Il fallait bien que le Canadien finisse par perdre un match en temps règlementaire. Mais fallait-il vraiment que ce soit de cette manière?

Deux jours après avoir joué de façon « inacceptable » dans un gain face aux Canucks de Vancouver, Carey Price n'était pas là pour sauver le Tricolore de ses travers, et les Blue Jackets de Columbus en ont profité pour lui infliger une humiliation de 10-0.

» Le sommaire du match

L'embarras rappelait la dégelée subie le 2 décembre 1995 lors du dernier match de Patrick Roy dans l'uniforme bleu-blanc-rouge. De fait, le CH n'avait jamais accordé 10 buts dans un match depuis cette célèbre date.

Pour donner une idée de l'ampleur du désastre : en un seul match, le Tricolore a accordé plus de buts qu'il ne l'avait fait au cours des huit rencontres précédentes !

« Un cauchemar, c'est exactement ce que c'était. C'est exactement le résultat qu'on méritait ce soir. Une chance qu'on joue demain, on pourra oublier ça rapidement. Mais c'est dur à avaler de se faire marquer autant de buts. On va voir quel genre de groupe on a lorsqu'on va lacer nos patins demain soir. »

Que doit penser Michel Therrien d'un tel cadeau d'anniversaire ? La dernière fois que le Canadien a joué un 4 novembre, c'était il y a deux ans et il avait essuyé un revers de 5-0 devant les Blackhawks de Chicago...

« De la manière dont on jouait dernièrement, on voyait venir ça comme une grosse balle courbe au baseball, a commenté l'entraîneur-chef. Tant que tu ne brûles, il n'y a jamais de bonnes choses qui vont arriver. »

Effondrement rapide et total

Le gardien Al Montoya, laissé à lui-même, aurait été relevé bien avant si Therrien n'avait pas eu en tête le fait que le CH joue de nouveau samedi soir au Centre Bell, où Price affrontera les Flyers de Philadelphie.

Au contraire, Montoya est demeuré dans le match, lui qui n'avait jamais accordé plus de sept buts dans une rencontre. Il a repoussé 30 tirs.

« Une décision très difficile à prendre », a confié Therrien à propos du choix de laisser Montoya dans la rencontre.

Devant lui, l'effondrement a été rapide et total.

Avant même que les Blue Jackets ne donnent le coup de canon d'envoi à leur festival offensif, le Tricolore perdait ses batailles le long des rampes, multipliait les revirements et les Blue Jackets entraient aisément en zone offensive. C'était clair que les digues allaient céder.

Coupable d'un revirement à sa propre ligne bleue, David Desharnais a voulu réparer sa gaffe en en commettant une autre, celle d'accrocher Alexander Wennberg qui venait de lui subtiliser le disque. Cam Atkinson en a profité pour lancer les siens en avant et marquer son premier de la soirée.

» Voir le premier but accordé par le Canadien

Desharnais, qui était sur la glace pour les deux buts suivants, a écopé en deuxième période quand Michel Therrien a voulu secouer ses troupes en remaniant les trios. On l'a retiré du deuxième trio et il a à peine joué deux minutes dans le deuxième vingt.

Mais ça n'a rien changé au sort de l'équipe. Le Canadien, qui n'avait pas tiré de l'arrière par trois buts jusque-là cette saison, a encaissé cinq autres buts durant la période médiane.

» David Savard donne les devants 3-0 aux Jackets

Quelle réplique ?

Les Blue Jackets excellent sur les unités spéciales depuis le début de la saison. Avant le match, ils affichaient entre autres la meilleure unité de supériorité numérique de la LNH avec un taux d'efficacité de 35%. Ils ont trouvé le moyen de bonifier ce pourcentage en marquant quatre buts en cinq occasions lors des 40 premières minutes.

Le jeune centre Alexander Wennberg, que John Tortorella voudrait voir émerger comme centre de son premier trio, a été le plus productif avec quatre mentions d'aide. Outre Atkinson, Scott Hartnell, Josh Anderson et le capitaine Nick Foligno ont aussi marqué deux buts.

» Cam Atkinson marque son deuxième but

En fait, tous les joueurs des Blue Jackets hormis l'attaquant Lukas Sedlak ont inscrit un point dans le massacre. Jamais dans leur histoire n'avaient-ils marqué autant de buts dans un match. Et jamais n'avaient-ils remporté de match par une aussi grande marge. Leur victoire la plus décisive était survenue le 10 novembre 2010 dans un festin de 8-1 face aux Blues de St-Louis. 

Le fait qu'ils effacent cette marque face à la seule équipe qui n'avait pas encore perdu en temps règlementaire et qui surfait sur une séquence de huit victoires sera de nature à leur donner confiance.

Quant au Tricolore, on est en droit de se demander dans quel état d'esprit ils s'étaient amenés à Columbus. Les joueurs n'avaient-ils pas eux-mêmes qualifié leur victoire chanceuse de mercredi d'un « réveil » pour eux ?

Leur réplique n'aurait pu être pire.