Jesperi Kotkaniemi a peut-être marqué ses deux premiers buts hier, mais, comme c'est souvent le cas dans la Ligue nationale, la manière compte parfois plus que le résultat, aussi heureux soit-il.

Dans le cas qui nous intéresse, c'est l'aisance de Kotkaniemi dans son nouvel environnement qui ressort le plus.

Voici un joueur qui apprivoise encore les patinoires nord-américaines, qui affronte des joueurs ayant souvent une vingtaine de livres de plus que lui, parfois plus. Il habite non seulement dans une nouvelle ville, mais sur un continent qui est nouveau pour lui, et vit dans une langue qu'il ne maîtrise pas encore parfaitement. Tout ça à 18 ans, un âge où le commun des mortels tente tant bien que mal de comprendre quelque chose dans ses cours de philo.

Malgré tous ces éléments qui en dérangeraient plus d'un, Kotkaniemi avait tout l'air d'un jeune homme parfaitement à sa place, dans la victoire de 6-4 du Canadien sur les Capitals de Washington.

Il l'a démontré sur la patinoire en tenant son bout physiquement contre des hommes. En première période, le grand adolescent s'est retrouvé dans un coin avec Chandler Stephenson, un joueur de 24 ans et 203 lb. Qui est ressorti avec la rondelle? Le numéro 15 du CH, qui a du même coup amorcé la sortie de zone. Quelques secondes plus tard, Joel Armia lui redonnait la rondelle et Kotkaniemi faisait sauter le toit du Centre Bell en marquant son premier but.

Plus tard, après qu'il eut tenté un tir après le sifflet, le vétéran Matt Niskanen est venu l'agripper par le collet. Le jeune premier du Canadien a gardé son habituel air un brin insouciant. Après le match, un collègue lui a demandé s'il savait comment réagir dans un cas pareil. «Tu le frappes en plein visage!», a lancé le Finlandais.

Puis, en fin de match, Kotkaniemi était bien ancré devant la peinture bleue du filet adverse quand Artturi Lehkonen l'a repéré. On l'admet, les visiteurs ont été cléments avec lui, jouant plutôt mollement dans l'enclave. N'empêche: il aurait aussi pu préférer se tenir en périphérie. Il avait plutôt le nez dans la circulation lourde et ça lui a valu son deuxième but du match.

«Il est impliqué. C'est une grosse équipe, Washington, et encore là, il ne recule devant personne. J'aime la façon dont il se comporte pour un jeune de 18 ans, a répondu Claude Julien, après le match. Il n'est pas intimidé.»

Des pas de géant

On insiste sur l'aspect physique de son match, parce que c'était là la grosse interrogation à son sujet il y a quatre mois, quand on a fait sa connaissance au camp de développement. Tout le monde connaissait sa vision du jeu, ses mains, son intelligence. On a assez vite découvert qu'il possédait un bon tir; dès son premier match préparatoire, ça lui a permis de marquer.

Mais physiquement, c'est un joueur qui semblait trop frêle, qui se faisait bousculer par des joueurs d'âge junior au camp de développement et au tournoi des recrues. Or hier, contre les champions de la Coupe Stanley, dans un match chaudement disputé, il était à sa place.

On s'est d'abord demandé si Kotkaniemi allait même être invité au camp du Canadien. On s'est ensuite demandé s'il allait demeurer à Montréal au-delà de la période officieuse d'essai de neuf matchs, avant que la première année de son contrat n'entre en vigueur.

Hier soir, Jesperi Kotkaniemi a été un acteur clé d'une victoire chaudement disputée contre une des grosses pointures de la LNH, menée par deux des meilleurs attaquants au monde. Julien peut bien répéter - comme il l'a fait hier - qu'il ne peut pas garantir que la recrue passera la saison en entier à Montréal. Mais en jouant comme il l'a fait hier, Kotkaniemi ne fait pas qu'apprendre: il fait du Canadien une meilleure équipe.

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En hausse: Charles Hudon

La définition même d'un joueur en hausse. Il obtient une première chance au sein d'un trio offensif cette saison et répond en étant le joueur le plus dangereux, même s'il n'a pas marqué. Mention honorable à Tomas Tatar, qui a lui aussi brillé à défaut d'avoir marqué.

En baisse: Noah Juulsen

Il a très mal paru sur le deuxième but de Lars Eller, se faisant dépouiller de la rondelle par Brett Connolly, qui travaillait à une seule main. Un premier creux de vague pour l'ancien choix de premier tour.

Le chiffre du match: 2

Il y a eu deux secondes d'écart entre le but gagnant de Max Domi et le but d'assurance de Joel Armia. Le Canadien a ainsi établi un record de la LNH pour les deux buts les plus rapides par une même équipe. L'ancienne marque, égalisée pour la dernière fois par les Islanders en 2016, était de trois secondes.