Ils ont dominé la Ligue de l'Ontario où ils évoluaient surtout au centre. Repêchés très tôt à leur année d'admissibilité, ils ont atteint la LNH à 18 ans. Mais à leur saison recrue, leur entraîneur a préféré les employer à l'aile et les intégrer graduellement au sein d'un troisième trio.

Pas de doute, le parcours d'Alex Galchenyuk ressemble à celui de Tyler Seguin, des Bruins de Boston.

Et les défis auxquels ont été confrontés les entraîneurs Michel Therrien et Claude Julien se ressemblent aussi, même s'ils ont parfois utilisé des tactiques différentes.

«On a fait beaucoup de vidéo et d'enseignement avec Tyler, se souvient Julien. On lui a également fait sauter des matchs à certains moments où ça pouvait être bon pour lui de regarder.»

En effet, Seguin était parfois rayé de la formation afin que l'enseignement se poursuive sur la passerelle avec l'entraîneur adjoint Doug Jarvis.

Du coup, croyaient les Bruins, Seguin développerait aussi sa force de caractère.

«Ce n'est pas parce qu'on ne le trouvait pas bon, mais nous voulions qu'il étudie le style de certaines équipes et qu'il comprenne ce à quoi on s'attendait de nos joueurs», indique Julien.

Le Tricolore n'a pas eu ce «luxe» avec Galchenyuk. Non seulement la profondeur de l'équipe n'est pas celle des Bruins de 2010-2011 - l'année où ils ont gagné la Coupe Stanley - mais les blessures ont rendu son utilisation incontournable.

Cela dit, les entraîneurs du Canadien font eux aussi beaucoup d'enseignement individuel par la vidéo. Surtout dans les moments où les choses semblent moins bien aller pour Galchenyuk.

«Alex est très réceptif, il veut continuellement s'améliorer, confie Michel Therrien. C'est lorsqu'on voit que son exécution n'est pas adéquate qu'on s'assoit avec lui pour regarder ses présences et pour lui montrer comment se positionner.»

Entre le repos et l'apprentissage

Galchenyuk a la particularité d'être arrivé dans la LNH lors d'une saison écourtée. Le calendrier resserré engendre moins de séances d'entraînement et moins d'exercices matinaux.

«Il y a un équilibre à trouver entre l'enseignement et la récupération, soutient Therrien. Il ne faut pas oublier qu'il reste deux années junior à son développement physique et qu'il joue contre des hommes.

«Ce qui me préoccupe, c'est qu'il ait de l'énergie lorsqu'il se présente sur la patinoire. Je ne veux pas le surtaxer et le forcer à ne se fier qu'à ses instincts. Il n'en est pas encore rendu au point où il peut connaître du succès grâce à ses instincts. S'il est fatigué, il va prendre de mauvaises décisions.

«Il pouvait s'en sortir dans le junior en raison de son immense talent, mais à notre niveau, ça ne peut pas fonctionner comme ça.»

Gérer les confrontations

Ni le Canadien ni les Bruins n'ont confié à leur recrue de 18 ans un rôle offensif trop prédominant.

«Ce n'est pas parce qu'on est un premier choix qu'on a automatiquement une place dans le premier trio à son arrivée. Il faut le mériter», fait valoir Julien.

Les deux équipes ont jugé que la troisième unité était le meilleur endroit pour faire ses classes.

«On ne voulait pas confronter Seguin aux meilleurs trios adverses dès le départ, rappelle Julien. Ç'aurait été un peu décourageant pour lui.»

Discours semblable chez Therrien.

«Travailler sur le développement, ce n'est pas juste de travailler sur le tir ou le positionnement, mais aussi sur la confiance du joueur. Si je lance Alex dans la gueule du loup face à des clubs contre lesquels c'est plus difficile de produire, il va perdre confiance.»

Galchenyuk a récemment admis qu'il lui était difficile d'afficher une confiance constante. Visiblement, ç'aurait été ambitieux de vouloir en mettre davantage dans son assiette.

Position et temps d'utilisation

Dans le junior, Galchenyuk et Seguin étaient habitués de jouer 20 minutes par match et d'être au centre de toutes les attaques.

La recrue du Canadien suit les traces du deuxième choix universel en 2010 car, comme Seguin avant lui, son temps d'utilisation moyen est d'environ 12 minutes.

«On m'employait dans plusieurs rôles et je me devais de me conformer au système de jeu et à ce qu'ils voulaient que je fasse, se souvient Seguin. Je ne jouais pas beaucoup et c'était frustrant par moments.

«Mais bon, ça a bien tourné et j'ai appris à la manière des Bruins.»

Il reste que Seguin, qui a maintenant 21 ans, attend toujours de jouer au centre d'un des deux premiers trios. La présence de Patrice Bergeron et David Krejci l'en empêche encore.

Chez le Tricolore, compte tenu que Tomas Plekanec, David Desharnais et Lars Eller ont un contrat pour l'an prochain, Galchenyuk pourrait devoir lui aussi prendre son mal en patience.

«Que je joue à l'aile ou au centre, l'important, c'est que je m'habitue à la vitesse du jeu», précise le timide Américain, qui a quand même disputé plusieurs matchs à l'aile avec le Sting de Sarnia, l'automne dernier.

«C'est la rapidité avec laquelle on doit prendre nos décisions qui est différente. Sinon, même en jouant à l'aile, je dois me montrer responsable défensivement. J'imagine que l'équipe a jugé que j'étais plus à l'aise à l'aile qu'au centre, mais ça me fait plaisir de jouer là.»