Non, ce n'était pas la joie dans le petit vestiaire des visiteurs, jeudi soir au Prudential Center. Remarquez, c'est rarement la joie dans un vestiaire du Canadien, mais jeudi soir, c'était encore un peu plus sombre que d'habitude.

D'un côté, il y avait Carey Price, visiblement défait, assez poli pour répondre aux questions mais assez fâché pour nous faire comprendre qu'il n'a plus le goût de répéter les mêmes choses. En face de lui, il y avait Josh Gorges, défait lui aussi, en train de fixer le sol en silence. Dans le corridor, il y avait ceux qui avaient choisi de s'habiller en vitesse et d'attendre dans le couloir, un peu plus près de l'autobus qui allait leur permettre de sortir de là au plus vite.

Si cette équipe y croyait encore, disons que la défaite d'hier soir a fortement miné le moral des troupes.

«Est-ce que c'est dur à avaler? Oui, c'est dur à avaler, a répondu Gorges. Ce sont des points qu'on doit pouvoir récolter.

«C'est frustrant, mais je pense qu'on méritait un meilleur sort.»

Tu y crois encore, Josh?

«On commence à manquer de temps... Mais je peux vous dire une chose: on va se battre jusqu'à la fin. Nous n'allons pas arrêter de nous battre.»

Carey Price n'avait pas le goût de commenter, mais il l'a fait quand même. Avec des réponses très courtes qui en disaient très long.

«Je crois que oui, on méritait un meilleur sort que ça. Je crois que oui, la rondelle ne semble pas bondir en notre faveur.»

Nous n'avons pas insisté.

Comme un vieux disque

Avant de quitter avec les autres, Max Pacioretty a tenté d'expliquer un peu ce qui venait de se passer sur cette patinoire ennemie.

«J'ai l'impression que je «sonne» comme un vieux disque qui est brisé, je dis toujours la même chose, mais c'est ça...

«On a un plan de match qui doit être appliqué pendant 60 minutes, mais on ne le fait pas. On dirait que ça arrive toujours comme ça. Est-ce que j'y crois encore? Oui, j'y crois encore. Mais j'ai l'impression qu'on vient d'échapper un match de quatre points. Ça va être plus difficile maintenant.»

Sur ces mots, Pacioretty a pris ses affaires et a suivi les autres vers l'autobus.

En sortant du vestiaire, on avait préparé pour les joueurs des sandwichs emballés dans du papier blanc. Des sandwichs tout à fait ordinaires, le genre que l'on offre aux équipes qui jouent dans n'importe quelle ligue de garage du Québec.

Sandwichs ordinaires pour club ordinaire, en quelque sorte. Il n'y a pas de hasard dans la vie.