L'an dernier, 13% des joueurs de la LNH ont subi une commotion cérébrale qui les a forcés à rater des matchs. À ce nombre s'ajoutent des cas qui n'ont simplement pas été identifiés.

Chez le Canadien, par exemple, Mathieu Darche a souffert de la grippe pendant des semaines avant qu'on ajuste son bilan médical à la faveur d'une blessure au haut du corps. À propos de Travis Moen, on a dit qu'il souffrait d'une blessure au cou alors qu'il était lui aussi aux prises avec une commotion cérébrale.

Or, ces cas n'ont jamais été répertoriés, pas plus que ne le sera cette année celui de Rick Nash, qui est revenu au jeu jeudi sans que les Rangers de New York n'aient dévoilé la véritable raison de son absence.

En l'espace de trois semaines, le Tricolore a perdu les services de trois joueurs en raison de commotions cérébrales. Une vague qui coïncide avec une recrudescence observée à la grandeur de la ligue. On parle d'une douzaine de cas en l'espace de 15 jours.

«Je ne suis pas inquiet, a toutefois commenté Michel Therrien. C'est un sport de contact. En autant qu'il ne s'agisse pas de gestes délibérés, on est capable de vivre avec ça.»

L'entraîneur faisait référence à la mise en échec qu'a encaissée Josh Gorges, mercredi soir à Toronto, quand le subtil Mike Brown des Maple Leafs l'a frappé par-derrière. Gorges a été chanceux de s'en tirer indemne.

Brendan Gallagher aussi a été chanceux. Il a mis moins d'une semaine à retrouver ses esprits. Mais Rene Bourque et Raphael Diaz, eux, sont toujours aux prises avec les mêmes symptômes et n'ont pas progressé. Leur absence est indéfinie.

«Dans le cas de Diaz, a on a revu l'incident et c'est une malchance», a indiqué Therrien à propos de la chute du défenseur suisse devant Jakob Silfverberg, lundi soir à Ottawa.

S'entêter à jouer

Le cas de Rene Bourque est le plus préoccupant. Bien qu'il ne puisse en être certain à 100%, Therrien soupçonne que le coup de poing que lui a asséné Colton Orr, le 10 février, soit à l'origine de sa commotion cérébrale.

Si c'est le cas, Bourque aura disputé six autres rencontres avant de déclarer forfait.

«Je ne suis pas un spécialiste - quoique je m'en viens pas pire à ce sujet - mais selon ce qu'on m'a expliqué, les symptômes peuvent apparaître après 24 heures, après 48 heures, et parfois ça peut être plus long encore», a soutenu Therrien.

Mais encore faut-il que le joueur communique ses symptômes lorsqu'il les ressent!

Mathieu Darche a subi une commotion cérébrale le 13 février 2012, face aux Hurricanes de la Caroline, mais a joué quatre autres matchs avant de passer à la confesse.

«C'est moi qui m'entêtais à jouer, a confié Darche à La Presse. C'est que dans cette business-là, personne ne veut laisser sa place car il y a toujours quelqu'un qui est prêt à la prendre. Surtout quand on est un joueur vieillissant dont le poste n'a jamais été assuré.

«Je me disais que les étourdissements allaient passer comme ça avait passé dans certaines occasions avant ça. Ça n'a pas été le cas cette fois-ci.»

Colby Armstrong, lui, a raté 18 matchs des Leafs l'an dernier en raison d'une commotion. Il n'a attendu que 48 heures avant d'alerter les médecins.

«Les joueurs tentent de chasser les symptômes au départ jusqu'à ce qu'ils réalisent vraiment ce qui se passe, a soutenu Armstrong. Mais de persister à jouer est une mentalité de la vieille école.»

Au joueur de le dire

Travis Moen, lui, a raté 27 parties l'an passé. Ses symptômes se confondaient avec ceux d'une sinusite dont il n'arrivait pas à se débarrasser.

À première vue, il n'était pas évident de conclure à une commotion cérébrale, dit-il.

«Un joueur encaisse plusieurs coups au cours d'une saison et il va souvent se réveiller avec des maux de tête sans pour autant qu'il ait de commotion cérébrale», a-t-il rappelé.

Moen assure que tant les équipes que les joueurs sont maintenant plus sensibilisés aux commotions cérébrales. Pourtant, la question à cent dollars demeure entière dans le cas de Bourque: est-ce que les symptômes sont apparus plusieurs jours plus tard, comme le suggère Therrien, ou Bourque s'est-il lui-même exposé au risque?

«Il est le seul à le savoir», a répondu Moen.

Mathieu Darche reconnaît qu'il est facile de juger les athlètes lorsqu'on est à l'extérieur de l'engrenage. Mais maintenant qu'il en est sorti, le nouveau retraité convient que sa santé a été mise en péril.

«Les joueurs doivent prendre leurs responsabilités et admettre leur état de santé, a soutenu Darche. Les équipes ne peuvent pas deviner qu'on a des symptômes. C'est au joueur de le dire.

«Or, les joueurs vont se convaincre de tout avant d'admettre qu'ils ont eu une commotion.»