Tout nouveau tout beau, direz-vous. Mais le retour de Michel Therrien à la barre du Canadien se déroule à merveille jusqu'à maintenant.

Le «Therrien amélioré» est un entraîneur assagi, plus en contrôle de ses émotions, comme le souligne le vétéran défenseur Francis Bouillon, qui le connaît fort bien.

«Il faut dire que Michel n'a pas encore eu de raisons de piquer de crise, mentionne-t-il, en souriant.

«Mais ce que je remarque, c'est qu'il est plus détendu qu'avant et qu'il exerce un beau contrôle sur le groupe.»

Bouillon connaît Therrien depuis une vingtaine d'années, et il lui doit en grande partie son troisième retour au sein de l'équipe cette saison, à l'âge de 37 ans.

Il a joué sous ses ordres dans les rangs juniors à Laval et à Granby, où tous deux ont gagné la coupe Memorial avec les Prédateurs en 1996.

Leur relation s'est poursuivie dans l'organisation du Canadien, à Fredericton et à Québec, avant que Therrien ne le dirige au sein du grand club à son arrivée en 2001 jusqu'en 2003. Les voilà de nouveau réunis une dizaine d'années plus tard.

«Le Michel d'avant ne donnait jamais de «breaks» aux joueurs. Il pressait le citron. Le nouveau est plus calme et en contrôle, répète Bouillon. Il a su s'adapter à la nouvelle réalité des entraîneurs de la Ligue nationale. Il me fait penser à mon ancien entraîneur Barry Trotz, à Nashville. Ce n'est pas un hasard s'il est l'entraîneur des Predators depuis plusieurs saisons. On me dit que Dan Bylsma, des Penguins de Pittsburgh, a la même approche.»

Bylsma a remplacé Therrien à sa quatrième saison derrière le banc des Penguins en février 2009, quelques mois avant que les Penguins remportent la Coupe Stanley - à leur deuxième présence d'affilée en finale.

À l'époque, des joueurs avaient dénoncé, sous le couvert de l'anonymat, l'attitude intransigeante de Therrien ainsi que ses excès de colère.

Le recul de trois ans qu'il a pu s'accorder avant d'accepter l'offre du directeur général Marc Bergevin, l'an dernier, lui a été fort salutaire, on dirait.

On doit admettre qu'après la dernière saison de misère du CH, il lui a été facile de rallier un groupe des plus captifs autour de son projet de relance.

Sa plus grande réussite jusqu'à maintenant, c'est d'avoir bien vendu aux joueurs le concept d'équipe, en renforçant la notion d'imputabilité.

Donnons-lui le mérite, il a su profiter du contexte favorable dans lequel il s'est retrouvé.

Reste à savoir s'il gardera son sang-froid quand la situation se corsera ou que l'équipe connaîtra ses premières séquences d'insuccès.