Jarome Iginla est parfaitement honnête: il ne sait trop à quoi s'attendre. Bien sûr, il a entendu les histoires, lu sur le sujet, s'est fait raconter ce que ça signifie, une série entre le Canadien et les Bruins. Mais il n'a jamais eu l'occasion d'y prendre part.

Tout cela va changer à compter de ce soir. Pour le meilleur et pour le pire.

«Je comprends très bien tout ce que cela implique, a fait savoir l'attaquant des Bruins, hier à Boston. Je comprends l'enjeu aussi. Ça fait quoi, environ 100 ans que ces deux équipes-là se font face? Je n'ai jamais pris part à une rivalité aussi historique que celle-là.»

Pour Iginla, un vétéran de 17 saisons dans la Ligue nationale, ce sera un soir de grande première. Ce soir au TD Garden de Boston, ce sera le premier match de la série entre le Canadien et les Bruins, mais pour lui, membre des Bruins depuis une seule saison, ce sera avant tout une incursion dans cette rivalité sans fin. Hier encore, Milan Lucic n'a-t-il pas reconnu qu'il «déteste» le Canadien?

Iginla, un joueur poli, réservé, un chic type aux bonnes manières, ne semble pas trop cadrer avec ce scénario un peu fou. Pas pour l'instant, du moins.

«Pour moi, c'est difficile de comparer avec une autre rivalité dans cette ligue, parce que je n'ai jamais vécu une série entre les Bruins et le Canadien, a-t-il ajouté. Quand j'étais avec les Flames de Calgary, nos grands rivaux, c'était Edmonton, mais on ne les voyait jamais en séries. On avait aussi une petite rivalité avec Vancouver, mais c'est tout. Je ne crois pas avoir vécu quelque chose qui ressemble à ceci.»

Vivre de grand moments

C'est exactement pour vivre de grands moments du genre que l'attaquant de 36 ans a dit oui aux Bruins en juillet, optant pour une entente d'une saison. Pour avoir une chance de toucher cette Coupe Stanley qui lui échappe depuis toujours, et pour avoir une chance de prendre part à de grands affrontements.

Comme la série qui commence ce soir.

«On ne doit pas amorcer la série en pensant à ce qui est arrivé dans le passé entre les deux équipes, a-t-il expliqué. Tout ce qui doit occuper nos pensées, c'est le moment présent. J'ai hâte que ça commence. On doit se concentrer sur notre jeu à nous. Tout le reste, la rivalité, ce qui est arrivé auparavant, ce qui risque de se passer après les coups de sifflet, tout ça, on ne peut pas trop y penser.»

Jarome Iginla ne veut pas trop parler de retraite, il hésite un peu quand on tente d'aborder le sujet avec lui. Mais le voici dans une équipe de premier plan, qui peut encore miser sur plusieurs joueurs ayant pris part à la dernière conquête du club, en 2011.

En d'autres mots, Iginla semble se rapprocher de cette Coupe Stanley qu'il désire tant. C'est surtout ça qui l'intéresse. Le Canadien, la rivalité, les vieilles histoires? Un peu moins. De toute évidence, le vétéran des Bruins n'a pas encore eu le temps de pouvoir détester comme il se doit les joueurs du Canadien.

Ça pourrait changer assez vite, remarquez.

«Je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre, a-t-il offert en guise de conclusion. Je connais l'histoire et le passé entre ces deux équipes, et je sais que l'ambiance dans les deux arénas va être électrique. Mais pour moi, le Canadien est avant tout une équipe qui se retrouve sur notre chemin, qui veut nous empêcher d'atteindre notre but.»