Kevin Shattenkirk rêvait de jouer avec les Rangers de New York. Il a grandi à New Rochelle, en banlieue de Manhattan. Il a idolâtré Brian Leetch.

À l'été 2017, le rêve devenait accessible. Jouer sous le majestueux plafond du Madison Square Garden. Devant Susan Sarandon, Jimmy Fallon, Liam Neeson, Darryl McDaniels de Run DMC... New York, finalement.

Après avoir amassé 56 points en 2016-2017, Shattenkirk a vu le marché des joueurs autonomes s'ouvrir à lui. Les Rangers venaient de connaître une saison de 102 points et d'atteindre le deuxième tour des séries éliminatoires. Ils étaient dirigés par Alain Vigneault, dont les équipes participaient aux séries année après année. Bref, les astres étaient alignés pour un mariage heureux.

Parfois, la vie ne prend pas la direction que l'on attend. C'est certainement le cas avec Shattenkirk et les Rangers...

«C'est un environnement différent de ce qu'on attendait il y a deux ans», a reconnu Shattenkirk, rencontré dimanche soir au MSG, après la victoire des Rangers contre les Sabres de Buffalo.

Pas que les Rangers ont changé tant que ça depuis l'arrivée de Shattenkirk. Si on se reporte au match que le Tricolore avait joué ici en octobre 2017, les deux premiers trios y sont toujours, de même que quatre des six défenseurs. Mais parmi les départs, on retrouve Vigneault, de même que l'ancien capitaine Ryan McDonagh. Et, surtout, c'est une équipe qui a pris la peine d'annoncer à ses partisans qu'elle amorçait une reconstruction à la date limite des transactions l'an passé.

«Si on regarde ce que les équipes font en un an ou deux, avec des choix au repêchage et un ou deux échanges, tu peux redevenir un aspirant au championnat, a expliqué Shattenkirk à La Presse. C'est plus rapide qu'avant. En ce moment, on travaille à mettre en place une culture. Il restera deux autres saisons à mon contrat après celle-ci. Ce n'est pas énorme. Mais j'ai toujours voulu jouer ici. On va dans la bonne direction.»

Shattenkirk parle de patience, mais il a certainement dû aimer les propos de son entraîneur-chef, David Quinn, avant le match de dimanche. Un collègue lui demandait si la reconstruction annoncée par l'équipe quelques mois plus tôt lui enlevait de la pression dans l'immédiat. «Non, il y a de la pression chaque seconde, chaque jour, dans cette profession! On construit, on ne reconstruit pas. On s'attend à gagner», a martelé Quinn.

Malgré ces belles paroles, malgré une séquence de trois victoires de suite, les Rangers présentent encore une fiche déficitaire de 6-7-1. Ils jouent au sein d'une division Métropolitaine relevée, où une place en séries sera difficile à décrocher.

Blessure importante

Donc, Shattenkirk n'a peut-être pas vécu ce qu'il souhaitait vivre avec les Rangers quand il a signé un contrat de quatre ans l'an passé. Mais l'équipe, elle, n'en a pas non plus eu pour son argent jusqu'ici en lui accordant 26,6 millions de dollars, pour un impact annuel de 6,65 millions sur le plafond salarial.

Ça avait pourtant bien commencé. Après 20 matchs, il totalisait 17 points. Shattenkirk n'a jamais été un grand défenseur défensif, mais il peut certainement animer une attaque, chose qu'il faisait jusque-là.

Par contre, une blessure à un genou l'a ensuite ralenti, jusqu'au point où il a dû hisser le drapeau blanc à la mi-janvier. Une opération était nécessaire.

L'athlète de 29 ans a amorcé la présente saison à temps, mais a vite été rattrapé par la réalité. Au quatrième match de la saison, Quinn l'a laissé de côté. Une décision qui a fait jaser, puisque l'entraîneur-chef avait déjà dirigé Shattenkirk à Boston University et dans l'organisation de l'Avalanche du Colorado. Pendant que Shattenkirk joue 18 minutes par match, les jeunes Brady Skjei et Neal Pionk ont droit à 22 minutes.

«Il revient d'une grosse opération, donc c'est différent, a plaidé Quinn. Mais il joue très bien depuis trois matchs. Pionk et Skjei jouent très bien aussi. Les minutes de Shattenkirk vont augmenter, c'est déjà commencé. Ceux qui jouent bien verront leur temps d'utilisation augmenter en conséquence. L'âge n'est pas un facteur.»

«Je n'ai pas pu m'entraîner aussi intensément l'été dernier, je devais d'abord refaire les muscles de ma jambe, a rappelé Shattenkirk. J'avais perdu beaucoup de force, puisque je n'avais pas pu beaucoup m'entraîner pendant la saison. Je sens que mon coup de patin est finalement revenu.»

Shattenkirk n'a que trois points en 10 matchs depuis son retour au jeu, mais il présente un différentiel de 0, après avoir montré une fiche de -4 à ses trois premiers matchs.

Les Rangers devront souhaiter que Shattenkirk continue à retrouver sa forme. En santé, il demeure un atout redoutable en avantage numérique. Et l'équipe a déjà Brendan Smith (4,35 millions jusqu'en 2021) comme contrat lourd à soutenir en défense.

Marc Bergevin dit souvent que les directeurs généraux font leurs pires erreurs le 1er juillet. Mais un qui a vu juste, c'est certainement le DG des Capitals de Washington, Brian MacLellan. Car c'est lui qui n'a pas retenu Shattenkirk et Karl Alzner à l'été 2017...

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Howden, un cas incertain

Les Rangers pourraient être privés du jeune Brett Howden ce soir. Le centre est très mal tombé dans la bande, dimanche, en deuxième période, et n'a pas terminé le match. «Il aurait pu se blesser de quatre façons différentes», a déploré son coéquipier Brady Skjei, après le match. Miraculeusement, Howden était de retour à l'entraînement hier, mais Quinn a laissé entendre aux médias sur place que l'équipe allait opter pour la prudence. D'ailleurs, l'équipe a annoncé le rappel de Lias Andersson, choix de premier tour en 2017, qui compte 12 points en 14 matchs dans la Ligue américaine. Howden, 20 ans, est un ancien de choix de premier tour du Lightning de Tampa Bay, acquis dans la transaction qui a envoyé Ryan McDonagh à Tampa. Il totalise 9 points en 14 matchs cette saison.

Photo Danny Wild, USA TODAY Sports

Brett Howden