, de tenir mon bâton à des endroits différents, du revers, de changer la manière de mettre du ruban adhésif sur mes bâtons... J'ai essayé un paquet de trucs pour tenter de retrouver le succès. Changer les gants, laver les gants, changer mes lacets... juste pour voir s'il y a quelque chose de bon qui peut arriver ensuite.

«J'aimerais savoir pourquoi ça ne marche pas, mettre le doigt dessus, mais je ne le sais pas. Ça allait très bien en décembre dernier, mais à partir de Noël, c'est comme si le robinet s'était refermé. Même à mon pire moment avant celui-ci, je n'ai jamais connu une telle disette.»

La bonne nouvelle pour Lucic, c'est que lui et les Oilers accueillent ce soir le Canadien. Oui, bien des choses ont changé depuis que Lucic a quitté Boston, et plusieurs de ses amis du Canadien (P.K. Subban et Alexei Emelin, parmi les noms que l'on peut citer au hasard) ne portent plus le maillot montréalais. Mais Lucic a souvent eu du succès face au CH, incluant une récolte de trois points en deux matchs la saison dernière.

En attendant, on présume que Marc Bergevin doit remercier sa bonne étoile, puisque Lucic avait préféré l'offre des Oilers à celle du Canadien lors de l'ouverture du marché des joueurs autonomes il y a deux ans. Parfois, il y a des refus qui tournent bien.