En arrivant dans le stationnement du Joe Louis Arena dimanche matin, Shea Weber savait bien qu'il allait avoir une grosse cible dans le dos. Porter un chandail ennemi à Detroit, ce n'est jamais facile. Ça l'est encore moins quand on arrive ici dans le rôle du méchant.

Weber, bien sûr, est le capitaine des Predators de Nashville. Sauf qu'à Detroit, il est un peu plus que ça. Il est celui qui a pris la tête de l'attaquant Henrik Zetterberg avec sa main gantée, pour ensuite la pousser contre la baie vitrée à Nashville, lors du premier match de cette série entre les Red Wings et les Predators.

Mais Weber est aussi celui qui a marqué le premier but de son club, dimanche après-midi, quand les Predators ont surpris les Red Wings dans leur propre cour, remportant le troisième match par la marque de 3-2. Les gars de Nashville ont maintenant une avance de 2-1 dans cette série.

Après la rencontre, Weber ne semblait pas trop épuisé, ce qui est impressionnant pour un type qui a passé les trois périodes du match à se faire huer par les fans en rouge.

«C'est toujours difficile de jouer ici, je suis juste content qu'on ait obtenu la victoire», a-t-il fait savoir au terme du match, sa casquette jaune vissée sur la tête.

Weber n'avait pas trop le goût de revenir sur son coup de mercredi soir, pas trop le goût de jaser des huées et de ceux qui le montrent du doigt. «Les huées, ça fait partie du jeu. Peu importe. Je me suis concentré sur le match...»

Dans la LNH, ce premier tour des séries est marqué par la violence, et le choc entre Wings et Predators n'y fait pas exception. Dimanche à Detroit, le joueur le plus hué a été Weber, et le plus applaudi a été le gros Todd Bertuzzi, dont la réputation dans le domaine des tapes sur la gueule n'est plus à faire. Les Predators, eux, assurent qu'ils ont déjà tourné la page.

«On ne pense plus à cette histoire-là, a tenu à dire le défenseur Francis Bouillon. Ils ont réglé ça lors du deuxième match, Bertuzzi est allé se battre avec Weber, et ç'a fini là. C'est les séries, c'est toujours intense. Je me souviens que c'était intense aussi quand je jouais pour le Canadien. C'est tout le temps comme ça. C'est le genre de hockey que j'aime.»

Weber aura donc été le joueur marqué dimanche, mais c'est un autre type, un ancien du Canadien, qui a coulé les Wings avec le but de la victoire, à 16:30 de la troisième. Lors d'un deux contre un, Sergei Kostitsyn a eu la bonne idée de lancer, et le gardien Jimmy Howard n'a rien vu. Le but du jeune frère K a fait 3-1 Nashville.

«L'entraîneur me dit toujours de lancer plus souvent, a commenté Sergei après le match. C'est ce que j'ai fait. C'est probablement mon but le plus important dans la LNH.»

Après le match, Barry Trotz, coach des Predators, a lancé quelques fleurs au jeune Kostitsyn, que le Canadien a laissé tomber il y a presque deux ans. «On croit en lui, a fait savoir Trotz. Ce fut une bonne acquisition de la part de David (Poile, directeur général du club). Il a gagné en maturité, et il a adopté la philosophie de l'organisation. Il s'améliore de plus en plus.»

À n'en point douter, cette série oppose deux clubs qui ne se ressemblent pas du tout: les Wings d'un bord, avec toute l'histoire que l'on sait, et les Predators de l'autre, un club encore jeune, qui cherche un peu à se faire un nom. En tout cas, le gardien Pekka Rinne est en train de s'en faire un; dimanche, il a fait face à 43 tirs, pendant que ses coéquipiers ne lançaient que 22 fois. En troisième, le premier tir des Predators est survenu avec un peu plus de huit minutes à faire au match...

Mais la défense de la visite, menée par un certain Weber, a tenu le coup.

«Shea est un monstre, a ajouté Trotz. Les grands joueurs, quand il y a un peu d'adversité, un peu de controverse, ce sont eux qui se présentent et qui font une différence. Quand il est arrivé ici avant le match, il savait très bien qu'il n'allait pas être le gars le plus aimé dans la place. Mais il a fait ça en vrai pro.»

Le quatrième match de cette série aura lieu mardi soir à Detroit. On présume que Shea Weber va être hué du début à la fin. Encore une fois.