Le Canadien a le dos au mur. Et son dos lui fait mal.

Sa profondeur constituait un atout majeur en première ronde face aux Sénateurs d'Ottawa, mais elle s'est volatilisée depuis la perte de Lars Eller lors du premier match.

Au total, six joueurs ont été victimes de blessures au cours des cinq premiers matchs de la série.

Alors que le Tricolore tentera d'éviter l'élimination, jeudi soir au Centre Bell, son bilan médical ne laisse rien présager de bon.

Il est déjà acquis que les séries se terminent ici pour le capitaine Brian Gionta. L'Américain de 34 ans devra passer sous le bistouri afin de réparer une déchirure du biceps gauche subie lors du premier match. Une blessure identique à celle qu'il s'était infligé au biceps droit, l'an dernier, et qui avait mis fin prématurément à sa saison.

«C'est décourageant, a admis le capitaine. C'est une blessure plutôt rare et pourtant, elle m'arrive deux années de suite.»

Gionta sera opéré vendredi à Montréal par le même chirurgien qui l'a opéré l'an dernier.

«On commence à se connaître», a-t-il laissé tomber avec ironie.

Après avoir raté le deuxième match de la série, Gionta a tenté un retour lors du troisième affrontement.

«Il n'y avait pas de risque que j'aggrave quoi que ce soit car le dommage était fait, a-t-il expliqué. Mais l'utilisation que je pouvais faire de mon bras était limitée. J'ai pris part à l'entraînement matinal, mardi, avec une nouvelle sorte de bandages au bras, mais ça n'allait pas.»

Michel Therrien a salué son courage.

«Il a tout fait pour revenir dans l'alignement lors du troisième match, a dit l'entraîneur-chef. Quand ça a été décidé la décision que c'était terminé pour lui, il a pleuré dans mes bras.»

Gionta espère être rétabli à temps pour le début du camp d'entraînement.

Jusqu'où employer un blessé?

En attendant de savoir ce qu'il adviendra de Carey Price (voir autre texte), le Tricolore sait déjà qu'il jouera jeudi sans les services de Brandon Prust et de Ryan White, tous deux blessés au haut du corps.

Prust est particulièrement mal en point. Non seulement son épaule gauche est-elle amochée, mais il s'est dardé lui-même à l'abdomen lors d'une chute en troisième période.

Tout au long de la série, on a pu constater que l'efficacité du rude ailier était réduite en raison de ses limitations physiques.

«Si le joueur te dit qu'il est capable d'être compétitif et que l'équipe médicale dit oui aussi, il faut lui faire confiance, a expliqué Therrien. Quand on me dit que le joueur est capable d'effectuer ses présences et qu'il est capable de jouer, le fait qu'il soit 50%, 60% ou 80% de ses capacités ne signifie rien. Si on l'envoie sur la glace, c'est qu'il est capable d'être compétitif et de faire ce qu'il est capable de faire.»

Ainsi, quand Gionta a tenté de revenir au troisième match, c'était avec la conviction qu'il allait être un facteur positif.

«Je n'aurais pas joué ce match-là autrement, a précisé Gionta. J'estimais que je pouvais aider et ne pas être une nuisance pour l'équipe.»

La même question se pose à l'égard de Max Pacioretty, qui a raté le deuxième match de la série et qui est loin d'afficher sa meilleure forme. Pacioretty s'accroche... et le Tricolore s'accroche à Pacioretty. Car il n'a plus d'alternatives intéressantes vers lesquelles se tourner.

Subban: «On est meilleurs qu'eux»

Il est arrivé 17 fois au cours de son histoire que le Canadien se retrouve en déficit 1-3 dans une série. Deux fois seulement a-t-il réussi à remonter la côte: en 2004 face aux Bruins de Boston, puis en 2010 alors que Jaroslav Halak et le Tricolore étaient revenus de l'arrière pour éliminer les Capitals de Washington.

P.K. Subban s'en souvient très bien.

« J'étais pas mal plus jeune et j'étais très excité de jouer dans la LNH, s'est-il rappelé. Je ne pensais pas à l'issue des matchs, je voulais juste m'assurer de bien jouer. Mais tout d'un coup, on a battu l'équipe de première place, puis celle de deuxième place... Alors tout peut arriver.

«Demain (jeudi), en amorçant le match en lion, on va réaliser qu'on est la meilleure équipe. Nous sommes encore en vie. Mais ça prend des gars dans le vestiaire pour y croire.»

Selon Subban, la pression est désormais du côté des Sénateurs.

«Ils veulent terminer ça, mais ils devront d'abord nous battre. Nous avons obtenu plus de lancers qu'eux à chaque match et nous sommes bons devant le filet peu importe le gardien. Alors on leur souhaite la meilleure des chances.»

«On peut battre ces gars-là, on est meilleurs qu'eux», a-t-il insisté en quelques occasions.