Au moins, on ne pourra jamais dire que Scott Gomez n'est pas honnête.

Il y a des joueurs qui auraient préféré se cacher sous le tapis du vestiaire après avoir fini la saison régulière avec seulement 7 buts et 31 passes. Il y a des joueurs qui auraient trouvé toutes sortes d'excuses. La faute à une blessure, la faute au coach, la faute au gaz de schiste.

Mais Scott Gomez n'est pas de ceux-là. En fait, le plus mal-aimé des joueurs du CH reconnaît que sa saison 2010-11 a été assez ordinaire merci.

«Qu'est-ce que je peux dire de plus? Je n'ai jamais connu une saison comme celle-là, a commencé par dire l'attaquant de 31 ans après l'entraînement d'hier à Brossard. Je blaguais récemment avec mes parents là-dessus... Mais la saison régulière est terminée et c'est le temps de remettre les compteurs à zéro.»

Ce type est évidemment une cible facile. C'est ce qui arrive quand vous avez des statistiques de plombier pour aller avec un contrat de super vedette. Gomez a entendu des huées, il a entendu les critiques, ce que les gens disaient à son sujet. «Je n'ai jamais rien vécu de tel. J'ai beaucoup appris. Les gens regardaient la feuille des statistiques et ils me demandaient ce qui se passait. Je savais que ça allait mal, mais je ne savais pas que ça allait si mal...»

Et qu'est-ce qui est allé si mal, au juste?

«Eh bien, c'est ça le problème: je ne le sais pas. Je ne sais pas ce qui s'est passé cette saison. Ce serait facile de dire, bon, je n'étais pas en forme, j'étais blessé, mais ce ne fut pas le cas. Je ne suis pas capable de mettre le doigt dessus, honnêtement. C'est comme Chuck Knoblauch quand il n'était plus capable de lancer la balle au deuxième but...»

Est-ce une question de confiance, alors? Après tout, Gomez a reconnu qu'il était parfois hésitant en voyant un filet désert devant lui en fin de match... «Non, ce n'est pas ça. Ce fut une de ces années, c'est tout. J'aimerais pouvoir être capable de l'expliquer.»

Quand l'enjeu est grand

La bonne nouvelle pour Scott Gomez, c'est que les séries du Canadien commencent demain. Au hockey, il y a ce vieux cliché des séries comme une «nouvelle saison», ce moment de l'année où l'on jette toutes les statistiques par la fenêtre (un autre cliché, désolé), ce moment où l'on sépare les hommes des enfants (décidément...). Et c'est un moment de l'année que Gomez adore.

Au cours des cinq derniers printemps, l'Américain a disputé 56 matchs des séries... et a récolté 53 points. Ça veut dire que le joueur de centre joue mieux quand l'enjeu est grand.

«Il n'y a pas de secret, pas de bouton que l'on peut activer comme par magie, a-t-il répondu. Des gars comme Lemieux, Gretzky et Doug Gilmour arrivaient à le faire, mais je ne suis pas comme eux. Je pense que ça revient simplement au travail. Il faut travailler fort en séries. En même temps, les séries, c'est pour ça qu'on est ici. C'est pour ça qu'on joue au hockey. C'est un honneur que de jouer pour le Canadien de Montréal en séries.»

C'est toute la beauté du hockey, par ailleurs: un type peut être ordinaire pendant un calendrier de 82 matchs, il peut être la cible de blagues faciles en raison de son énorme salaire, mais vous savez quoi? Tout ce que Scott Gomez a à faire contre Boston, c'est de produire. De redevenir le Gomez d'il y a un an, celui qui avait récolté 14 points en 19 matchs alors que le Canadien, contre toute attente, avait atteint la finale d'association.

À quelques heures du début de la série à Boston, on parle beaucoup de Carey Price. Mais Scott Gomez pourrait jouer un rôle important lui aussi. Le Canadien a beaucoup donné aux Rangers pour aller le chercher il y a deux ans. S'il est un membre du Canadien, c'est pour des moments comme ceux-ci, face à de vieux rivaux que l'on croit supérieurs.

Ce n'est pas tout le monde qui a la chance d'effacer sept mois horribles au bureau. Scott Gomez a cette chance. À lui d'en profiter.