Est-ce que Brandon Prust s'est placé dans une position délicate, entraînant avec lui le reste de son équipe, à la suite de ses commentaires de dimanche soir concernant le travail d'un arbitre? Kerry Fraser croit que oui.

Fraser, qui a arbitré pendant 37 saisons dans la Ligue nationale de hockey avant de devenir analyste pour le réseau TSN, estime que l'attaquant du Canadien n'aurait jamais dû faire cette sortie publique à l'endroit de l'arbitre Brad Watson, dimanche soir au Centre Bell.

Au terme du match, une défaite de 6-2 du Canadien contre le Lightning de Tampa Bay lors de la deuxième rencontre de la série, Prust a affirmé que Watson l'avait insulté pendant la soirée, le traitant de «peureux» et de «fils de p...», entre autres. «Il essaie de jouer à Dieu, il essaie de contrôler le match, et c'est ce qu'il a fait», a ajouté celui qui porte le numéro 8.

«Brandon Prust s'est placé dans une position difficile, a expliqué Kerry Fraser lors d'un entretien téléphonique avec La Presse. J'ai du mal à croire qu'un arbitre aurait pu dire quelque chose comme ça à un joueur. Je ne suis pas en train de traiter Brandon Prust de menteur, mais je ne peux pas croire qu'un arbitre ait pu dire ça. Des fois, dans le feu de l'action, des joueurs peuvent croire qu'ils ont entendu certaines choses. Ça arrive.

«En faisant ces affirmations, Brandon Prust ne s'est pas aidé et il n'a pas aidé non plus son équipe. Il aura des obstacles à surmonter. S'il se retrouve impliqué dans un jeu corsé, Prust n'aura pas le bénéfice du doute. Il y a des joueurs comme ça qui ont une réputation auprès des arbitres. J'ai eu l'occasion de travailler en compagnie de Brad Watson, et c'est un arbitre de qualité. Mais je n'ai pas aimé son langage corporel dimanche soir, surtout quand il s'est approché du joueur pour le pointer du doigt.»

Mis au fait des allégations de Prust, la LNH a décrété l'ouverture d'une enquête interne, hier, pour faire toute la lumière sur cet incident. «Il y a un arbitre hors glace qui est placé au banc des pénalités. C'est sûr que ce gars-là a tout entendu et que la ligue va lui demander de fournir sa version des faits», a ajouté Kerry Fraser.

Dans le pire des scénarios, Brandon Prust pourrait écoper d'une amende pour sa sortie de dimanche soir. Selon les dispositions de la convention collective, un joueur ne peut être suspendu à la suite d'un incident du genre.

Therrien pas content

Ce qui est sûr, c'est que les commentaires de Prust n'ont pas plu du tout à Michel Therrien, qui aurait apprécié un peu plus de discrétion de la part de son attaquant.

«Je suis de la vieille école, mais j'ai comme principe que ce qui se passe sur la glace doit rester sur la glace, a commenté l'entraîneur-chef du Canadien, hier, en conférence téléphonique. On va régler ça à l'interne.»

En préparation pour un troisième match crucial, qui sera présenté demain soir à Tampa Bay, le Canadien se retrouve donc confronté à un double défi: tenter de gagner contre un club qu'il n'a toujours pas vaincu en sept occasions cette saison, et tenter de ne pas trop froisser des arbitres qui vont l'avoir à l'oeil à la suite de ce qu'il convient d'appeler «l'affaire Prust-Watson».

«Notre travail au chapitre des unités spéciales doit être meilleur que ça, a ajouté Therrien. Ça ne peut que s'améliorer. Nous avons été disciplinés pendant toute la saison, puis nous avons fait des erreurs du côté de la discipline lors du match de dimanche soir. Mais nous sommes prêts à passer à autre chose et à oublier tout ça.»