Jacques Lemaire est bien conscient de l'exploit qu'il a réalisé en sauvant la saison des Devils du New Jersey. Il est aussi très fier de ce qu'il a accompli avec ses adjoints Larry Robinson et Adam Oates. «C'est très glorifiant», a convenu Lemaire avec un sourire espiègle.

Les Devils croupissaient dans la cave de la LNH lorsqu'il a hérité, le 23 décembre dernier, d'une équipe en plein désarroi et d'une fiche de neuf victoires, 22 revers et deux autres défaites en prolongation. Des cadeaux qui ne figuraient pas sur la liste envoyée au Père Noël.

Il a eu besoin de huit matchs (une victoire, sept défaites) pour remettre les choses en place. Mais quand le vent a tourné, il a tourné pour de bon comme le confirme la fiche de 26 victoires, sept revers et trois défaites en prolongation ou tirs de barrage depuis le 9 janvier. Une fiche qui a perdu de l'éclat avec les cinq revers encaissés lors des huit parties qui ont précédé l'affrontement face au Canadien samedi.

Reviendra, reviendra pas?

Maintenant que les Devils sont éliminés des séries, toutes les questions posées à Lemaire sont reliées à son retour espéré, mais non confirmé, derrière le banc l'an prochain.

Vendredi, après la victoire de 4-2 de son équipe aux dépens des Flyers de Philadelphie, Lemaire s'est fait demander 10 fois plutôt qu'une, s'il prolongerait son troisième séjour à la barre des Devils. Il s'est contenté de sourire.

Samedi matin, les mêmes questions sont tombées. L'entraîneur-chef a répondu avec les mêmes sourires accompagnés de petites remarques brèves et floues.

«Je jouais au golf en Floride lorsque Lou m'a appelé. J'étais à la retraite. Je n'ai pas pu lui dire non. Je ne le regrette pas du tout, car c'est une expérience très enrichissante d'avoir réalisé ce qu'on a réalisé. Je souhaiterais ça à tout coach de hockey», racontait Lemaire à La Presse vendredi.

Mais cette satisfaction pourrait-elle repousser encore un peu plus, une retraite déjà bien méritée? À 65 ans, Lemaire était en quête d'une 616e victoire dans le cadre de son 1258e match en carrière derrière le banc. Un match de moins et 18 victoires de plus que Jacques Martin l'entraîneur-chef du Canadien.

«Je ne peux pas répondre encore. Arrêter de coacher c'est la même chose qu'arrêter de jouer. Tu dois y penser longtemps avant de décider. Tu dois te demander si tu as encore du plaisir à faire ce que tu fais, de la passion pour y arriver. Si le physique va suivre et te permettre de passer au travers des voyages. La réponse va venir, mais juste à la fin de la saison», a indiqué un Lemaire beaucoup plus loquace en français qu'il ne l'avait été en anglais avec les collègues du New Jersey.

Lorsqu'on a demandé à Lemaire s'il serait capable de dire non à son patron et grand ami Lou Lamoriello, qui en plus de se croiser les doigts pour le convaincre, lui signera un chèque en blanc, le vieux renard s'est une fois encore réfugié derrière un sourire...

Beaucoup de travail

Bien que très satisfait du travail accompli, Lemaire reconnaît qu'il en a bûché un coup pour replacer les choses au New Jersey.

«On a tout changé. De A à Z. J'ai passé tellement de temps à remettre cette équipe sur les rails que je n'ai jamais vraiment réalisé l'ampleur de nos succès. À un moment donné, j'ai demandé aux gars combien ça faisait de matchs de suite qu'on gagnait», assurait Lemaire samedi matin.

Les Devils ont gagné 23 des 28 matchs (23-3-2) disputés entre les 9 janvier et 15 mars. Rien de moins.

Comment a-t-il réussi pareil exploit avec la même équipe moribonde en début de saison? Une équipe décimée par les blessures en plus?

«En répétant les mêmes affaires tous les jours. On avait deux réunions d'équipe par jour. Et j'ai fait comprendre aux gars qu'il y en aurait plus encore s'ils ne s'appliquaient davantage à comprendre leurs rôles, à les remplir, et à bien jouer au hockey. On les a fait travailler tout en les gardant excités. On a fait une bonne job. Mais ça ne nous a pas empêchés de perdre deux fois contre Ottawa. Une équipe qu'on aurait pu et dû battre. Comme quoi, tu ne peux jamais rien prendre pour acquis avec la parité qui existe aujourd'hui dans la LNH», a conclu Lemaire avant de balayer du revers de la main une dernière question reliée à son avenir.

«Vous allez le savoir à la fin de la saison...»