En cette époque où les joueurs qui passent toute leur carrière avec le même club se comptent sur les doigts d'une main, jouer contre son ancienne équipe n'a plus le même cachet qu'autrefois. On peut dire néanmoins que le cas d'Erik Cole constitue une exception à la règle.

Après tout, l'attaquant de 33 ans a disputé 557 matchs avec les Hurricanes. Si on fait abstraction de sa courte mésaventure à Edmonton avec les Oilers, Cole a passé toute sa carrière en Caroline, de 2001 à l'hiver dernier, avant de décider de s'amener à Montréal cet été.

Et voilà que Cole affrontera ses anciens coéquipiers des Canes, mercredi soir, au Centre Bell. Pour la première fois dans l'uniforme tricolore, la deuxième fois en tout.

«Je n'irais pas jusqu'à dire que ce sera un match spécial. Mais je suis sûr que je vais envoyer quelques messages-textes à d'anciens coéquipiers, a indiqué Cole après la séance d'entraînement de mardi à Brossard, quelques heures avant que les joueurs des Hurricanes n'arrivent à Montréal. Je connais un bon petit restaurant italien où je compte les inviter pour la soirée (mardi). On va se raconter des histoires, avoir du plaisir et voir les enfants.

«Et je vais sans doute offrir une bonne cagnotte aux gars (du Canadien) pour la victoire... Contrairement à certains, qui ne donnent rien quand l'équipe affronte les Sabres», a par ailleurs lancé Cole, pince-sans-rire, à l'intention de son voisin de vestiaire, Brian Gionta.

«Je viens de Rochester, c'est pas la même chose que Buffalo!», a protesté le capitaine du ch, en jouant le jeu.

«Vous les New-Yorkais de l'Ouest, vous êtes tous détestables!», a rétorqué à la blague Cole, qui est originaire d'Oswego, dans la région bien distincte... du centre de l'État de New York.

Cole s'attendait d'ailleurs à livrer ce genre de partie verbale avec quelques-uns des joueurs des Hurricanes, mercredi soir, sur la patinoire du Centre Bell.

«Je suis pas mal amical et volubile sur la glace, alors je suis certain que je vais avoir bien des choses à leur dire, a reconnu Cole. Ce sera plaisant de jouer contre des gars que je connais vraiment bien, et de me retrouver avec l'équipe d'en face après avoir joué de nombreuses années à leurs côtés.»

Eric Staal, un autre qui n'a pas la langue dans sa poche, devrait s'avérer l'une de ses cibles favorites.

«C'est un très bon ami et je suis certain qu'on s'échangera de nombreuses boutades, a noté Cole. Il y avait plusieurs joueurs aux noces d'Andrew Ladd, cet été, et Eric a alors bien averti Cam Ward qu'il fallait à tout prix qu'il ne me laisse pas marquer. Il risque donc d'y avoir un petit match à l'intérieur du match.»

Le 1er novembre 2006, avec les Oilers, Cole a été blanchi avec un différentiel de plus-1 lors d'une rencontre disputée en Caroline.

«Je m'étais alors rendu à l'aréna comme visiteur et c'était une sensation très différente, a indiqué le numéro 72 du Tricolore. Le fait de devoir aller du côté opposé de l'aréna, de ne pas avoir passé la nuit dans mon propre lit... La sensation était différente.

«Mais reste que tu es là pour remporter le match, à l'image de tous les autres d'ailleurs puisque tu veux gagner chaque match. C'est là quelque chose qui ne change pas vraiment d'une rencontre à l'autre.»

Aux deux tiers

Cole a par ailleurs enfilé son deuxième but en avantage numérique de la saison, lundi, alors qu'il ne participe pourtant pas au jeu de puissance depuis très longtemps.

Comme il le souligne lui-même, il est déjà rendu aux deux tiers de sa production - fort médiatisée - de l'an dernier à ce chapitre, soit trois.

Cole a hésité à donner un éclairage sur cette statistique qui, sans doute, illustre à quel point certains chiffres peuvent être trompeurs. Mathieu Darche, un autre joueur qui se distingue par sa volonté à se placer devant le filet adverse, l'a fait à sa place.

Comme l'a fait remarquer Darche, le joueur qui est appelé à se placer devant le gardien adverse dans de telles circonstances est souvent celui qui a le moins de chances de récolter des points... à moins qu'il ne touche au disque au passage. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne fait pas son travail s'il ne parvient pas à faire dévier la rondelle.

En fait, jouer ce rôle est beaucoup plus complexe que bien des gens ne le croient, a rappelé Darche.

«Bien des gens pensent qu'il suffit de rester là mais ce n'est pas vrai, a-t-il expliqué. Parce que si la rondelle s'en vient et que tu te tasses dans un coin, le gardien va voir le tir. Tu ne devrais jamais te tasser pour dévier une rondelle. Si tu te tasses, le gardien va faire l'arrêt.

«Le meilleur dans ce rôle, selon moi, c'est Tomas Holmstrom à Detroit, a ajouté Darche. Les trois quarts du temps, quand il marque, c'est parce que la rondelle le touche au passage.

«(Cole) fait du bon boulot à ce niveau-là, surtout dernièrement. Il reste là, a par ailleurs dit Darche de son coéquipier. Je dirais même qu'il est notre meilleur attaquant depuis quatre ou cinq matchs.»